Tristan
Mon attention se porta sur Elliot tandis que Gauthier détaillait les prises du jeune homme. J'avais beau l'avoir testé sur cibles, j'étais toujours impressionné par ses performances du matin même sur la statue et à présent à la chasse. Elliot dût sentir mon regard sur lui car après un léger mouvement des pupilles dans ma direction il commença à prendre une légère couleur rouge. Visiblement il n'était pas très à l'aise avec l'étalage de toutes ses performances, en plus d'être bon tireur il se révélait humble. Frédéric m'avait vraiment présenté une perle rare, restait à savoir si je pouvais lui faire confiance les yeux fermés.
Je retournai à mes occupations qui consistaient à la supervision de l'installation du camp pour la nuit. Les chevaux avaient toujours leur selle et rien n'était installé pour dormir, je donnai donc des directives afin que tout soit fait le plus rapidement possible. Edwin me sollicita une demi-heure plus tard, lorsque le camp fut monté.
- Messire, il y a une rivière un peu plus loin vers le nord. Est ce que nous pourrions y prendre un bain ?
- Bien sûr, mais prenez vos armes avec vous, nous ne sommes jamais trop prudent.
- Vous pouvez y aller aussi Elliot, l'autorisai-je en le voyant rester.
- Euh non... je vais rester ici avec Gauthier Messire, me répondit-il un peu gêné.
Une dizaine de minutes plus tard, j'étais donc seul avec Elliot et Gauthier au camp, tous mes autres hommes étant à la rivière pour un bon bain. La jeune connaissance de Frédéric m'intriguait toujours autant et je ne pus m'empêcher de la détailler du regard. Elliot semblait un peu frêle comparé aux autres garçons de son âge, mais il compensait ce défaut par son habileté à manier l'arc. Le voir discuter joyeusement avec Gauthier diffusa un sentiment innommable en moi et, le sourire aux lèvres, je retournai à ma carte pour planifier le trajet à emprunter les jours suivants.
¤ ¤ ¤
Nous en étions à notre troisième jour de chevauchée et il pleuvait depuis l'aube, ce qui minait le moral de mes troupes. J'ordonnai une halte dans un village en début d'après-midi pour que tout le monde puisse se sécher le temps d'un repas frugal.
- Le temps ne semble pas vouloir s'améliorer Messire, murmura Elliot assis à ma droite contre la fenêtre.
- Cette nuit, nous dormirons à l'auberge dans le prochain village, annonçai-je à mes hommes, ce qui sembla leur remonter le moral.
Cette étape avait été prévue en amont du départ et tombait à pic avec le mauvais temps.
Nous reprîmes rapidement la route après le repas pour gagner le village suivant et l'auberge où nous passerions la nuit. Nous y arrivâmes en fin d'après-midi, plus tôt que prévu. Je confiai ma monture à Elliot pour aller à la rencontre du propriétaire de L'Auberge du Chevreuil Doré. Le mauvais temps faisait disparaître la luminosité du soleil, si bien que lorsque je pénétrai dans l'auberge, j'eus l'impression d'être en pleine soirée. Le propriétaire m'évalua du regard et s'empressa de s'incliner en voyant la qualité de mes vêtements.
- Bonjour Messire, nous ne vous attendions pas si tôt.
- Je m'en doute bien, mais le temps nous a fait hâter le rythme. Mes hommes sont en train d'installer nos montures à l'écurie. Pouvons-nous nous installer dès à présent dans la salle pour faire sécher nos vêtements et préparer le reste de notre périple ?
- Bien sûr Messire ! Je vais de ce pas en cuisine rejoindre ma femme pour la préparation de votre dîner.
- Merci, mon brave.
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Héloïse ou Le double jeu
Historical FictionAutant vous prévenir de suite, il y aura bien une demoiselle en détresse mais pas de dragon, pas de marraine la bonne fée ni de chevalier servant. Quant au noble qui doit épouser la demoiselle en détresse à la fin de l'histoire... c'est un Vicomte m...