Chapitre 58 : Catriona

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Les jours qui se suivent, oscillent entre moments de grandes lenteurs et brouillard. Nous avons enterré mon père en grande cérémonie. Même si les membres du club ne pouvaient pas lui rendre hommage suite à la décision du grand conseil. Il a eu le droit à des obsèques en grande pompe. La haie d'honneur et le cortège étaient juste magnifiques. Les hommes étaient venus de partout et l'émotion était à son comble.

Mais parmi les moments les plus émouvants de cette journée, il y a eu l'hommage de mon grand-père à son fils, le discours d'Alvaro à mon père et enfin celui qui a surpris le plus de monde. C'est le moment où Andrew s'est levé de son fauteuil pour aider à porter le cercueil de mon père. La cérémonie s'est terminé au Bar. Tout le monde s'est retrouvé là-bas dans la plus pure tradition irlandaise.

Alvaro a fait l'annonce à laquelle nous nous attendions. Le club allait garder le Bar. Laura en sera la gérante. Alvaro va installer le club plus loin dans les montagnes. C'est une des conditions du grand conseil. Et il devra aussi en changer le nom. Mais Alvaro ne veut pas prendre cette décision seul même si il est quelque sorte le fondateur de ce nouveau club. Il veut que Jeffrey puisse avoir son mot à dire. Ce nouveau club sera en quelque sorte l'héritage de Jeffrey et de mon père.

Dans le tourbillon qui a suivi je me suis retrouvée chez l'avocat de mon père. Ce dernier avait tout prévu le lendemain de mon arrivée à Portland. Il avait fait changer son testament en mettant ces comptes à mon nom ainsi que l'acte de propriété d'une maison à Seattle. Personne n'en connaissait l'existence, même pas mon grand-père.

J'ai longtemps hésité et réfléchi à ce que j'allais faire de ma vie. J'ai pris le temps et aujourd'hui je démarre cette nouvelle vie. Je range les dernières photos dans un carton que j'essaie vainement de porter avec mon ventre arrondi.

– Hep ! Hep ! Hep ! Commence Laura, pose cela de suite, je ne veux pas que mes filleuls arrivent en avance, termine-t-elle en m'arrachant le carton des mains sous le rire moqueur d'Andrew. Et toi tu ne dis, s'énerve-t-elle sur lui du coup.

– Je te rappelle que c'est une O'Connell tu penses qu'elle m'écoute, lui rétorque-t-il en descendant un carton de livres à son tour.

Je regarde tout le monde s'activer pour charger le camion de déménagement avant d'aller observer l'océan de la terrasse. Ce n'est pas que nou sayons beaucoup de choses mais je suis sentimentale. J'ai récupéré quelques affaires dans l'appartement de Declan. Andrew était d'accord avec moi. Les enfants auront besoin d'avoir des choses de leur père. Cela me fait toujours bizarre de dire les enfants. J'avais décidé de poursuivre ma grossesse. Mais qu'elle n'avait pas été ma surprise quand on m'avait annoncé que c'était de faux jumeaux. Comme d'habitude cela n'avait pas ébranlé Andrew.

La décision de m'installer à Seattle, c'était imposée d'elle. Même si ici, j'avais ma famille. Vivre à Portland c'était aussi accepté de vivre dans le souvenir. Et je ne m'en sentais pas la force. Je ne voulais pas élever mes enfants en regardant toujours par dessus  mon épaule. J'avais proposé à Andrew de venir avec moi. Car pour être honnête, je ne me voyais pas affronter l'avenir seule. Mais il n'y avait pas que cela. Sa force apaisante, son calme et son amour avaient fini par réchauffer une infime partie de mon cœur que je pensais meurtri à jamais. Je sais très bien que je n'aimerai jamais Andrew comme j'ai pu aimé Declan. Mais je sais aussi que là maintenant ce dont j'ai besoin c'est d'avoir sa force tranquille à mes côtés. Andrew serait toujours là à mes côtés. Et il sera un très bon père pour mes enfants.

Je souris quand je sens deux mains se poser sur mon ventre. Et à son contact les petits bougent dans mon ventre. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'Andrew sourit. Il pose son menton sur mon épaule et parsème mon cou de délicats baisers.

– Tu es prête, le camion est chargé. Les autres nous attendent, commencent-ils en me serrant un peu plus contre lui.

Il sait que même si nous avons besoin de ce nouveau départ pour avancer. Je le redoute tout de même. Nous avons conclu un accord. Ils ne viendront pas Seattle au moins pendant un moment. Le temps que tout rentre dans l'ordre. Que nous nous fassions à notre nouvelle vie. Mais bien évidemment ils seraient tous présent pour l'arrivée des petits. Je ris souvent quand je pense aux premiers cadeaux de Laura et Alvaro pour les jumeaux, deux perfectos en cuir noir avec les bandanas assortis. Mais ce qui m'amuse le plus c'est la tête d'Alvaro quand Laura lui a dit le plus sérieusement du monde qu'elle lui laissait six mois pour la mettre enceinte car elle ne veut pas que nos enfants aient un trop grand écart d'âge.

Je me retourne pour lui faire et l'embrasse tendrement.

– Allons y. Mais je te le dis de suite, je vais pleurer comme une madeleine.

– Pas de soucis, je sécherai tes larmes, me rétorque-t-il en m'embrassant de nouveau.

– Hum !Hum ! Si vous voulez arriver avant la nuit, il va falloir partir maintenant les enfants, lâche Alvaro toujours mal à l'aise devoir celle qu'il considère comme sa filleule devenir une femme à part entière.

– On arrive, répondons-nous en chœur.

Comme je m'y attendais les adieux sont déchirants et je passe mon temps à pleurer dans les bras de tout le monde. Comme je m'y attendais aussi, Anna nous a préparé de quoi grignoter sur la route et toutes sortes de confitures. Jeffrey nous accompagne pour décharger le camion car on ne peut pas dire que je serai d'une grande aide pour Andrew et son dos n'est pas encore totalement remis. Et le moins que l'on puisse dire c'est que je ne suis pas en état de l'aider. Mes adieux les plus dures sont avec Laura. Elle est ma meilleure amie, et devoir me séparer d'elle est très difficile pour nous deux. Nous nous promettons de nous téléphoner au moins une fois par jour.

Et je sais très bien que même si on vit à trois heures de Portland, le club ne nous laissera jamais tombé. C'est une famille à laquelle on appartient pour la vie.

Je ne vois pas le trajet passer car à peine Andrew a-t-il démarrer que je sombre dans le sommeil. Je me réveille quand nous entrons dans la ville. La maison se trouve dans un quartier résidentiel très calme. Elle est située en retrait de la route et dans un environnement très boisé. Elle est encore plus belle en vraie que sur les photos. Seul Andrew et Jeffrey étaient venus pour vérifier que tout serait prêt pour notre emménagement et qu'il y avait tout ce qu'il fallait dans le quartier.

Le déchargement se passe bien et par chance les voisins se sont montrés accueillant et sont venus nous aider. Résultat des courses, le camion a été vidé en deux heures top chrono. Mais voir partir Jeffrey, le travail terminé, s'est avéré être encore une étape douloureuse mais nécessaire pour que nous avancions Andrew et moi dans cette nouvelle vie.

Le temps s'écoule doucement mais sûrement. Andrew a trouvé un job de mécanicien dans un garage non loin de notre maison. Je profite du temps qu'il me reste avant l'accouchement pour aménager la chambre des petits. Cela me fait du bien. Je me sens enfin sereine et heureuse. Je me dis que tout ira bien maintenant. Le plus est derrière nous. Nous avons enfin le droit d'être heureux et nous le seront pour tous ceux que nous aimons et que nous avons perdu.

FIN


Voilà c'est la fin de cette histoire. Je l'ai commencé il y a un peu plus d'un an et je remercie toutes celles et ceux qui l'ont lu et qui ont donné leur avis. J'ai adoré l'écrire même si faire la fin n'a  pas été facile. Je ne reviens toujours pas qu'elle ait plu à autant d'entre vous. Je ne pensais pas mais cela me donne l'envie de réfléchir et construire la suite qui je pense en surprendra pas mal si j'arrive à faire ce que je veux.

Je vous souhaite à toutes et tous une bonne fin de journée, de soirée ou de nuit suivant le moment où vous lirez ce message. 

TEARS, WEAPONS AND BLOODOù les histoires vivent. Découvrez maintenant