C H A P I T R E 3

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— Tu imagines ? s'exclame Joy. En plus de ça, je crois qu'il est célibataire, c'est comme un signe du destin pour me dire que c'est le garçon que j'attendais ! Et toi, comment tu le trouves ? J'ai besoin de ton avis.

— Il a l'air vraiment gentil, dit-il en essayant de retenir les tremblements dans sa voix.

Mais Joy n'y voit que du feu, bien trop occupée à lui parler d'Oliver. Et c'est mieux comme ça, il ne veut pas qu'elle lui pose de questions à propos de son changement d'humeur.

— Je vais aux toilettes, lance t-il d'un coup, tu me gardes une place ?

Elle hoche de la tête alors qu'elle s'engouffre dans la salle. Quant à Charlie, il fonce aux toilettes et s'enferme dans une cabine. A peine est-il assis sur la cuvette qu'il passe ses mains sur son visage, faisant s'échapper les larmes. Il les laisse ravaler sur ses joues, sachant que dans la salle noir, sa sœur ne verra rien. Il essaie tant bien que mal de retenir un sanglot, alors qu'il se tape à plusieurs reprises le front à l'aide d'un de ses poings.

Il se sent tellement stupide d'agir comme un enfant. Il savait très bien qu'il n'aurait pas eu ses chances, ils ne se connaissent même pas et jamais il n'aurait eu le courage d'aller lui parler. Alors pourquoi est-ce que il réagit comme ça ? Il se trouve pathétique, au lieu d'être heureux pour sa sœur, il se retrouve à pleurer comme un gamin dans des toilettes. Et puis, des garçons, il y en aura d'autres, non ? Il ne doit pas pleurer comme ça, parce que celui pour qui il avait eu un coup de cœur, est inaccessible.

Dans un élan de lucidité, il souffle un coup et essuie les marques des pleurs sur ses joues, et sort des toilettes. Il est bien décidé à ne plus regarder Oliver le midi, il fera tout son possible pour oublier le peu qu'il connait de lui, et laisser sa sœur avoir sa chance.

En sortant des toilettes, il se rend directement dans la salle où se trouve sa sœur. Il la trouve rapidement, à l'aide de ses cheveux tout aussi roux que les siens, et va s'asseoir à ses côtés. Elle lui lance un grand sourire avant de s'empiffrer de pop-corn. En temps normal, Charlie se serait aussi jeté dessus, mais pas cette fois-ci. Son ventre est noué, et il a l'impression que si jamais il mange quelque chose, il serait capable de le vomir.

Il remercie silencieusement les personnes travaillant ici quand les lumières s'éteignent, car maintenant, il n'a plus besoin de faire semblant de sourire devant sa sœur. Pendant le film, il avait tout son possible pour se concentrer sur les images qui passaient devant ses yeux, mais il n'arrivait pas à ôter le magnifique sourire d'Oliver de sa tête. Jamais il n'aurait imaginé se trouver aussi près de lui un jour.

Lorsqu'il sorte de la salle de cinéma, Joy est encore en train de picorer du pop-corn qui se trouve au fond du paquet. Elle sourit de toutes ses dents alors qu'elle précise à son jumeau ses moments préférés du film. Charlie l'écoute d'une oreille, et se contente de hocher de la tête par moment, pour lui montrer qu'il est concentré sur ce qu'elle dit.

— Et puis, quand on apprend qu'au final, le professeur n'est pas mort, j'ai cru que j'allais devoir le tuer moi-même, tu imagines ? Si ja- Hey, Oliver !

Sa sœur s'est coupée en plein sa tirade pour saluer Oliver, qui se trouvait derrière un comptoir. Les jumeaux marchent alors dans sa direction, Oliver les attendant tout souriant.

— Dites-moi, vous en avez pensé quoi du film ? les interroge le garçon aux yeux dorés.

Joy commence à lui dire tous ce qu'elle a aimé et ce qu'elle n'a pas aimé, et Oliver vient parfois la contredire sur certaines opinions.

— Et toi ? lance d'un coup Oliver, tu en as pensé quoi, Charlie ?

Le concerné lève son regard et tombe de suite sur celui d'Oliver. Comme à son habitude, un sourire est peint sur son visage, alors qu'il attend sa réponse.

— J'ai bien aimé, se contente t-il de dire.

— OK, c'est cool ! lui répond-il, tout souriant.

Joy s'incruste dans la conversation, empêchant Oliver de parler plus avec son jumeau.

— Bon, lance Joy, on va devoir y aller, mon cher jumeau doit encore cuisiner !

— Ton jumeau, ou ton esclave ? demande en rigolant Oliver.

Charlie sent ses joues devenir rouges, gêné d'être au centre de l'attention.

— Je dis ça parce que je suis une catastrophe en cuisine, avoue Joy, les yeux rivés sur Oliver, et Charlie ici présent, est un véritable chef. Si tu pouvais goûter son hamburger végétarien, accompagné de ses frites maison, tu voudrais venir emménager avec nous.

— J'espère avoir la chance de goûter ça un jour, dit-il, tout en regardant Charlie, qui avait toujours les yeux rivés sur le sol.

Après une salutation de la main, Joy et Charlie sortent du cinéma, et commencent à marcher jusqu'à la bouche de métro la plus proche. Charlie a enfin l'impression de pouvoir respirer à nouveau, comme si son cœur était en apnée depuis le début de la soirée. Il n'a pas l'habitude de ressentir des choses, alors tout ce mélange d'émotions fortes l'ont chamboulé, et il n'aime pas du tout ça. Il aurait grandement préféré rester à l'appart', et ne pas se lever de son lit de la soirée. Parce que, maintenant, il sait qu'il n'a aucune chance avec Oliver, même s'il s'en doutait déjà avant. Il n'y a que la vérité qui blesse, non ?

Quant à Joy, elle a toujours les yeux qui pétillent, et ses pensées sont toutes rivées sur son beau collègue. On pourrait la prendre pour une collégienne, avec son premier coup de cœur, mais elle s'en fiche. Ca fait un moment qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien et aussi à l'aise avec un garçon. Il arrive à la faire rire, et elle est tombée sous le charme de son sourire. Et puis, savoir que son frère approuve son choix l'a rend heureuse. Elle espère secrètement que les deux garçons s'entendront bien dans le futur.

Quand ils arrivent chez eux, Charlie ne se sent pas d'attaque à cuisiner, lui qui d'habitude se jette sous les fourneaux pour concocter un bon plat.

— Dis, Joy, ca te dérange de te préparer des pâtes pour ce soir ? Je me sens pas super bien, je vais pas manger.

— Nan, pas du tout, mais ca va, toi ? s'inquiète t-elle. Tu veux que je te prépare une tisane ?

— T'inquiète pas, j'ai juste mal au ventre.

Et au cœur...

— Je vais juste aller me coucher, c'est sûrement la fatigue qui me fait ça.

Sa sœur s'approche de lui et pose sa main sur son front, et souffle de soulagement quand elle ne sent pas de chaleur inquiétante.

— OK, n'hésite pas à me dire si tu as besoin de quoi que ce soit.

Charlie la serre brièvement dans ses bras, après l'avoir prévenu qu'il va prendre une rapide douche.

Lorsqu'il sent enfin l'eau chaude couler sur son corps, il sent ses épaules s'affaisser, et son masque glisser. Et dire qu'il pensait ne jamais avoir besoin de le remettre, il s'était trompé... Mais il ne doit pas se lamenter, sa sœur est heureuse et c'est tout ce qui compte.

Quand il sort de la douche, il part dans sa chambre, tout en vérifiant d'un coup d'œil que sa sœur ne brûle rien. En se laissant tomber sur son lit, il sent ses yeux se fermer tout seul, et ce n'est que maintenant qu'il remarque qu'il est vraiment fatigué. Il espère sincèrement qu'après cette nuit de sommeil, son cerveau, ainsi que son cœur, vont oublier Oliver. Et même s'il en n'a pas envie, il sait que c'est la chose à faire.

Charlie Boy [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant