Émilie parlait devant avec Laura, Paul et Teddy. Livio restait silencieux et Federico veillait à ce que je suive.
- C'est dingue qu'autant de Suisses se retrouvent dans une boîte de Budapest.
- Je ne suis pas Suisse, le calmais-je.
- Tu viens d'où ? continua-t-il.
- Paris. Désolé, le mythe s'effondre.
Il regardait devant lui, veillant à ce que Teddy emprunte le bon chemin.
- Une parisienne donc. Tu fais quoi dans la vie ?
- Parce qu'il faut que je sorte mon CV avant de rentrer ?
Federico sourit et passa sa main dans ses cheveux. Il avait une voix assez grave, presque rauque à cette heure de la nuit.
- Je fais juste la conversation.
- Je suis à Paris-Dauphine, lâchais-je pour qu'il arrête ses questions.
- Dauphine ? Ah oui, je n'ai pas affaire à n'importe qu'elle parisienne.
- Ne fais pas comme si tu connaissais. Tu aurais dit la même chose si je t'avais dit fac de Douais.
- Merci je connais, vous avez un petit classement en finance c'est ça ?
- Oui un petit, on est juste la première fac d'Europe.
- Oui, enfin c'est en finance ça. T'es en quoi toi ?
Je le regardais en haussant un sourcil pour qu'il devine. J'en avais marre de ses petites vannes.
Il se mit à rire.
- Alors, gestion ? Informatique ? Sciences sociales ? Langues ?
- Finance, espère de boloss.
- Ah oui, j'aurai dû deviner. Bon après il y a finance et finance à Dauphine hein.
- Oui bah ça va, c'est mon procès ou quoi ?
Je le dévisageai. Il avait compris qu'il avait atteint les limites de ma patience.
J'ai toujours eu cette fâcheuse tendance à évaluer les gens selon plusieurs critères : les fautes de français, l'ouverture d'esprit, l'humour, la tolérance aux autres... Et surtout les chaussures sales. Je ne supporte les vêtements mal coupés, les stéréotypes et les réflexions misogynes, les prétentieux et les menteurs. Je ne supporte pas les conservateurs, les machos et tout autre bonheur de ce genre.
Inconsciemment, j'avais classé Federico hors de toute catégorie après les réflexions à l'aéroport et sa tchatche à deux balles en sortant de boîte. Oui, on peut parler de préjugés en effet car j'avais remarqué plusieurs minutes plus tôt qu'il portait des Nike noires dont le swash blanc était toujours étincelant.
- Exact. Bravo pour la performance.
Nous arrivions devant chez eux. Federico ouvrit la porte. L'appartement était situé au quatrième et l'ascenseur pouvait accueillir que trois personnes. Au final je me retrouvais à attendre mon tour avec Federico dans le hall.
- Et toi, tu fais quoi ? demandais-je.
- Je fais mon service militaire en tant qu'aide-soignant. Ça dure deux ans en Suisse.
- Et après ?
- Peut-être l'Ecole Hôtelière de Lausanne.
Je soupirais intérieurement. Il habitait Genève, il allait dans une école de gosse de riches. On était chez lui et rien que l'entrée du bâtiment était sublime. La porte en fer forgée était entourée de deux statues. Le sol était recouvert d'un tapis vert foncé avec des broderies dorées et l'ascenseur était très récent.
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Laisse tomber j'ai plus mal
RomanceIl me court après, je le vois bien. Les hommes se liquéfient souvent face à une jolie courbure de reins. Mais non il ne m'intéresse pas. Bien sûr que non. Après oui, j'aime bien sa bouche il faut se l'avouer, ses rides rieuses, ses chaussures touj...