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Quand nous avons refermé la porte d'entrée de chez les Maxwell derrière nous, nous n'avons pas allumé les lumières. J'ignore encore pourquoi – sans doute par crainte de réveiller Karen et Mary – mais ça n'était pas plus mal. J'appréciais l'obscurité, la silhouette à peine percevable d'Andrew en face de moi. Le silence. Andrew s'est retourné un instant pour me sourire avant de retirer sans faire de bruit ses fameuses Stan Smith. Je l'ai imité.

Puis, bien que notre proximité était tout juste mesurable, le garçon que j'aimais s'est approché. Il a surtout amené sa main à la mienne, la privant doucement de sa liberté, mêlant nos doigts encore rafraîchis par l'air nocturne duquel on revenait. L'air avait un goût de friture bien anglais, mais j'aimais ça. Rien ne semblait avoir la capacité de me détacher du nuage sur lequel j'étais à ce moment-là. Alors qu'Andrew m'emmenait vers l'escalier, je n'ai pas cessé de le regarder. Il n'y avait plus que lui parce que j'en étais amoureux.

— Je t'aime, ai-je lâché sans m'en rendre compte.

Mon cœur s'est mis à accélérer sans prévenir. Surtout que mes mots n'avaient pas étés si discrets. Je n'avais pas crié mais... n'avais pas chuchoté non plus. C'était comme ça, c'était fait. Je me réconfortais sur le fait que je n'avais au moins pas menti. Mais qu'en pensait-il, lui ? J'ai osé le regarder. Sa bouche à demi ouverte et ses yeux vifs dévoilaient sa surprise. Je l'ai examiné, attendant probablement une réponse. Jusqu'à ce qu'il se retourne sans rien dire, avec seulement un sourire frôlant ses lèvres. Je me suis demandé s'il m'aimait vraiment.

Ses doigts – qui tenaient encore les miens – se sont affirmés contre ma peau, la serrant davantage. Nous sommes alors arrivés en haut de l'escalier, avons traversé le palier jusqu'à la porte de sa chambre, qu'Andrew a ouverte dans la plus grande discrétion. Je l'ai refermée, tentant de faire de même. Puis il s'est retourné, et j'ai encore admiré son visage doux, calme, heureux. Serein. Après ça, il m'en a empêché, se rapprochant à une vitesse folle jusqu'à venir plaquer ses lèvres sages contre les miennes, envieuses. Douces, et un peu humides, je m'y mêlais sans hésiter. Je sentais mon cœur menacer de percer ma peau tant il battait fort. Je me plongeais dans ce baiser, laissant l'obscurité totale causées par mes paupières closes me laisser apprécier le reste. Un frisson m'a parcouru. Sa main large, délicate, s'est glissée sur le bas de mon dos, m'attirant à lui. Le blond a soulevé légèrement mon t-shirt afin que nos peaux ne fassent qu'une. Je fondais. C'était bien plus que des papillons. Tellement plus. Ressentait-il au moins la même chose ? Appréciait-il, lui aussi, cette sensation de liberté, d'abandon à l'autre ? J'espérais que oui. J'aimais ce laisser-aller presque inconscient, le goût de sa langue sur la mienne, et le puissant parfum de vanille. Mes doigts hasardeux exploraient sa nuque brûlante, allant parfois s'introduire entre ses mèches blondes éparses que je caresserais jusqu'à la fin des temps s'il me le permettait. J'ai pensé que ni Connor, ni le mec en polo rose, ni même rien ou personne sur cette Terre pouvait nous priver de ce moment qui n'était que le nôtre. J'ai serré Andrew contre moi parce que j'en voulais plus. Mais quelques secondes plus tard, il s'est écarté doucement. J'ai laissé une main sur son torse, l'autre dans ses cheveux de miel. Il a souri avant de descendre lentement dans mon cou ardent. Ses lèvres, pas moins désireuses, se sont appuyées contre ma peau. J'ai soupiré, presque discret. Je n'avais jamais rien ressenti de tel. La sensation était immense. J'ai serré ses cheveux, et glissé mon nez contre sa peau. Andrew était le paradis.

*

— Tu sais, Léonard, je repense souvent au début, a murmuré Andrew. Quand tu es arrivé.

Allongé sur son torse, je me laissais bercer par le mouvement que formait sa respiration lente. Le blond était apaisé. J'aurais aimé l'être aussi mais les questions ne quittaient pas ma tête. Le regard vers le haut, j'allais d'étoile en étoile, de monde en monde, de planète en planète. L'air nocturne était doux ; il caressait mon visage.

Nous étions ainsi depuis quelques minutes seulement, sur l'espèce de balcon d'Andrew qui n'en est vraiment pas un. Je ne sais simplement pas comment on appelle ça. C'était la fenêtre de sa chambre qui nous en permettait l'accès. Il suffisait d'escalader le rebord, et nous arrivions au-dessus de la salle-à-manger. Un espace assez large, à l'abri des regards grâce au muret qui l'entourait. Le revêtement était plein de poussière, mais je crois qu'on s'en fichait.

— Ah oui ? ai-je répondu dans un murmure.

Au loin, un coucou s'est joint à la conversation. La lune semblait quant à elle nous observer, de là-haut. J'ai pensé qu'elle seule pouvait savoir tout ce qu'il se passait sur Terre. Les moindres petites choses, les moindres secrets. Comme les nôtres, par exemple. Même si une part de moi se doutait que Karen en avait elle aussi connaissance. Et puis, Brooke. Andrew lui disait tout.

— En fait, ça a commencé bien avant.

— Comment ça ?

Je l'ai entendu sourire nerveusement. Mais il ne fallait pas ; j'aimais qu'il me raconte ces choses-là.

— Quand on a reçu ta fiche de présentation, j'y ai jeté un coup d'œil.

Il a marqué une pause, alors que je déglutissais. La honte.

— Pas mal, la photo.

— Tu te moques, hein ?

— Non, pas du tout.

D'un coup, je me suis retourné. Sur le ventre. Face à lui. A seulement quelques millimètres de son visage.

Bon sang, qu'il était beau.

— Je sais que tu te moques.

Il m'a fait taire d'un baiser. Rien qu'un seul, mais ça m'allait.

— Non.

— Je veux bien te croire à une condition, alors.

J'ai haussé un sourcil, plein de malice.

— Ah bon ?

Mon indexe est venu s'hasarder sur les lèvres patientes du blond.

— Répond à mes questions.

***

Ce chapitre fait mille mots tout pile, c'est incroyable. En tout cas, j'espère qu'il vous a plu ;)

A bientôt,

Faustine.

***

Les pièces de théâtre ne se lisent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant