En y repensant, j'ai l'impression que cette scène s'est soit passée au ralenti soit à une vitesse folle. Jamais je n'aurai pensé qu'une de mes amies vive une histoire pareille et que je reste si aveugle face à tous les signes.
Nous avions descendu les quatre étages en courant. Nous ne savions toujours rien de ce qui s'était passé pendant cette soirée mais les scénarios qui courraient dans ma tête étaient tous plus sordides les uns que les autres. Une seule chose était claire : si Teddy ou Livio lui avaient fait quoi que ce soit, ils allaient payer.
J'ouvris la porte et me précipitai dehors. Je découvris Émilie, le visage rouge et déformé par un mélange de colère et de sanglots. Teddy se tenait à côté d'elle. Déjà que je la trouvais grande, mais le suisse la dépassait largement d'une tête.
Sans réfléchir, je le repoussai et pris Émilie dans mes bras.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle sanglotait. Je sentais qu'elle n'arrivait pas à sortir ce qu'elle voulait me dire. Je lui posai des questions pour l'orienter.
- Tu es blessée ?
Elle hocha la tête négativement.
- On t'a fait mal ? On t'a touchée ?
Même mouvement.
- Faut que tu me racontes Émilie.
- Teddy n'a rien fait. Au contraire, il a été très correct, il s'est bien occupé de moi.
- D'accord. Maintenant raconte-moi ce qui s'est passé.
- Je suis tellement désolée Tony. Je ne veux pas te perdre de nouveau.
- Mais de quoi tu parles !
- Je t'ai menti Tony. Je te mens depuis des semaines, tu ne me pardonneras jamais. Je suis désolée.
Elle cachait ses mains dans son visage et malgré ma taille réduite je la prenais de nouveau dans mes bras. Je frictionnais son dos et murmurais des mots pour la rassurer.
- On a mis des années à se retrouver Émilie. Crois-moi, je ne vais pas te lâcher tout de suite. Il va m'en falloir beaucoup pour que tu te débarrasses de moi. Je te connais depuis toujours, rien n'a changé.
Elle se redressa, renifla bruyamment et essuya son visage.
- Je t'ai menti. Julian n'est pas l'homme de ma vie. Il avait raison, continua-t-elle en désignant Teddy.
Je me retournai vers lui. Il était en train de parler avec Federico et Livio. Je le détaillais pour la première fois. Il avait une carrure épaisse et une mâchoire marquée, les cheveux coupés ras et une cicatrice de varicelle sur le front. Et pourtant, sur son visage fermé je constatai une inquiétude voire un éclair de tristesse.
- Comment ça il avait raison ?
- Il me viole, il me frappe, il me doit de l'argent. C'est un cauchemar. Je n'en peux plus, je suis épuisée. Je veux rentrer.
- Julian, dis-je sans pour autant être une question.
Elle ne répondit pas et cacha son visage dans ses mains.
J'avais l'impression que mon corps entier était en train de se congeler. Ma tête n'était plus qu'une entité dépourvue de sentiments, de réflexions ou d'états d'âmes. La seule chose à laquelle je pensais était de retrouver le fameux Julian, et de lui faire payer. J'aurai été prête à le torturer puis l'égorger sur place tellement la haine m'habitait. Mais avant tout je voulais protéger ma meilleure amie, qu'elle se calme, et comprendre ce qui s'était passé.
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Laisse tomber j'ai plus mal
RomanceIl me court après, je le vois bien. Les hommes se liquéfient souvent face à une jolie courbure de reins. Mais non il ne m'intéresse pas. Bien sûr que non. Après oui, j'aime bien sa bouche il faut se l'avouer, ses rides rieuses, ses chaussures touj...