TEARS, WEAPONS AND BLOOD

Chapitre 54 : Jake

Alvaro se dirige vers le bar alors que de mon côté, j'ai besoin de m'isoler pour réfléchir. Je me dirige d'instinct vers le garage qui doit être vide vu le contexte actuel. Les gars sont partis rejoindre leurs proches et faire ce qu'ils ont à faire en attendant les instructions qu'ils devront suivre. Alors je sais que je serai tranquille là - bas.

A peine suis - je à l'intérieur que je me sens mieux. Toute une flopée de souvenirs m'envahit. C'est mon père qui m'a appris la mécanique. Très vite, j'ai préféré traîner dans le garage avec lui plutôt que d'aller en cours. A la création du club, les membres se réunissaient toujours au garage. Ensuite, tout s'est accéléré, le club a grandi. On a développé les bureaux, le bar et l'agrandissement du garage. 

Puis c'est ensuite que tout a dérapé. Le temps a filé à une vitesse incroyable, vite, beaucoup trop vite. J'ai fait des choix que je ne ferai plus. Car ces choix m'avaient tout fait perdre, ma femme, ma fille, la vie que j'aurai du avoir. J'ai perdu la femme de ma vie, j'ai vu aujourd'hui ma fille abattre un homme. Ce dernier ayant tué l'homme dont elle était éperdument amoureuse. Je m'en veut terriblement car je sais que ce geste va la marquer à vie. Même si elle a ressenti un soulagement en voyant mourir l'homme qui est la cause de ses souffrances, ce souvenir la hantera à vie. 

Avec la vie du club, j'ai très vite appris à cloisonner la maison et le boulot. Il faudra qu'elle apprenne à faire de même pour être capable de continuer. Je ferme les yeux quand j'entends la porte s'ouvrir puis se refermer. Rien qu'à la démarche, je sais que c'est mon père.

_ J'étais sûr que tu serais là, commence - t - il.

_ En même temps c'est une évidence non ? Lui rétorqué - je.

_ Tu réfléchis à comment sortir Catriona de ce bordel, dit - il.

_ Oui et j'en vois pas trente - six des moyens si je veux garder ma fille en vie, repris - je en passant la main dans mes cheveux avant de soupirer.

_ Donc tu vas vraiment demander un grand conseil des présidents, reprend - t - il entre inquiétude et surprise.

_ Oui, je ne vois pas d'autres solutions pour lui sauver la vie.

_ Alors j'irai avec toi, me répond - t - il. Hors de question de laisser ces vieux cons toucher à un cheveu d'un membre de ma famille.

_ Bien alors allons - y, dis - je en lui emboîtant le pas.

On prend le pick - up de mon père pour rencontrer celui qui aura la charge de réunir le conseil. Je sais comment le joindre comme tout président de club. Il nous a donnée rendez - vous dans un pub du centre ville. 

A cette heure - ci, la vie dans la ville bat son plein. Nous nous garons à proximité du pub. Jeffrey et moi avons choisi de respecter les règles et nous sommes donc sans arme. Quand on entre dans le bar, celui - ci est bondé car on pile dans le créneau horaire de l'happy hour. La barmaide nous fait un signe de tête pour nous indiquer une table dans le fond derrière les tables de billard.

La table est dans une semi pénombre et l'homme, à qui nous devons parler, est à peine visible. Lorsque nous sommes proches, l'homme se lève pour nous serres la main. Il ne se présente pas et entre dans le vif du sujet.

_ Pourquoi réunir un conseil des présidents ? 

Mon père et moi échangeons un rapide regard puis je prends la parole.

_ Vous n'êtes pas sans savoir que Niall O'Connor, président des Ghost Riders est mort. Mon club l'a tué . . .

_ Ta fille Catriona l'a tuée, me coupe - t - il sans la moindre once d'émotion. il faut être précis. J'aime la précision, termine - t - il en me faisant signe de poursuivre.

_ Oui comme vous l'avez précisé, c'est ma fille qui a tué Niall. Mais elle ne l'a pas fait sans raison. Cependant, je souhaite un conseil de président pour faire les choses correctement. Comme je sais que le mort d'un président ne reste pas sans conséquence et que je ne veux pas voir tout le business partir en vrille. Je vous sollicite pour la tenue d'un conseil afin de régler la succession du club de Niall et aussi de payer le préjudice si il y en a un, terminé - je étonnamment calme quand on sait que je joue mon avenir et celui de ma famille.

_  La trêve sera de un mois. Pendant cette durée pas d'attaque entre clubs, dit - il avant de se lever et de quitter la table sans un mot de plus.

Mon père et moi nous regardons.

_ Un mois ça va passer vite pour trouver, faire voter et accepter aux gars, une décision que l'on va présenter au conseil, me dit mon père.

_ Oui, lui répondis - je en faisant signe à la serveuse de venir prendre notre commande.

Après avoir eu nos deux pintes de Guinness, mon père me lance un regard lourd de sens. 

_ Pas ici, lui répondis - je.

_ Alors on bouge, me rétorque - t - il en en vidant la moitié de sa bière.

Lui et moi nous nous levons et retournons au pick -up sans un mot ni même un regard. Une fois dans le véhicule, porte fermé et moteur qui tourne, il reprend.

_ Alors tu as prévu quoi Jake. Je te connais suffisamment pour savoir que si tu as voulu un conseil tu sais ce que tu veux faire, termine - t - il en me regardant droit dans les yeux.

Pour la première fois depuis ma naissance, je n'arrive pas à soutenir le regard de mon père. Je sais déjà que je vais le décevoir lui et les gars. Mais je n'ai pas le choix. Je ne peux pas faire autrement. Je refuse de faire courir le moindre risque à ma fille. J'ai pas été là pour elle et je refuse de la laisser tomber encore encore une fois.

_ Jake regarde moi, finit par dire mon père. Tu crois franchement que je n'y ai pas pensé. tu crois franchement que je vais laisser qui que se soit toucher à un seul cheveu de ma petite fille. Si jamais le prix du sang est réclamé c'est moi qui le paierai, dit - il.

Je reste interdit devant ce que vient de dire mon père. Mais c'est juste impossible. C'est à moi de payer pas à lui.

_ Non c'est à moi de protéger ma fille, lui dis - je en le regardant droit dans les yeux.

_ Et moi de protéger mon fils, me rétorque - t - il. Si tu meurs, il restera quoi à Catriona . . . un grand - père. Même si j'adore ma petite fille plus que tout, c'est d'un père dont elle a besoin. Elle a perdu suffisamment de parents , sa mère, Declan. Elle ne peut pas perdre son père. Point à la ligne, la discussion est close, termine - t - il en s'engageant dans la circulation.

Le trajet qui ramène au club se fait dans le silence le plus total. Il se gare sur le devant du bar. De l'extérieur, on voit clairement que l'ambiance dans le pub est grave. J'échange un regard avec mon père et rentre d'un pas décidé dans le bar. Sans plus attendre, je prends la parole même ce ne sera pas long.

_ Vous pouvez rentrer chez vous sans crainte. Il n'y aura pas de représailles pendant un mois donc tout se passera bien jusque là, dis - je aux membres présents.

_ Et dans un mois, il se passera quoi boss ? Demande calmement Charly.

J'avoue que j'aurai préféré qu'il pose sa question plus tard mais elle est légitime. Je lui dois une réponse à lui comme aux autres. J'inspire un bon coup et me lance sachant que ce que je vais dire va en surprendre ou en bloquer plus d'un mais ma décision est prise.

_ On a un break d'un mois jusqu'à la tenue d'un Conseil de présidents du quart nord ouest. C'est au cours de cette réunion que la sanction sera prise concernant la mort de Niall, répondis - je alors qu'un silence de mort s'abat dans le bar où sont réunis une grande partie des membres du club.

_ Quelles sont les options ? Demande un frère. 

Je ne baisse pas le regard. Je reste droit, mon père à mes côtés pour montrer que nous sommes d'accord.

_ Il y a plusieurs options mais la plus probable c'est le prix du sang. Pour le reste on verra le cas échéant, terminé - je avec un ton qui signifie que la conversation est finie. 

Personne ne dit rien. Alors que je pars m'isoler dans mon bureau pour boire un verre, j'entends les bruits de conversation reprendre. Je vais juqu'à mon refuge où je me sers un double non un triple whisky que je bois d'une traite en me laissant choir dans mon fauteuil de président. Un fauteuil que je n'utiliserai probablement plus longtemps . . .