Les jours qui suivent se passent dans une sorte de brouillard où je fonctionne sur pilotage automatique. Je fais tout ce que l'on me demande sans vraiment poser de questions. Je me contente juste de mettre un pied devant devant l'autre et d'avancer malgré le vide. Heureusement pour moi, Susan est restée très présente et a quasiment organisé seule les funérailles de ma mère. En une fraction de seconde, j'étais redevenue une petite fille perdue incapable de prendre la moindre décision. Donc l'aide de Susan c'était révélée des plus précieuses et je ne l'en remercierai jamais assez.
Le service funéraire est enfin terminé mais la partie qui est pour la moi la plus pénible reste à venir. Comme le veut la tradition, tous les amis et connaissances de ma mère vont se rendre chez nous pour lui rendre un dernier hommage. Ils vont se remémorer tous les bons moments passés avec elle. Sans oublier le fait, qu'ils vont tous apporter des plats qui pour la plupart finiront dans la poubelle. Mais c'est comme ça et malheureusement, je ne sais pas si je le supporterai encore.
Alors que je suis debout dans la cuisine, un plat de gratin de pâtes au fromage dans les mains, Susan s'approche avec douceur de moi. Elle me le prend des mains et le range sur le plan de travail, le frigo étant déjà plein. Puis elle revient vers moi.
_ Va te reposer dans ta chambre, ma puce, me dit-elle en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je m'occupe de tout.
Je la remercie en la serrant dans mes bras. Je n'avais presque pas parler depuis que ma mère était morte. Je me contentais juste de hocher la tête. Je monte dans ma chambre où tout me semble différent alors que rien n'a changé . . . à part qu'elle ne sera plus jamais là. Je m'assoie sur mon lit et mon regard balaie la pièce avant de s'arrêter sur la lettre de ma mère.
Depuis que Susan me la remise, il y a trois jours, je ne l'avais toujours pas ouverte. Je n'arrive pas à me décider mais si elle l'avait écrite, je me devais de la lire. Je me lève, la prends et retourne m'asseoir en tailleur sur mon lit, mon dos appuyé contre une montagne de coussins.
Ma puce,
Je sais que tu vis des moments difficiles si tu lis cette lettre et que malheureusement je ne suis pas là pour t'aider à les traverser. Mais je sais aussi que peu importe ce que tu crois, tu es la jeune fille la plus forte que je connaisse. Tu passeras cette épreuve qui te rendra plus forte encore. Je veux que tu saches et tu gardes à l'esprit que toutes les décisions que j'ai prises, je les ai prises pour te protéger ma puce. Je sais que me pardonner te seras difficile surtout avec ce que je m'apprête à te révéler. Je veux juste que tu essaies de comprendre pourquoi j'ai agi ainsi. Ton véritable nom de famille n'est pas Starkson mais O'Connell comme ton père. Ton acte de naissance et d'autres documents sont dans une vieille boîte à chaussures, qui est cachée dans le faux plafond de mon dressing. Prends la et garde la avec toi.
J'ai rencontré ton père au lycée. Moi, j'étais en première année et lui en dernière. Et cela a été comme une évidence entre nous. Tout est allé très vite. On est tombé amoureux, on s'est marié jeune et tu es arrivée pour notre plus grand bonheur. Mais ton père, même s'il est un homme formidable, évolue dans un milieu dont je ne voulais pas pour toi car trop dangereux. Alors un matin, je suis partie avec toi, sans laisser d'adresse. Je ne lui ai pas laissé le choix, lui aussi a du faire avec ma décision. A ma mort, il reviendra vers toi, ne le repousse pas. Je sais que cela peut te paraître contradictoire avec ce que je viens de te dire mais va avec lui et écoute le. Il te protégera et t'aidera.
Quoiqu'il se passe, je veillerai toujours sur toi ma puce. Ta maman qui t'aime.
Je reste interdite devant les derniers mots de ma mère. Mon père était vivant et je devrais le suivre alors que je ne le connais pas. On croirait une lettre sortie d'une mauvaise série télé. Si je ne reconnaissais pas l'écriture de ma mère, je pourrais penser que l'on me fait une blague de mauvais goût. Je la relis plusieurs fois avant de me rendre dans sa chambre me disant qu'il n'y aura pas de boîte, que je dois rêver éveillée.
Ma mère ne pouvait pas m'avoir menti sur un sujet aussi important que mon père. J'ouvre la porte de son dressing, puis lève les yeux vers le plafond de celui-ci le cœur battant. Je me mets sur la pointe des pieds, tend le bras pour le toucher et à ma plus grande surprise, ce dernier bouge légèrement. Je le soulève et en tâtonnant, trouve la fameuse boîte. Ma respiration s'accélère et je la sors de sa cachette pour l'ouvrir au calme dans ma chambre, où je retourne sans bruit.
Alors que je ferme la porte de ma chambre, un bruit de grosse cylindrée qui ralentit se fait entendre. Je n'y prête pas trop attention, puis une deuxième et une troisième. Attirée par leur bruit, je m'approche de ma fenêtre pour les voir se garer devant chez nous. Je ne comprends pas ce qu'ils peuvent faire là. Ma mère n'avait aucun ami ou connaissance parmi le monde des motards. Pour être honnête, je dirai même qu'elle avait un certain ressenti à leur égard. Mais avec cette lettre, j'en viens à me demander si je connaissais vraiment ma mère. Je sursaute quand on sonne à la porte.
Après l'annonce de la mort de Lisa, j'avais réuni le cercle restreint pour deux choses. Premièrement, les affaires courantes du club. Alvaro pourrait gérer sans aucun problème la transaction à venir. Et au cas où, je lui avais laissé Declan. Puis j'ai exposé brièvement que suite au décès de ma femme, que nous allions devoir éclaircir en temps voulu. Ma fille, Catriona, allait vivre avec moi et que je voulais que le club ait toujours un œil sur elle quoiqu'elle fasse et où qu'elle aille.
Aujourd'hui c'est l'enterrement de Lisa, ma femme. Et je dois voir notre fille et la ramener à la maison, chez elle à Portland. Pour m'accompagner, j'emmène James. Il sera ravi de laisser son costume d'avocat pour une virée à moto. J'avais aussi appris au fil du temps que d'avoir un homme de loi avec soi permettait souvent d'obtenir les choses plus facilement. Charly un de mes hommes de main et sa sœur Laura. Elle bosse comme serveuse au Bar. Elle a un sacré tempérament et je me suis dit qu'une présence féminine ne serait pas de trop. Même si Laura n'a rien de maternelle. Rien que cette pensée me fait sourire et si je l'avais dit à voix haute, elle m'aurait copieusement traiter de tous les noms.
J'angoisse à l'idée de revoir ma fille. Quand sa mère l'avait emmenée, elle avait à peine deux ans et j'allais me retrouver face à une jeune fille de dix-neuf ans que je ne connaissais pas. Arrivé à L.A., je me rends seule au cimetière. J'ai attendu au loin que la cérémonie soit terminée, puis je me suis recueilli quelques instants sur la tombe de ma femme. Même si Lisa était partie, je ne l'avais jamais remplacée. J'aurais tant aimé la revoir une dernière fois. Lui dire que je l'aimais, que je lui avais pardonnée. Jamais aucune femme ne pourra la remplacer. Mais le destin en avait décidé autrement. Alors, je lui fais une dernière promesse, celle de protéger notre fille quoiqu'il arrive. Avant de partir, je laisse un iris, sa fleur préférée, sur sa tombe.
Je rejoins les autres et nous nous dirigeons vers la maison de Lisa. J'avoue que je ne vois pas vraiment comment engager les présentations et encore moins la conversations. Je n'avais absolument aucune idée de ce que sa mère avait pu lui dire à mon sujet. Quand je sonne à la porte, une femme avec un sourire triste vient m'ouvrir. Elle semble clairement affectée.
_ Bonjour, vous êtes ? Me demande-t-elle gentiment.
Je n'ai pas le temps de répondre ni même de prononcer un seul mot qu'une jeune femme blonde . . . le portrait craché de Lisa à vingt ans prend la parole.
_ Apparemment c'est mon père Susan, dit-elle d'une voix blanche me détaillant de haut en bas.
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TEARS, WEAPONS AND BLOOD
General FictionCatriona va fêter ses 18 ans dans quelques mois. Elle partage sa vie entre le lycée, et sa mère, Lisa infirmière au Cedar Sinai de Los Angeles. Jusqu'au jour où tout son univers bascule. Un accident de voiture, de ceux qu'on ne croit arriver qu'aux...