F L A S H B A C K

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Deux semaines.

Deux semaines que sa mère est morte. Les médecins disent qu'ils ne comprennent pas pourquoi son état s'est dégradé si vite, alors qu'il lui restait encore des mois à vivre, malgré son cancer, mais Charlie sait. Il le sait, car il en est la cause. Il se sent tellement coupable qu'il ne dort plus, mange peu, et ne sort de chez lui que pour aller faire des courses.

Cela remonte maintenant à cinq semaines. Ça a été surement sa plus grosse dispute avec sa mère, et rien que d'y penser, ça lui donne envie de s'enfoncer des mètres sous terre. Son petit-ami de plus d'un an, Jackson, venait de le quitter, car il lui avait avoué qu'il avait une petite-amie, et qu'il ne souhaitait plus la tromper. Bien entendu, Charlie n'était pas au courant, de cette fille, et cette rupture l'a énormément impacté. Il a pleuré pendant des jours, seul, dans sa chambre, et quand il en a parlé avec sa mère pour la première fois, c'est là que la chute a commencé. Elle lui avait dit qu'elle ne l'avait jamais vraiment apprécié, qu'elle savait qu'il lui ferait du mal, qu'elle l'avait toujours prévenu sur son cas et qu'il est mieux sans lui, mais Charlie ne l'entendait pas de cette oreille. Lui, tout ce qu'il souhaitait, c'était se réfugier dans ses bras et entendre ses mots rassurants, mais au lieu de ça, il est parti de chez lui pour aller marcher, laissant sa mère seule après leurs mots blessants échangés.

Et depuis ce jour, tout s'était dégradé petit à petit. Sa mère était de plus en plus faible, constamment triste, et même si elle continuait son traitement, il ne lui servait plus à grand-chose. Elle avait eu du mal à renouer un contact avec son fils adoré, et ca lui brisait le cœur de le voir comme ça. Elle ne s'en était pas rendue compte, mais la tristesse de son fils avait un impact important sur son état. Mais ça, Charlie l'avait remarqué. Elle a été transférée à l'hôpital alors qu'elle s'était évanouie dans leur salon, devant ses deux enfants. Et c'est là que les médecins ont achevé la famille : Charlie et Joy devaient profiter un maximum de leur moment, car il lui restait très peu de temps.

Charlie n'a pas arrêté de s'excuser, pleurant dans les bras de sa mère. Il s'en est rendu compte, il n'est pas stupide, que c'était à cause de cette situation que l'état de sa mère est devenu de pire en pire. Mais elle ne lui en a pas voulu, jamais, et ses derniers mots pour lui ont été ceux-là :

« Je ne t'en veux pas, Charlie, ce n'est pas de ta faute si je suis malade. Tu es le meilleur fils qu'une mère puisse souhaiter, et ce n'est pas cette dispute qui me fera changer d'avis. Et je ne veux pas que tu t'en veuilles, parce que je te connais, tu vas le faire. Alors, si de là-haut, je te vois te morfondre, je vais redescendre vite et te botter le derrière. Tu es fantastique, et je t'aime de tout mon cœur, mon poussin. Prends soin de ta sœur, d'accord ? »

Il était resté encore un peu avant de sortir pour aller prendre l'air, laissant le temps à Joy de passer un moment seule avec leur mère. Mais à son retour, c'était trop tard, elle était déjà partie. Il avait simplement serré fort Joy dans ses bras et pleuré avec elle, essayant déjà de repousser le sentiment de culpabilité de sa poitrine, pour lui avoir volé quelques mois avec leur mère.

Et encore maintenant, alors que cela fait cinq semaines, il se sent horrible. Sa rupture avec Jackson, ce garçon qu'il aimait tant et pour qui il aurait pu faire n'importe quoi, la mort de sa mère et la culpabilité qu'il ressent, le malheur de sa sœur, le sien... Les jours passent, et il a l'impression qu'ils se ressemblent tous. Il dort à peine, la nuit, si ce n'est pas du tout.

Et il n'en peut plus. Il n'y arrive plus. Il ne le supporte plus. Tout ce qu'il veut, c'est dormir, pendant des heures, des jours, des mois. C'est pour ça que, un soir, alors que sa sœur est sortie pour prendre l'air, comme elle a l'habitude de faire pendant quelques heures quand le silence dans la maison devient trop pesant, il se rend vers la pile de médicaments qui appartenaient à sa mère. Il reste encore des plaquettes d'un somnifère puissant qu'on lui avait administré si elle n'arrivait vraiment pas à s'endormir, au bout de plusieurs jours. Et Charlie prend une pilule. Puis deux, puis plusieurs autres qu'il en perd le fil. Il veut juste dormir. Il est tellement fatigué...

Charlie Boy [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant