Partie 1 - Chapitre 26

79 11 6
                                    

Tout le monde se retrouvait autour de la grande table du salon comme un réunion de gang, attendant les instructions de la journée. Je baillai et mis ma main devant ma bouche.

- Fatiguée ? demanda Émilie avec un clin d'oeil.

- Un peu. J'avoue que mes jambes sont dubitatives d'aller traverser de nouveau la ville.

- Oh, je voulais aller à la statue de la liberté ! dit Émilie.

- Ahahah, bah non déso, là vraiment j'ai zéro envie. Vous voulez faire quoi les gars ?

- C'est quoi la statue de la liberté ? demanda Livio.

- Une statue tout en haut d'une colline avec un superbe vue sur la ville.

- Trop chaud ! répondit-il.

- Franchement flemme aussi, insista Federico. Vous voulez pas plutôt retourner aux thermes ? Tranquille ?

- Ça va, les thermes de papy on pourra y retourner demain avec une grosse race ce soir. De toute façon moi j'ai du travail, dit Judas en adressant un regard entendu à Federico.

- Teddy, Livio, si vous êtes chauds on y va. Pas besoin de babysitter.

- Non, non, on va venir, dis-je.

Je baillais une seconde fois.

- Allez, reste-là et on vous retrouve tout à l'heure, insista-t-elle.

Je cédais sans combattre, j'étais éreintée.

- Bon bah ciao alors, puisque je t'ennuie, lâchais-je ironiquement.

Elle me fit un petit bisou sur la joue. Les garçons montèrent prendre quelques affaires et une demi-heure plus tard ils étaient partis. Judas ne tarda pas à les suivre. Il échangea quelques mots avec Federico et parti lui aussi, un sourire aux lèvres.

J'étais sur le canapé, en train de vérifier mes mails, mes messages, les réseaux sociaux. Je me faisais un update sur le reste du monde en quelque sorte. Federic

co me rejoignit.

Il me prit dans ses bras et je pu distinguer plus facilement son tatouage à l'intérieur de son bras gauche. Les trois "v" alignés.

- Qu'est-ce qu'il veut dire ce tatouage ? Demandais-je.

- Ca, princesse, tu ne le sauras pas si facilement.

- Et pourquoi ? m'indignais-je en me redressant.

- Parce qu'on a tous des secrets, des choses qui nous ont forgé et qu'on ne veut pas crier sur tous les toits.

Je ne répondis pas. Je n'aimais pas insister. Il me le dirait quand il voudrait et tant pis pour moi.

- Tu l'as fait quand ?

- Il y a quelques mois.

- C'est ton premier ?

- Oui. Et toi ?

- Ma peau est aussi vierge que moi.

Il se mit à rire et m'embrassa. Je lui rendis son baiser.

- Tu sais que je pars demain matin ? dis-je en alourdissant l'atmosphère.

- Oui, j'avais compté. Retour à Paris.

- Yes, je vais directement à Panam et Émilie part pour Genève.

- Et tu vas faire quoi ?

- Du sport, du ménage, reprendre mes cours. J'ai des projets à rendre la semaine prochaine.

- Pourquoi tu restes pas plus longtemps ? demanda-t-il. Vous prenez même pas le même avion.

- Je vais rentrer avec elle. Je suis venue pour elle à la base je te rappelle.

- Oui mais bon. C'est quoi le rapport.

- Bah je sais pas. Déjà je culpabilise d'être là avec toi au lieu d'être avec elle.

- J'ai l'impression qu'elle préfère que tu sois heureuse, et elle partir baroudeur la journée. Et même passer du temps ace Teddy.

- Qu'est-ce que tu sais, sale commère ?

- Pas grand-chose de plus que toi, j'ai des yeux c'est tout ! conclut-il.

- Oui. Peut-être. Mais je vais devoir la protéger. Je dois trouver des solutions, sinon elle va retourner s'embourber dans son quotidien dramatique.

- T'es pas un bouclier ma gueule.

- Bah si. C'est dans ce genre de situations que tu vois tes vrais amis.

- J'ai eu la solution. Il doit me tenir au courant dans la journée. C'est une grande fille. Tu pourrais rester avec nous. Juste une journée. On part lundi.

- Mais je suis pas ta poupée Fed. Je vais pas rester pour que tu aies ta petite branlette et hop, au lit. J'ai une vie à retrouver.

- Et moi ?

- Ben toi aussi je suppose.

Il ne répondit pas. Il me fixait juste, comme s'il cherchait une réponse sur mon visage. Il ne répondait même plus à mes piques.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandais-je.

- Tu ferais quoi si je venais te voir à Paris ?

- Je ferais la morte.

Il leva les yeux au ciel.

- Je rigole ! Ça serait sympa de te voir.

- Ça serait sympa... répondit-il dubitatif.

- J'aimerai bien te voir. Un autre contexte, une autre ville, juste nous deux. Qui sait ce que ça donnerait ? Tu te rendras enfin compte à quel point je suis ennuyeuse.

- Et toi tu te rendrais compte à quel point je ne réponds pas à ta check-list. Et alors ?

- Et alors je ne sais pas.

- Je viendrai te voir. Et toi, tu viendras à Genève ?

- Déjà toi, viens à Paris, puis on verra.

- Je viens princesse, sois en sûre.

- Je n'attends que de te croire. Mais tu vas retrouver ton quotidien, ta famille, tes amis, tes meufs, et je pense pas que tu auras encore de la place pour moi là-dedans.

- Je viendrai. Mais toi, sois prête.

Je lui souris et l'embrassai. Je ne demandais qu'à le croire. Et au fond, je mourrai déjà d'envie de le revoir.


Laisse tomber j'ai plus malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant