C H A P I T R E 10

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— Après ça, j'ai une petite sœur, leur apprend Oliver, Erin, elle a seulement deux ans de moins que moi.

— Et moi je suis fille unique, au grand dam d'Oliver ! Je venais tout le temps chez lui quand on était ado, juste pour lui casser les pieds.

— Et vos parents, ils sont toujours là-bas ? demande Kyle, intéressé.

Charlie sent une boule grimper dans sa gorge, alors qu'il prie pour qu'aucun de ses nouveaux amis ne lui pose une question sur ses parents.

— Oui, nos parents sont toujours au Pays de Galles, répond Oliver. C'est nous qui avons voulu partir, on adorait l'Angleterre, et puis il y a plus de monde. A Cardiff, c'est restreint, il n'y a personne autour, alors qu'ici, tu es sûr de toujours rencontrer de nouvelles personnes. On est simplement tombé sous le charme de cette ville, et on a alors décidé de continuer nos études ici.

— Et vous ne regrettez pas ? intervient Joy, ses yeux rivés plus sur Oliver que Kate.

— Nan, lui assure-t-il tout en souriant, le seul truc qui m'a fait grincer des dents c'est qu'ils avaient perdu un papier pour mon inscription, alors je suis arrivé plus tard que Kate. Mais, le bon côté des choses, c'est que je suis ici maintenant. Et puis, je suis dans une des résidences de l'université, et mon voisin de chambre n'est pas là. Apparemment, il devait revenir à Manchester, mais il est reparti aussitôt. Peut-être qu'il reviendra un jour, qui sait ?

En entendant le four biper, Charlie s'excuse auprès de ses amis et part dans la cuisine pour l'éteindre, et sortir ses préparations du chaud. Il tente de les placer sur un plateau sans se brûler, et il y parvient enfin et amène tout sur la table basse, avec les chips et bières posés dessus.

Il se traite d'idiot quand il remarque qu'il a oublié sa propre bière dans la cuisine, et y retourne illico, ne faisant pas attention à la conversation qui a lieu. Mais c'est seulement quand il rejoint ses amis qu'il entend ce qui se dit.

— Franchement, non, ça fait du bien de s'éloigner de ses parents. Quelques fois, ils m'énervent tellement que j'aimerais qu'ils puissent disparaître ! rigole Kate, ne se rendant pas compte de l'ampleur de ses mots.

Charlie ne bouge plus, comme si son corps pesait des tonnes, alors que les paroles de Kate résonne dans sa tête. Ce n'est que quand il remarque les visages surpris de ses amis qu'il se rend compte qu'il a lâché sa bière, se brisant en morceaux tranchants par terre. Il relève le regard, incapable de dire quoi que ce soit, alors qu'il sent les larmes monter à ses yeux.

Kyle n'attend pas une seconde de plus pour se lever de son siège et se diriger vers Charlie, qui n'a pas bougé. Son regard est dans le vide, et il est impossible pour les autres de comprendre ce qu'il ressent. Mais Kyle, lui, sait pourquoi il a réagi comme ça, il le connait par cœur qu'il est capable de le comprendre sans même parler. Alors, il sait que les paroles de Kate l'ont frappé en plein cœur, et si Charlie a mal, Kyle, lui aussi, aura mal.

— Hey, c'est pas grave, c'est qu'une bière, lui souffle t-il, alors qu'il se baisse pour ramasser les plus gros morceaux de verres.

Charlie, tel un automate, copie les mouvements de son meilleur ami, alors que les autres n'ont toujours pas dit un mot. Joy est venue les aider, allant chercher du sopalin pour essuyer le sol. Son jumeau ramasse les bouts de verre sans y faire attention, et ce n'est que quand il sent quelque chose couler sur sa main qu'il se rend compte qu'un bout s'est enfoncé dans sa paume. Il regarde les gouttes de sang couler le long de sa main, allant jusqu'à son poignée, comme hypnotisé par ce signe de vie.

— Charlie, ta main ! s'exclame Kyle.

Son meilleur ami aimerait faire quelque chose pour l'aider, mais ses deux mains sont prises.

— L'un d'entre vous peut amener Charlie à la salle de bain ? Y a tout pour le soigner, s'adresse t-il au groupe qui était toujours dans le salon.

Oliver n'hésite pas une seconde de plus et se met sur ses deux jambes pour aller vers Charlie, sous le regard stupéfait des autres. C'est vrai que cela peut surprendre, étant donné qu'ils se connaissent à peine, et que le châtain ne connaît pas l'appartement, mais il a senti ce besoin de l'aider.

— Tu me montres la salle de bain ? demande t-il d'une voix calme à Charlie.

En réponse, Charlie commence à marcher vers le petit couloir et se plante devant une porte, tenant sa main en sang, et Oliver se charge d'ouvrir la porte pour ne mettre de sang nul part.

— Ok, alors passe ta main sous l'eau, tu as des pansements ou des compresses ?

— Dans un des tiroirs, répond Charlie d'une petite voix.

Oliver hoche de la tête et ouvre les tiroirs à la recherche de quelque chose pour soigner sa plaie, pendant que Charlie passe sa main sous l'eau. La froideur le fait grimacer, mais il se dit qu'il le mérite bien, après ce qu'il vient de faire. Il se sent coupable d'avoir gâché le début de la soirée, juste parce qu'il n'arrive pas à passer la mort de sa mère.

— Trouvé ! s'exclame Oliver, son éternel sourire au visage.

Il se redresse et éteint l'eau avant de poser la main de Charlie sur une serviette propre. Il essuie sa main le plus délicatement possible, et éponge le sang qui continue de couler tout en examinant sa main.

— Ca m'a l'air plus superficielle qu'autre chose, c'est pas assez profond pour des points de sutures, et c'est pour ça que ca coule beaucoup. T'en fait pas, tu vas pas perdre ta main !

Charlie ne répond rien, son regard rivé sur sa main entre celle d'Oliver. Il peut sentir la chaleur de cette dernière venir caresser la froideur de la sienne avec délicatesse. Il observe avec minutie chaque geste du châtain, qui essaie le plus possible de ne pas faire mal à Charlie en passant le désinfectant sur sa main. Et même si Charlie sent des picotements dans sa main, il n'arrive pas à dire si cela vient du produit, ou du toucher des doigts d'Oliver sur sa main.

Après s'être assuré que tout est bon, il place un pansement épais sur la coupure de Charlie, avec la plus grande délicatesse possible. Mais avant de lâcher sa main, il l'approche de son visage et déposer un léger baiser sur le pansement, avant de regarder à nouveau le roux, qui a les joues plus rouges qu'une tomate.

— Un baiser magique, en espérant que ça t'aidera à aller mieux, dit-il d'une voix rassurante.

Charlie n'ose pas répondre quoi que ce soit, par peur d'entendre sa voix déraillée. Alors, il décide de partir d'ici le plus vite, oubliant ce qui s'est passé quelques minutes plus tôt. Mais Oliver n'en pense pas pareil, et retient Charlie avant qu'il ne parte de la salle de bain.

— Attends, Charlie ! Je voulais juste savoir si... ca va toi ? demande t-il réellement concerné.

Charlie est dérouté par son attention, et il ne sait pas quoi répondre pendant quelques secondes. Mais il se reprend bien vite et essaie d'aligner quelques mots sans qu'il ne puisse entendre son stress.

— Oui, tout va bien. Je suis juste, maladroit, tente de le rassurer Charlie.

— Si tu le dis...

Charlie lui lance un sourire, qu'il espère convaincant, mais Oliver n'y croit pas un mot. Il a toujours été doué pour déchiffrer quelqu'un et il a bien vu, quand Charlie a relevé le regard sur eux tout à l'heure, qu'il n'allait pas bien. Il ne peut pas dire pourquoi, et ça le travaille. D'accord, ils ne se connaissent pas depuis longtemps, mais il n'aime pas voir quelqu'un aller mal. Alors, savoir que Charlie cache quelque chose, le perturbe.

Mais il ne cherche pas plus loin, se disant que peut-être Joy, ou un de ses amis, sait ce qu'il a réellement. Il l'espère vraiment, parce que la pire chose qui puisse arriver à quiconque, c'est d'être seul face à son tiraillement, sans personne pour nous soutenir. 

Charlie Boy [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant