Quand je la vois dans le bar, elle est juste . . . y a pas de mot. Je reste là, à l'observer quelques instants mais visiblement trop puisqu'elle se retourne et me regarde. Et merde. D'abord hésitante, elle finit par me sourire. Je déteste cette sensation de chaleur qui me parcourt quand elle pose ses yeux sur moi. Tout comme je refuse d'admettre que les battements de mon cœur s'accélèrent. Je m'en veux de ressentir quelque chose. Elle ne doit pas s'approcher de moi, pas comme ça.
Je fais ce que je dois faire pour la tenir éloignée. Alors quand elle me sourit en signe d'apaisement. Au lieu de lui répondre, je tourne les talons et pars en secouant la tête comme si sa réaction était stupide. Alors que non, bien au contraire. Je me comporte comme un sombre connard avec elle. Et . . . et elle trouve le moyen de se montrer compréhensive et de faire un pas vers moi.
Quelque part je comprends pas son attitude. Elle est juste douce et pense sûrement qu'il y a du bon en chacun de nous. Ce qui me fait doucement rire car pendant la distribution j'avais du être oublié, me dis - je à moi - même, en riant intérieurement. Car si elle me connaissait vraiment. Si elle savait qui je suis, ce que j'ai fait et ce que je fais encore. Elle prendrait ses jambes à son cou et partirait le plus loin possible de moi. Et au final c'est ce qu'il faut.
Je m'éloigne vers un box au fond de la salle. J'ai besoin de m'isoler un peu pour retrouver mon calme. Je ne sourcille même pas quand une pinte de Guiness se pose devant moi. Je me contente de tendre la main et de vider la moitié de ma pinte.
_ Alors t'as tiré ton coup ? Me lâche Alvaro en souriant, parce que là t'as l'air encore plus tendu que tout à l'heure.
Je me marre à sa remarque, car il sait très bien que je me tape sa sœur. Je finis quand même par lui dire.
_ Tu sais quand même qui je me tape ces derniers temps ?
_ Ouais ma frangine, me répond - t - il entre deux gorgées de bière.
_ C'est marrant pour un grand frère, ça a pas l'air de te déranger que je couche avec sans pour autant que se soit sérieux, commençais - je au risque de le mettre clairement en pétard. Mais allez savoir pourquoi. Je suis joueur ce soir.
Alvaro pose sa bière et ses mains sur la table. Puis il s'avance un peu au dessus de la table. Son visage se fait sérieux et il parle calmement pour que je comprenne bien que ce qui va suivre est des plus sérieux.
_ Ecoute, Naomi est ma petite sœur, mais elle a rien d'une oie blanche. Et si elle a décidé de te mettre le grappin dessus. Et bien paix à ton âme mon frère car elle lâchera pas l'affaire facilement. Et plus tu résisteras plus elle verra ça comme un défi. Par contre si tu la fais souffrir volontairement. Je te massacre membre du club ou pas, termine - t - il le plus sérieusement du monde avant de se réinstaller confortablement sur la banquette.
_ Tiens en parlant de la louve, plaisante - t - il en désignant la porte.
Je me décale pour regarder et je ne suis pas surpris de voir Naomi faire son entrée dans une tenue des plus provocante mais qui je dois bien l'avouer met clairement ses courbes en valeur. Sa robe est si moulante que je mets ma main à couper qu'elle ne porte pas de sous - vêtements. Contrairement à il y a quelques jours encore, cette simple idée m'aurait donné envie de l'emmener dans un coin tranquille pour vérifier.
Mais pour autant, je ne peux pas nier qu'elle est clairement canon. Tous les mecs qui sont dans ce bar, maqué ou pas, ne peuvent pas s'empêcher de jeter un œil quand elle passe près d'eux. Et pourtant elle se dirige droit vers notre box. Elle ne me quitte pas des yeux alors que les miens se baladent sur son corps.
Arrivée à notre table, son parfum trop fort et capiteux, envahit l'air. Pendant un instant, je détourne la tête. Et je commets une grave erreur. Mon regard se pose sur elle, Catriona. Elle est derrière ce comptoir et sert les gars. Elle arrive à irradier rien qu'en servant des bières. Elle est douce, souriante. Sa place est partout sauf ici et pourtant elle semble avoir trouvé sa place. Ses longs cheveux blonds ondulent sur ses épaules à chaque mouvement. Les bandes de dentelle marine sur sa robe sont placées de façon à souligner sa poitrine, mais pas de façon vulgaire . . . non c'est sensuel, une invitation à . . .
Mais je suis stoppé net dans ma rêverie par la voix de Noami.
_ Alors bébé, tu te sens pas trop seul ? Me demande - t - elle beaucoup trop aguicheuse.
J'ai envie de lui répondre d'aller voir ailleurs si j'y suis. Mais en même temps, si je veux penser à autre chose Naomi peut s'avérer être un très bon dérivatif. Et puis je veux pas la remballer devant son frère et comme me l'a dit Alvaro, tirer un coup me ferait du bien. Alors, j'enfouis bien au fond de moi, ce que je pense et fait ce que je dois faire pour la garder loin de moi.
_ Ouais, tu étais pas là, lui répondis - je en me déplaçant pour lui laisser une place sur la banquette à côté de moi.
Je crois que si elle pouvait sauter sur place au milieu du bar sans avoir l'air con, elle le ferait. La conversation reprend son cours jusqu'à ce qu'Alvaro mette sa langue dans la bouche de la blonde pulpeuse, dont j'ai oublié le nom et qui accompagnait Naomi. Je lui proposer d'aller boire une bière quand elle me prend de vitesse et se jette sur mes lèvres.
Je reste comme un puceau pendant une seconde avant de répondre à son baiser. Je ne voulais pas l'embrasser ici mais après tout pourquoi pas. Et si Catriona nous voit et bien cela lui donnera une bonne raison de plus de me détester. Je passe alors un main derrière son cou pour l'attirer encore plus contre moi. Elle répond à mon baiser en gémissant de façon disproportionnée. Je coupe court à ce baiser et lui dit :
_ J'ai besoin d'un verre.
_ C'est vraiment un verre que tu veux, car on peut le prendre chez moi, on serait plus tranquille, reprend - t - elle en promenant sa main sur mon torse avec ses ongles manucurés en rouge vif.
_ J'ai soif, dis - je en me levant et en allant vers le bar.
Je n'ai pas fait deux pas, que je la sens s'enrouler contre mon corps. Je ne dis rien et avance. Près du bar, je me rends compte que si je veux boire, je vais devoir parler à Catriona. Et là c'est Naomi qui m'offre la solution sur un plateau.
_ Tu veux boire quoi bébé ? Me demande - t - elle toujours en minaudant.
Je lui dis que je veux une bière et alors qu'elle se penche vers le comptoir pour commander, elle enroule mon bras autour de sa taille. Et je la laisse faire. Mais pour autant je ne m'attendais pas à ce qui allait suivre. C'est vrai que Naomi peut avoir un côté garce et là ce soir, elle le laisse pleinement s'exprimer . . . mais ce que j'aime moins c'est que c'est contre Catriona, mais je peux rien dire. Elle doit me détester alors je laisse Naomi faire même si je bous intérieurement. Alors quand elle quitte le bar presque en courant, je n'ai qu'une envie la suivre et la réconforter . . . mais je reste à ma place.
Je serre les poings quand je vois Andrew partir à sa suite sa veste à la main. Puis je me rappelle que je dois m'assurer de sa sécurité. Je murmure une excuse bidon à Naomi avant de l'embrasser langoureusement pour effacer tout doute et sors du bar par l'arrière.
Je les suis discrètement et rien de dangereux à l'horizon. J'aimerai être plus prêt pour entendre ce qu'il lui dit. Pour entendre ce qui la fait sourire car pendant un bref instant je suis sûre qu'elle a souri. Mais un douleur telle un coup de poignard me plie en deux quand je la vois se jeter sur les lèvres d'Andrew, quand je la vois l'embrasser . . . J'en ai le souffle coupé et j'ai le sentiment que je vais m'effondrer mais non. Je refuse de ressentir une émotion, cette émotion. Alors je laisse la rage et la colère que j'ai contre moi m'envahir et retourne au bar. Je vais détester et me détester pour ce que je vais faire . . .
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TEARS, WEAPONS AND BLOOD
General FictionCatriona va fêter ses 18 ans dans quelques mois. Elle partage sa vie entre le lycée, et sa mère, Lisa infirmière au Cedar Sinai de Los Angeles. Jusqu'au jour où tout son univers bascule. Un accident de voiture, de ceux qu'on ne croit arriver qu'aux...