TEARS, WEAPONS AND BLOOD

Chapitre 50 : Catriona

L'impact est tellement violent que des cartons se mettent à vaciller. Sans réfléchir, Nico se jette sur moi et me pousse violemment sur le côté pour m'éviter d'en recevoir un sur la tête. Je tombe lourdement sur le sol mais évite de peu un choc à la tête. Je me relève et vois Nico, un peu sonné mais coincé sous la pile de cartons qui s'est effondrée sur lui, l'empêchant de bouger. Je constate qu'il est toujours vivant mais aussi que son arme gît sur le sol à mes pieds. 

Je reste plusieurs secondes à regarder  cette arme avant de comprendre au plus profond de moi que si je n'ai pas encore craqué. C'est tout simplement parce ce qui m'a fait tenir debout c'est l'idée ou plutôt la certitude que Niall doit mourir. Je me baisse lentement pour récupérer l'arme dans mes mains. Je la soupèse, elle est plus lourde que je ne le pensais. Nico ouvre doucement les yeux et me regarde désemparé comprenant ce que j'ai en tête. 

Il ouvre la bouche pour dire un mot mais se ravise aussitôt face à mon regard déterminé. Il n'y a pas besoin d'être un fin limier pour comprendre qu'en cet instant la seule chose que je veux c'est la mort de Niall. Je lui tourne le dos et avance prudemment vers la porte derrière laquelle se joue une véritable guerre.

Le bruit des tirs est continu. J'entends crier, hurler des ordres que je comprends pas tant tout est assourdissant. Pour autant, j'arrive à reconnaître les voix de mon père et d'Alvaro. Je ne doute pas qu'ils soient venus nombreux pour me sortir d'ici. Mais ce que je veux avant tout c'est mettre une balle dans la tête de Niall. 

J'ouvre doucement la porte sur quelques centimètres car je ne veux pas attirer l'attention sur moi. Par l'entrebâillement de la porte, je vois qu'un van noir avec un pare buffle a littéralement éventré le mur en tôle de l'entrepôt, permettant ainsi aux hommes de mon père de pénétrer dans la cache de Niall. 

Je mets un peu de temps à repérer qui est qui et qui fait quoi, quand une silhouette que je reconnaîtrai n'importe où entre dans ma champ de vision. Il est là, derrière un empilement de table avec bien sur Tony à ses côtés. Tony sera prêt à se sacrifier pour ce connard de Niall. C'est ce qui m'embête car quelque part, il a essayé de me protéger à sa façon. Mais si je dois le tuer pour atteindre Niall, je le ferai. 

Voyant que personne ne regarde dans ma direction, j'ouvre la porte suffisamment pour pouvoir me faufiler dans l'entrepôt. Tout a été retourné, il y a des bouts de tôle, des palettes disposées dans tous les sens, sans doute pour pouvoir se protéger des tirs et assauts des hommes de mon père.

Je progresse doucement mais sûrement vers ma cible. C'est comme si tout se met en place pour faciliter ma progression. Et à ma plus grande surprise, j'arrive à me positionner juste derrière lui sans que personne ne m'arrête. A cet instant, c'est comme si j'étais à l'extérieur de mon corps. Je me vois regarder l'arme que j'ai à la main. Je me vois enlever le cran de sûreté et la lever sur la nuque de Niall. Mais cela ne me suffit pas. Je ne veux pas l'abattre d'une balle dans le dos. Je veux qu'il voit mon visage et toute la haine que j'ai pour lui.

Quand mon arme le touche enfin, tous les bruits de tirs cessent subitement. Mon arme ne bouge pas et je sens à mon tour quelque chose de froid se coller contre ma tempe. Je ne bouge pas car je sais très bien ce que c'est. C'est le canon d'une arme qui se pose contre ma tempe pour éviter que j'ôte la vie à Niall.

_ Pose ton arme gamine, me dit Niall d'une voix froide, tu n'y arriveras pas. Tony te tuera avant que ton doigt ne presse la gâchette, termine - t - il.

_ Apparemment Tony et toi, vous n'avez pas beaucoup écouté les cours de biologie quand vous alliez à l'école, repris - je avec un son entre le hoquet de surprise et le rire. Alors je vais vous éclairez les garçons. Mon doigt est crispé et à la seconde où Tony tireras. La balle me tuera, oui, mais en me tuant tout mon corps va se crisper et . . . tu devines la suite . . . non ? Terminé - je plus sûre de moi que jamais.

Je me fiche de mourir. A cet instant précis, je me fiche de tout pour être honnête. Je suis désolée pour le club et ma famille mais sans Declan, . . . J'inspire un bon coup pour ne pas craquer. Je ne dois pas laisser ma peine me submerger. Je dois juste garder la colère et la haine. Ce sont elles qui me guideront pour ce que j'ai à faire. Je prends bien appuis sur mes pieds et presse un peu plus la détente. Je sens la dernière résistance et . . . je bloque. Pour une raison que j'ignore. Je n'arrive pas à appuyer sur la détente.

_ Catriona 

C'est la voix de mon père qui me sort de la torpeur. 

_ Cat ne fait pas ça . . . Laisse nous le faire . . . Laisse moi le faire . . . Ne fout pas ta vie en l'air pour lui ma puce, poursuit - il en s'approchant de moi. Je ne tourne pas la tête mais je le vois se déplacer dans mon champ de vision.

_ Non je ne foutrai pas ma vie en l'air en le tuant. Ça ne le ramènera pas mais il y aura au moins un semblant de justice, lui répondis - je vivement.

_ C'est pas ça. Tuer un homme n'est pas anodin Catriona cela te hantera toute ta vie, reprend - t - il plus fermement.

Pendant un instant, le doute s'insinue sous ma peau. Je me demande ce que Declan en penserait. Et je peux voir d'ici sa tête avec un air réprobateur, prêt à m'arracher l'arme des mains en me faisant toute une série de remontrances. 

Sans vraiment le vouloir car tout bataille en moi, je sens la tension dans ma main faiblir et la pression de mes doigts se relâcher. Je sursaute quand mon père me fait baisser mon arme alors qu'Alvaro désarme en moins de deux Tony par surprise.

_ Alors toi connard, plus jamais tu braques une arme sur ma nièce ! S'énerve Alvaro en reculant d'un pas prêt à tirer sur Tony.

_ Non ! dis - je en m'interposant entre l'arme d'Alvaro et Tony.

_ Pousse toi Cat, j'voudrai pas te blesser, me retorque Alvaro clairement pas commode.

_ Il m'a sauvée, avec son fils Nico. Il est bloqué dans la réserve vous devriez l'aider, dis - je comme si je donnais les ordres aux hommes de mon père.

Alvaro regarde mon père qui lui fait signe d'y aller avec le dit Tony.  Sans la moindre hésitation, les deux se dirigent vers le local où j'étais il y encore quelques secondes. Je lève les yeux et prend alors conscience de ce qui vient de se passer autour de moi. Ce n'est que chaos, on se croirait dans une véritable scène de guerre. De nombreux hommes sont au sol mort ou gravement blessé. Je laisse échapper un léger soupir de soulagement quand je constate que tous les hommes portant les insignes du club de mon père sont débout.

C'est précisément ce moment de flottement que choisit Niall pour tenter de s'enfuir. Il arrive seulement à faire quelques pas car il est hors de question que cet enfoiré s'en sorte. Sans réfléchir mon bras qui tient l'arme se lève. Et cette fois, je n'ai pas de résistance et presse la détente jusqu'au bout. Le bruit de l'arme résonne encore dans mes oreilles alors que le corps de Niall s'effondre mollement sur le sol. 

Tous les regards sont braqués sur moi. Je viens de tuer Niall, de sang froid, sans la moindre hésitation, sans le moindre regret.