Yasmine m'appela pour connaître le programme de ce soir. Nous participions à une soirée de Dauphine organisée avant les partiels. Elle devait me rejoindre pour se préparer chez moi. La boîte n'était pas très loin de mon appartement.
- Hello Yas, ça va ?
- Oui, super et toi ?
- Je sors de la BU, j'arrive là. Tu fais quoi ?
- Je vais partir, je suis là dans une vingtaine de minutes si le métro le veut bien.
- Parf. A toute bichette.
Sébastien arriva avec quatre boites de pizzas dans les mains, et quelques minutes après Léa arriva avec des bouteilles de vin. Nous trinquâmes à la dernière soirée avant les partiels qui débutaient dans deux semaines.
J'envoyai à Federico une photo de la bouteille de Chinon que Léa avait choisie.
Antonia : " On en revient rapidement aux basiques !"
Je posai mon téléphone sur la table et allait aider Yasmine dans la cuisine pendant sur Léa et Seb servaient à boire.
- Tony, c'est qui le "Federico" qui t'envoie des messages ? Cria Séb.
Je relevai la tête rapidement et me cognai contre le placard ouvert de la vaisselle.
- Pose ça Séb !
J'allai récupérer l'appareil.
Federico : "La Suisse c'est mieux, tu devrais tester"
Il m'envoya une photo de la vue de sa chambre sûrement avec le lac Léman et la nature au loin.
Je souris. Encore cet après-midi à la BU j'avais les cheveux sales, des boutons apparant sur mes joues, et un vieux chignon. Ce soir, je m'étais apprêtée. Ça me faisait du bien de me sentir propre, soignée, confiante. Je voulais en faire profiter mon interlocuteur.
Je m'isolai dans la chambre et me pris en photo en train de lui faire un clin d'oeil. Ma tresse blonde caressait mon épaule découverte par mon gros gilet. On voyait la bretelle fine de ma robe noire à dentelle juste en dessous. Mon rouge à lèvre rouge mat et mon mascara étaient les seuls efforts que j'avais réalisés.
Antonia : " Avec plaisir, tu fais des livraisons à domicile ?"
Federico : "Comme tu dis : ne me mets pas au défi...'"
- Tu viens Tony ? A qui tu souris comme ça ? Me demanda Léa.
- Je vais vous raconter, répondis-je finalement.
Je retournai dans le salon et nous trinquâmes à cette soirée.
Je leur racontai Budapest, en omettant les histoires d'Émilie qui ne concernaient qu'elle. En leur racontant mon histoire avec Federico, je devins nostalgique. Je ne pensai pas que ça arriverait mais il me manquait.
- Vous allez vous revoir ? Me demanda Yasmine.
- Je ne sais pas. Il a un peu fait le mec à dire qu'il viendrait à Paris. Je ne le croirai que quand je le verrai.
- Mais toi, tu aimerais ?
Je ne répondis pas et bu une gorgée de vin rouge.
- J'aimerai. J'y pense un peu trop je trouve. Ça serait cool de le revoir dans un contexte plus calme, plus... normal. C'était vraiment incroyable cette semaine.
- Oooooh, je t'ai rarement vue comme ça ! S'exclama Yasmine en me prenant dans ses bras.
Quelques heures plus tard, nous avions écoulé nos courses et nous partions pour la soirée.
Le videur à l'entrée nous toisa. Nous montrâmes nos cartes étudiantes de Dauphine et il nous fit passer sans ouvrir la bouche. Nous entrâmes et des barrières en velours nous indiquaient d'aller à l'étage. Une grande foule se déhanchait déjà au rez-de-chaussée.
En haut, des coins intimistes étaient arrangés avec des tables et des poufs. Au centre, une piste de danse de taille raisonnable voyait déjà quelques adeptes. Beaucoup étaient adossés au bar ou assis en train de discuter. Je posai mon téléphone sur la table et allait commander des verres pour notre groupe qui commençait à s'étoffer.
Le barman, petit col roulé noir alors qu'il faisait au moins trente degrés à l'intérieur de la boîte et début de barbe à la Nekfeu - mais tout le monde n'a pas son charisme - me dévisagea avec un sourire arrogant. Il devait avoir beaucoup trop l'habitude de plaire.
Il frôla ma main en me rendant ma carte bleue et je haussai un sourcil, arborant mon regard le plus évident concernant mes intentions. Soit il retirait sa main soit je la tordais dans son dos.
Une nouvelle proie arriva sur ma gauche, grand sourire, décolleté naïf, elle se trémoussa devant le comptoir comme si elle ne pouvait pas attendre de retourner sur la piste de danse pour exercer se déhancher. C'était plus fort qu'elle. Elle se pencha sur le comptoir pour tendre sa carte et lui chuchoter quelque chose de très mystérieux à l'oreille. C'était donc cela qu'attendait le barman. Il joua l'intouchable, lui adressa à peine un clin d'oeil, encaissa la Naïade en formation et revint me servir mes six boissons. Je regardai mes mains, tentant vainement de calculer comment je pouvais toutes les emmener sans les renverser. Avec son sourire sans doute ravageur, il me proposa de m'aider et j'acceptais, autant qu'il se rende utile.
Yasmine était sur son téléphone, sans doute en train de poster une vidéo de la boîte qui, pour une boîte parisienne, était vraiment stylée. Léa me fit un clin d'oeil en voyant que le barman m'accompagnait.
- N'hésitez pas si vous avez de nouveau besoin... me dit la contrefaçon cheap de Nekfeu d'une façon qu'il voulait sans doute irrésistible.
- Bonne soirée, répondis-je en souriant, d'un air qui se voulait sec et définitif.
- Bah alors Tony, tu ne peux plus t'empêcher de rameuter des beaux mecs ! s'exclama Léa.
- C'est son travail quand même. Bon, on trinque ? dis-je en levant mon verre.
Clara et Tristan prirent une vidéo de nos six verres en train de s'entrechoquer. Une bande de pseudo-influenceurs en devenir.
Je cherchai mon téléphone dans ma poche pour répondre à Federico. Ne le trouvant pas, ce sentiment de détresse extrême monta dans ma poitrine. Je plongea mes mains dans mes poches, me retournai pour vérifier qu'il n'était pas sur un siège.
- Tu cherches quoi Tony ? me demanda Yasmine.
- Mon téléphone !
Soudain, méfiante, je me calmai.
- Tu l'as caché ?
- Bah non, il est là, répondit-elle en me montrant sa main.
Je le récupérai. Elle avait posté des stories du barman et moi avec des commentaires qui l'avaient sans doute fait rire. Mais pas moi quand je vis qui était dans les premiers à l'avoir regardé.
Yasmine avait posté une photo de moi de dos, en train de commander les verres au barman qui m'adressait un vieux sourire de dragueur du samedi soir. Son commentaire "il va se faire recaler dans 5, 4, 3,...". Puis une photo de moi, tournée vers mes amis, le visage renfrogné et les yeux levés au ciel, exaspérée. Commentaire "Jackpot". Dernière vidéo : le barman m'aidant avec nos consommations, un petit regard sur mes fesses au passage. Et moi, naïve, grand sourire face à mes amis.
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Laisse tomber j'ai plus mal
RomanceIl me court après, je le vois bien. Les hommes se liquéfient souvent face à une jolie courbure de reins. Mais non il ne m'intéresse pas. Bien sûr que non. Après oui, j'aime bien sa bouche il faut se l'avouer, ses rides rieuses, ses chaussures touj...