BA : Protection ~ Minbin

Chapitre 70

Les larmes finirent par se tarir, Minho n'était plus qu'un petit corps tremblant, recroquevillé contre Changbin.

Ce dernier, sentant Minho plus calme, l'incita à se lever pour l'emmener s'installer dans un coin moins passant, ou ils gêneraient moins les piétons.

Ils ne firent que quelques pas, s'asseyant sur le muret grillagé d'une propriété.

Changbin s'écarta un tout petit peu de Minho pour pouvoir lui faire face.

Son cœur se serra.

Minho avait l'air si minuscule, si anéantit.

Il était là, les mains s'accrochant à la jambe et à la veste de Changbin, ses épaules affaissées, le regard mouillé et perdu regardant fixement le sol et les tremblements qui prenaient encore possessions de son corps.

Changbin avait envie de l'embrasser partout, de le noyer sous son amour, de le chatouiller, n'importe quoi pourvu qu'il sourît parce qu'actuellement Minho avait l'air de plus jamais pouvoir esquisser ce geste.

Mais Changbin avait aussi envie de le prendre par les épaules pour le redresser, de le prendre entre quatre yeux et lui dire que qu'importe ce qu'il c'était passé, rien ni personne n'avait le droit de le mettre dans un état pareil.

Il ne fit rien de tout cela.

-Minho, tu veux bien me dire ce qu'il s'est passé ? Demanda doucement Changbin.

Ces paroles mirent du temps à parvenir au cerveau de Minho, comme si le chemin était obstrué par un brouillard trop dense.

Quand il comprit enfin les paroles de son crush, Minho déglutit péniblement.

Il ne voulait pas raconter, il ne l'avait même jamais fait, enfin pas entièrement, c'était toujours Jisung qui se chargeait de cela.

-S'il te plait Minho...

Qu'est-ce que Changbin pouvait ajouter de plus ?

Les paroles c'étaient bien beau mais le vent les emportait facilement.

-Avant j'étais...

La voix de Minho était enrouée à force d'avoir pleuré.

Il se tut, déglutit, reprit péniblement.

-Avant j'étais pas comme ça... Avant j'étais confiant, je me faisais remarquer parce que je parlais ou riais trop fort, je me fichais de ce que les autres pouvaient penser de moi, je vivais ma meilleure vie en étant moi-même avec mes amis... Et puis...

Une larme roula sur sa joue, Minho s'empressa de l'essuyer.

-Et puis en seconde j'ai découvert que j'aimais les hommes... Et ça à rien changer pour moi, je m'en foutais totalement ! Qu'importe toute l'homophobie dont on avait fait preuve autour de moi, je m'acceptais et je pensais que c'était le plus important, que si les autres me voyaient m'accepter ils ne pourraient pas me critiquer. Alors j'ai continué ma petite vie, j'ai fait mon coming-out à mes potes quand le moment s'y prêtait et je draguais les garçons qui me plaisais. Je me suis fait de nouveaux amis gays, j'ai eu quelques expériences, je vivais ma vie d'adolescent comme tous les autres sauf que j'allais vers les garçons, c'était la seule différence ! Mais j'ai dû draguer la personne de trop...

-... On s'est mis à parler sur moi, j'étais gay, la nouvelle à fait le tour de ce petit monde. Je sentais leurs regards, j'entendais leurs chuchotis et je les voyais se décaler mais je m'en fichais encore à ce moment-là, je continuais de parler fort, de rire à gorge déployé avec mes amis, à vivre ma petite vie comme je l'avais toujours fait. Mais petit à petit la nouvelle à prit de l'ampleur, ce n'était plus seulement quelques élèves de seconde qui étaient au courant mais pratiquement tout le lycée ! C'était arrivé aux oreilles de terminale qui ne voyaient même pas qui j'étais mais qui savaient déjà ! Mais là encore j'en avais rien à faire, après tout ce n'était pas la première fois que j'étais sujet à des bruits de couloir, et ce qui se disaient été vrai donc je n'avais rien à dire, ça passerait de lui-même...