Chapitre 19 : Declan

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Les quelques mètre qui me séparent du bar semblent s'allonger à chaque pas que je fais. C'est comme si tout se mettait contre moi. L'arrivée de cette fille dans ma vie, sa façon de me regarder, ce qu'elle déclenche en moi. J'ouvre la porte avec violence mais personne ne le remarque car la fête bat son plein même si elle est partie. Enfin personne ne le remarque sauf Alvaro qui vient direct vers moi.

_ C'est quoi le problème ? Pourquoi t'es là, alors qu'elle est dehors ? Me demande - t - il clairement agacé que je ne sois pas à mon poste.

_ Elle est sur le parking en train de bécoter Andrew donc y a pas de problème. Le p'tit merdeux va la ramener et la border. Donc y a pas de problème, rétorquais - je brusquement le regard noir prêt à tuer. 

Alvaro est un instant surpris. Dans le club, le maître mot c'est le respect. Et tout le monde le respecte et le craint car il n'est autre que le numéro du club. Donc il a clairement pas l'habitude qu'on lui réponde de la sorte. La hiérarchie y est claire et bien établie. En ce qui me concerne, j'ai un statut particulier . . . pas vrai de place, mais plutôt proche du boss. Mon rôle c'est éliminer les menaces et le prévenir. Celui dont on a besoin mais qu'on veut pas forcément côtoyer. 

Alvaro me regarde quelques instants essayant probablement de comprendre ce qui se passe dans ma tête alors que je n'en ai moi - même pas la moindre idée. Je veux juste oublier ce que j'ai vu. Je veux juste oublier cette douleur sourde qui résonne dans ma poitrine. Alors que j'en suis presque à me dire qu'on va finir par se foutre sur la gueule, lui et moi, tant la tension monte. Et dans un sens, j'en aurai presque envie pour être honnête. Mais comme à son habitude, il trouve la bonne solution.

_ Bois un verre et rentre chez toi. Mais demain va falloir qu'on discute et pas qu'un peu, termine - t - il en posant sa main sur mon épaule en signe d'apaisement. Je ne dis rien mais je sais que demain la discussion ne sera pas de tout repos. 

Sans un mot, je m'approche du comptoir du bar et jette un regard à Jeffrey qui comprend de suite ce que je veux. En moins de temps qu'il en faut pour le dire, un bon verre de whisky est posé de moi. Et encore une fois encore en moins de temps qu'il en faut pour le faire, je le descends. Lui et un bon nombre d'autres qui vont se suivre. 

Je ne sais pas combien de temps, je reste assis tel un pilier de bar à enchaîner les verres.  Je me dégoûte quand je croise mon reflet dans le miroir devant . . . car je lui ressemble. A ce connard, à cet homme qui nous battait ma mère et moi. Toutes les putains de décisions, tous les choix que j'avais pu faire dans ma vie n'avait qu'un seul but . . . ne pas lui ressembler. Mais au lieu de faire le bon choix, arrêter de boire et rentrer. Je fais le mauvais.

_ Un autre, dis - je sans même regarder à qui je m'adressais. 

_ T'as assez bu pour ce soir, me dit une voix  féminine que je reconnais. 

_ Laura, fais pas chier et sers moi, dis - je plus fort cette fois. C'est pas que je ne veux pas être correct. Je ne veux pas de leçon de moral juste un verre, un verre pour oublier, un verre pour ne plus avoir mal. Et comme un con, je crois bon de rajouter, C'est ton job de serveuse non ou alors tu te contentes d'arpenter le bar un plateau à la main en roulant du cul ? Prendre la commande et apporter les verres, c'est dans tes cordes non ?

A peine ma phrase terminée, je me rends compte que je suis allé trop loin mais trop tard. Ce qui est dit et dit. Charly se matérialise à côté de moi et ouvre sa grande gueule.

_ Tu vas trop loin là Declan. Elle te servira plus et tu ferais bien de rentrer chez toi, dit ce dernier.

_ Ta gueule Charly, repris - je en me levant. Avec ce que j'avais bu ça tournait un peu mais en secouant la tête, tout se remet doucement en place. J'ai pas besoin d'une nounou, d'accord. Et je veux ce putain de verre, beuglais - je cette fois en tapant du poing sur le comptoir. 

_ Declan je te servirai pas, me répond - t - elle calmement mais fermement. Et toi Charly, j'ai pas besoin d'une nounou, c'est clair, reprend - t - elle en colère contre son frère. 

Comme je la comprends. Je ne supporte que l'on prenne soin de moi ou que veuille me protéger. Ça me donne l'impression d'être vulnérable et je déteste ça par dessus tout. Je déteste ce sentiment de faiblesse. Et  Laura fait partie de ses nanas que je respecte pour leur volonté de se débrouiller seule. Il faudra que je m'excuse quand . . . enfin quand j'aurai les idées claires, plus claires que maintenant en tout cas. Quand à Charly, il joue son rôle de grand frère et avec une frangine comme Laura ça doit pas être du gâteau tous les jours. C'est dingue ce que je peux être cohérent quand je suis bourré. 

Mais comme toute personne ivre, je suis aussi un peu con. Et au lieu de fermer ma gueule, je croix bon d'ajouter.

_ Oui, Charly ferme ta gueule.

Charly ne répond rien mais sert les poings il se retient de m'en coller une. Je vois que ça le démange. Il se contient mais moi je suis trop con pour m'arrêter, enfin j'ai surtout besoin de cogner. Alors je n'attends pas qu'il ouvre les hostilités, je balance un bon crochet du droit qu'il n'a pas le temps d'esquiver. Mais il ne se laisse pas faire. En moins de quelques secondes les coups pleuvent à la différence c'est qu'au lieu de les recevoir, je le donne. Je ne suis plus moi - même et même si Charly est un bon adversaire, il ne peut rien faire quand je me transforme en machine. Je cogne sans même regarder ou avoir conscience de ce qui se passe autour de moi. 

Le silence est totale dans le bar, sauf Jeffrey qui crie mais je ne saisis pas ce qu'il dit. Je sens juste qu'on essaie de m'arrêter mais que moi je veux pas arrêter. Je veux cogner car quand je cogne j'ai juste plus mal. Ils doivent se mettre à cinq pour me stopper. 

La suite est floue. Ça crie, ça pleure, ça se bouscule mais je ne comprends pas tout ce qui se passe. Je me rappelle juste que Naomi me relève et me met dans sa voiture avec l'aide de deux des gars qui m'ont immobilisé. Puis après rien . . . 

Le soleil est déjà bien haut quand je me réveille mais aussi un sacré mal de crâne. J'ouvre les yeux avec difficulté mais une fois ouvert tout me revient en boomerang. J'inspire un bon coup en me pinçant l'arête du nez, me demandant comment j'allais pouvoir gérer le merdier que j'avais foutu hier soir au bar. Seule une bonne douche me réveillera complètement. Je sors du lit et me dirige vers la salle de bain. 

Je fais couler l'eau et regarde mon reflet dans le miroir. Je grimace en voyant mon visage. J'ai l'arcade ouverte, et mes mains sont écorchées mais soignées comme mon arcade d'ailleurs. Je me glisse sous l'eau pensant déjà au fait que je devais voir Alvaro mais aussi Charly. Putain j'espère que je l'ai pas trop abîmé. Je suis perdu dans mes pensées et à comment gérer la situation quand je sens deux mains me caresser le dos. Mon premier réflexe est de me tendre mais je sais déjà qui s'est. Je secoue la tête me demandant à quel point j'avais pu merder hier.

_ Naomi, soufflais - je

_ Oui, me répond - t - elle doucement en venant se placer devant moi.

Je la regarde mais je n'ai pas envie de parler. J'ai l'impression qu'elle est différente. Sans maquillage, sans ses grands airs, elle est juste très belle. Pendant un instant, j'ai l'impression de ne pas la reconnaître. elle semble douce et presque fragile ce qui n'est pas du tout son genre. 

_ Ecoute Naomi, je suis pas sûr que se soit une bonne idée. Tu devrais rentrer chez toi, dis - je avec douceur j'avais suffisamment foutu le bordel pour ne pas en rajouter.

_ Je ne vais pas rentrer Declan, je te connais et je sais ce qu'il te faut, commence - t - elle, j'allais  ouvrir la bouche pour lui redire de partir quand elle plaque ses lèvres sur les miennes.

Je sais que je devrais la repousser mais bizarrement je réponds à son baiser. Dans un sens elle a raison, j'en ai besoin. Alors je me laisse aller. Je la laisse faire et je finis par la plaquer sauvagement contre la paroi de la douche. Je prends ce qu'elle m'offre. Je prends ce qu'elle veut que je prenne. Elle ne s'offusque pas de ma sauvagerie. Elle l'accepte. Quelques part, elle m'accepte comme je suis. Elle a vu le monstre hier soir et elle est là. Et même, si je sais au fond  de moi que ce n'est pas elle que je veux. Ce n'est pas sa peau que je veux sentir contre la mienne. Mais je continue. Et puis Naomi connaît mon mode de vie. C'est horrible mais elle m'aidera à éloigner Catriona de moi pour son propre bien et sa propre sécurité.

TEARS, WEAPONS AND BLOODOù les histoires vivent. Découvrez maintenant