Partie 3 - Chapitre 3

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            Au fil des jours, je me liais d'amitié avec Lola. Elle avait quelques années de plus que moi et elle était en reconversion professionnelle. Auparavant elle était en médecine mais la filière n'était pas vraiment faite pour elle. Alors elle avait décidé de se lancer dans le marketing. C'était une jolie jeune femme, légèrement plus grande que moi et dont le visage était encadré par un carré roux.

Le lendemain, elle me sauta dessus alors que j'allais rejoindre mon bureau. Elle me regardait de ses yeux en amande et souriait jusqu'aux oreilles.

- Salut ! s'exclama-t-elle.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- J'ai besoin de distraction. Il fait beau en ce moment, et cela stimule mon organisme. J'ai besoin de me défouler.

- Essaye le sport non ? suggérais-je sans conviction.

- Je ne parle pas de ça, et tu le sais, me dit-elle.

- Oui, je m'en doutais. Qu'est-ce qui te ferait plaisir Lola ?

- On sort. Vendredi soir, ça part en boîte.

- Ok, je te suis du coup.

- T'es parfaite. Passe une bonne journée, on se voit à la pause dej' ?

- Oui si tu veux, lui répondis-je.

Les journées se rallongeaient rapidement et le soleil était encore haut dans le ciel à vingt heures du soir. Histoire de me détendre, je décidais d'aller courir sur les bords du Léman.

A cette heure, le soleil chauffait moins et une légère brise apportée par le lac me rafraichissait durant ma course. Je lançais ma playlist et me concentrait sur rien d'autre que mes pas et ma respiration. Je croisais quelques personnes qui avaient profité de l'après-midi au soleil sur les bords de l'étendue d'eau. Des couples qui se tenaient la main, des groupes d'amis, des familles. Et moi je courrais entre eux, m'évadant avec la musique, la tête vidée. Je me laissais emporter par les basses qui s'extirpaient de mon casque et battaient avec le rythme de mes pas sur le bitume.

Au bout de trois kilomètres parcourus, une petite pente se dessina sur le chemin. Mes muscles commençaient à fatiguer sous l'excitation de leur mobilisation. Je voyais devant moi un groupe de garçons qui prenaient tout le passage. J'espérais que le bruit de mes pas sur le sol les préviendrait de ma venue et qu'ils se décaleraient mais aucun ne semblaient décidé à me laisser passer.

Je mis ma musique sur pause, continuant à garder un rythme avec mes pas.

- Excusez-moi ! criais-je pour me faire entendre.

Deux garçons sur cinq se retournèrent et me dévisagèrent en souriant. Je reconnu l'un des amis de Federico que j'avais très brièvement rencontré à Budapest, Judas. Mon ventre se contracta. Effectivement, il était là, à côté des deux suisses qui s'étaient retournés. M'avait-il reconnu ?

Puis je fis un petit bilan dans ma tête. Je portais un leggin avec une inscription le long de la jambe, une brassière et un tee-shirt de festival beaucoup trop grand noué à la taille. Comme j'avais fait avec son tee-shirt quelques mois plus tôt. Mes cheveux étaient confinés par un élastique en queue de cheval haute et j'avais toujours mon maquillage de la journée. Cependant la sueur des trois kilomètres que j'avais déjà parcourus devait faire plus briller mon front et mes cheveux que de l'highlighter. Je n'étais pas vraiment au top du top de mon sex appeal.

Il ne se retourna pas. Je passai et augmentai ma vitesse pour les distancer et aussi pour l'impressionner, un peu. Je n'avais pas encore rallumé ma musique et j'entendis un des garçons s'exclamer.

Laisse tomber j'ai plus malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant