Tristan
- Monsieur le Vicomte de Marsan, vous avez sollicité une audience auprès de moi hier. Quel est l'objet de la requête qui vous amène ici, à ma cour ?
Le Vicomte se trouvait au bas des escaliers menant au trône où le Roi était assis. Charles VIII était encore jeune mais n'avait toujours pas d'héritier du haut de ses vingt-sept ans. Sa femme, Anne de Bretagne, n'était pas présente et pour cause : elle était à nouveau enceinte et il se murmurait que le bébé était pour bientôt. Les médecins royaux prenaient toutes leurs précautions à cause des décès prématurés des précédents enfants du couple royal.
Les nobles étaient assemblés dans la pièce, prêts à savourer le spectacle. Il n'y avait aucun doute sur le fait que le Vicomte avait du raconter ses mésaventures au dîner de la veille et que la pièce fut autant remplie uniquement pour cette raison. Pour ma part, je fulminais, j'avais envie de le provoquer en duel immédiatement, avant qu'il n'ait eu le temps de formuler sa requête devant ce par terre du gratin de la noblesse du royaume de France. Mais je devais me contenter d'une place dans l'assistance à observer le Vicomte tenter d'obtenir les faveurs du Roi au sujet d'Héloïse.
- J'ai pour projet de me marier avec une orpheline qui était jusqu'à présent sous la tutelle d'un couvent non loin de mon Vicomté.
- Bien, et que puis-je faire pour vous ?
- Cette jeune femme a disparu depuis que je l'ai rencontrée chez le Comte d'Armagnac et qu'il s'est opposé à cette décision. Et pourtant, rien ne l'y autorise, j'ai récupéré la tutelle de la jeune femme. Cet homme m'empêche d'accéder à mes droits. Je viens devant vous, pour solliciter votre pouvoir de justice sur vos sujets votre Altesse Royale.
Son ton mielleux me donnait envie de lui passer l'épée au travers du corps, il m'écœurait.
- Bien, Monsieur le Comte d'Armagnac, pourriez-vous nous rejoindre, que nous tirions cette affaire au clair ?
Mon père quitta le bord de la foule où nous étions pour aller s'incliner devant le Roi, à quelques pas du Vicomte qui donnait l'impression de jubiler. Je comptais lui faire ravaler son sourire tôt ou tard.
- Où est donc la jeune femme en question ?
- Je n'en sais rien votre Altesse Royale.
- Il ment, c'est l'une de ses domestiques, il sait parfaitement où elle se trouve, s'exclama le Vicomte.
- S'agit-il bien d'une de vos domestiques ?
- Oui, mais elle n'ait plus apparu au château depuis plusieurs jours. Je jure devant Dieu que j'ignore où elle se trouve puisqu'il semble qu'elle ne soit pas non plus chez la femme qui l'héberge depuis presque sa naissance.
- Cela ne change rien au fait qu'il s'agit d'une de vos domestiques. Si le Vicomte possède bien la tutelle de cette femme qu'il souhaite épouser, vous ne pouvez rien y faire et ne devez pas vous y opposer comme vous l'avez déjà fait et cacher cette domestique pourrait vous couter cher. Vos titres sont une récompense pour ce que votre famille a fait pour la famille royale un jour, mais il me suffit d'un mot pour vous les retirer, asséna le Roi.
- Non, non, gémit Frédéric, il ne peut pas se laisser avoir par les paroles du Vicomte...
Les nobles autour de nous jubilaient de la situation, beaucoup n'avaient pas vu de noble se faire déchoir de ses titres et mourraient d'envie d'y assister en ce jour. Je m'avançai hors de la foule pour venir me placer devant mon père et me fendis d'une légère courbette.
- votre Altesse Royale, me laisseriez-vous prendre la parole sur cette affaire ?
- Qui êtes-vous ?
- Je suis Tristan d'Armagnac, le fils du Comte d'Armagnac.
VOUS LISEZ
Héloïse ou Le double jeu
Ficción históricaAutant vous prévenir de suite, il y aura bien une demoiselle en détresse mais pas de dragon, pas de marraine la bonne fée ni de chevalier servant. Quant au noble qui doit épouser la demoiselle en détresse à la fin de l'histoire... c'est un Vicomte m...