Chapitre 8

8.8K 525 36
                                    

Garée non loin de la voiture de Laura, je me rends compte en regardant le parking que je suis dans un univers que je ne connais pas le moins du monde. D'un simple coup d'œil, je comprends aisément que ma place n'est pas au milieu de grosses cylindrées toutes plus rutilantes et bruyantes les unes que les autres. Pendant un bref instant, je pense même à remettre le contact et à rentrer à la maison pour attendre mon père.

– Prête ? Me demande Andrew en détachant sa ceinture de sécurité. Ceinture que j'ai eu un mal de chien à lui faire attacher d'ailleurs.  

– Vas-y, je te rejoins à l'intérieur. J'ai juste besoin d'une ou deux minutes c'est tout. Tu comprends ? Lui répondis-je mal à l'aise d'être mal à l'aise, ironique non.  

Il semble hésiter une fraction de seconde comme s'il allait dire non. Puis un sourire en coin illumine son visage et il reprend.

 – Pas de souci, je comprends. Je t'attends dehors.

Il n'attend pas ma réponse et sort de la voiture contre laquelle il s'adosse tout en s'allumant une cigarette. Je soupire bruyamment quelque peu exaspérée, qu'il ne m'accorde pas ces quelques instants de solitude dont j'ai  besoin. En même temps quand j'y pense, depuis que Jake, enfin mon père, est entré dans ma vie, je n'ai pas été seule un instant. C'est bizarre mais tout me semble étrange ces derniers temps. 

Enfin, attendre dans cette voiture, ma voiture ne va pas faire disparaître mes craintes ou mes angoisses. J'inspire et souffle un bon coup avant de sortir. C'est parti me dis-je. Et je ne crois pas si bien dire car en reculant pour fermer ma portière, je bute dans une jeune femme vêtue d'un slim noir qui ressemble plus à une seconde peau qu'à un slim. Et il est savamment déchiré à des endroits stratégiques le rendant encore plus osé qu'il ne l'est déjà. Et bien qu'il fasse frais, elle ne porte qu'un simple top en dentelle noire sous un perfecto tout aussi noir que le reste de la tenue. 

Alors que j'arrive à balbutier un désolé à peine audible. Cette dernière ne prête pas la moindre attention à ce que je dis et me détaille de haut en bas avec une moue de dégoût qui arrive à me faire frissonner. Elle fait un pas dans ma direction et je reste tétanisée par cette femme, quand je vois qu'elle fait la bise à Andrew qui a fait le tour de la voiture pour nous rejoindre.

_ Salut Andy, commence-t-elle en mâchant son chewing gum. Alors comme ça tu fais du baby-sitting maintenant ? Poursuit - elle sans même m'accorder un simple regard ce qui rajoute encore à mon malaise. Instinctivement je me recroqueville sur moi-même.

_ Salut Naomi, non c'est pas du baby-sitting. Et à ta place je ferai attention à ce que je dis devant elle, lui répond - t - il froid. 

Elle arque un sourcil parfaitement dessiné et marche jusqu'à la porte de façon sensuelle, chose que personnellement je serai toujours incapable de faire. Puis avant de pousser les portes du bar pour entrer à l'intérieur, elle se retourne et me regarde avec dédain.

Andrew rattrape la porte battante à la volée et la maintient ouverte dans un geste de galanterie pour me laisser entrer. Mais au lieu de faire un pas en avant, je fais trois pas en arrière. Et dans ma grande chance, je butte contre contre quelque chose, enfin quelqu'un pour être plus précise. Je ferme les yeux et bredouille un désolé à peine audible.

L'homme derrière soupire et se décale sur le côté pour passer, mes neurones n'ayant toujours pas repris leur fonction dans mon cerveau. Pourtant quand il passe à côté de moi, je suis comme attirée. Je pose un rapide regard vers Andrew qui semble se décomposer mais garde la porte ouverte en lui faisant un signe de tête. Quand à moi, j'ose un regard vers lui mais il est clairement plus grand que moi. Il est tout en muscle mais mes yeux sont attirés par ses tatouages dans son cou. Les dessins sortent du col noir de son tee - shirt. Ils remontent jusqu'à la naissance de ses mâchoires. Pour être honnête, je ne me rends même pas compte que je le dévisage de façon pour le moins déplacée. 

_ Tu veux un mouchoir peut - être ? Non ? Me demande Andrew prêt à exploser de rire. 

Je redescend rapidement sur terre, très rapidement pour être honnête. Et pour le coup je suis clairement mal à l'aise.

_ Pardon ? . . . non . . . euh, repris - je en sentant mes joues chauffer signe que je dois être en train de devenir aussi rouge qu'une pivoine. C'est à  ce moment qu'Andrew prend conscience que je ne suis pas bien. Et heureusement pour moi, il change de sujet. Ce qui me convient parfaitement.

_ Bon allons - y, reprend Andrew, ton père doit t'attendre dans son bureau, termine - t - il plus sérieusement.

_ Mon père a un bureau ici ? Le bar lui appartient, ou il y travaille ? Lui demandais - je.

_ Oui . . . non . . . enfin, tu verras avec lui, termine - t - il un peu mal à l'aise. Mais en même temps, je vois qu'à peine dans le bar, il cherche quelqu'un du regard dans cette salle clairement bondée.

_ Tu cherches qui ? Je peux peut - être . . . , et laisse ma phrase en suspend. Je ne peux pas l'aider à trouver la personne qu'il cherche car je ne connais personne à part Laura, Charly, Jake, James et lui, tous les autres ne sont que des inconnus pour moi.

Je vois bien qu'il hésite entre rester avec moi et chercher cette personne. J'allais lui dire que j'allais l'attendre au bar.. Mais il me devance en me traînant à travers le bar jusqu'à un box un peu à l'écart d'où on peut voir toute la salle. Il me tire jusqu'à la table et me fait asseoir avant de me regarder avec froideur. 

_ Bon tu restes là. Tu bouges pas. Tu parles à personne tant que je suis pas revenu, me dit - il cette fois avec un regard que je ne reconnais pas chez lui. Il est soudain si froid que je demande un instant s'il n'a pas un frère jumeau.

J'acquiesce et le regarde s'éloigner, se mélanger au milieu de la foule. Je balaie alors la salle du regard et prends un instant pour admirer la décoration du bar. Tout est fait dans la pure tradition irlandaise. Le comptoir est en chêne massif, les banquettes et les tabourets recouverts de cuir vert émeraude. Les murs sont recouverts de nombreux cadres, des photos de bikers, des paysages irlandais, . . . Je suis perdue dans ma contemplation et ne remarque pas que l'on m'observe. 

_ Bon tu bouges, tu es à notre table, me dit une voix que je reconnais pour l'avoir entendue, il n'y a que quelques minutes seulement . . . Naomi.

_ Oh je suis désolée, c'est . . . Andrew qui m'a demandé de l'attendre ici, réussis - je à dire avec un soupçon de voix.

Alors que Naomi me regarde prête à me dévorer en une seule bouchée, un colosse se place derrière elle. Sans vraiment comprendre ce qui se passe, je lève la tête afin de voir cet homme qui vient de dire.

_ Y a un problème bébé ? 

Sa voix est rocailleuse et profonde. Je suis littéralement happée par le bleu glacier de ses yeux. Et cet homme, je le reconnais. C'est l'homme dans lequel j'avais buté par erreur. Et il était avec cette fille. Pourtant, je n'arrivais à m'empêcher de le détailler du regard.

_ Oui, cette pouffe est à notre table et elle ne veut pas bouger, commence - t - elle.

Je n'arrive même pas à répondre, je suis comme tétanisée. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois dire ou faire. Je sens le rouge monter une nouvelle fois sur mes joues et mes yeux sont prêts à brûler quand une voix tonne derrière.

_ Putain, c'est quoi ce bordel ? 

L'homme qui a prononcé cette phrase est de grande taille, allure sportive. Ses yeux sont noirs et ses cheveux courts d'un brun profond. Lui aussi à de nombreux tatouages sur les bras. Naomi et l'homme se retourne pour lui faire face. Soudain, la situation semble se tendre. Mais il ne s'arrête pas là.

_ Naomi, tu fais pas chier et tu vas chercher des bières. Putain Declan faut que tu apprennes à tenir ta régulière c'est clair et le boss veut te voir. Sans un mot Naomi se dirige vers le bar et cet homme, Declan sort du bar. Et à sa démarche, il n'a clairement pas apprécié ce qui vient de se passer. Mon sauveur s'assoit en face de moi et son visage se fait beaucoup moins dur. Il me tend la main au dessus de la table.

_ Alvaro Gomez, ma belle. Bienvenue dans la famille, en cas de problème tu me demandes, termine - t - il avec un sourire qui me mets à l'aise en une seconde.

TEARS, WEAPONS AND BLOODOù les histoires vivent. Découvrez maintenant