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Héloïse

Tristan me ramena à son torse pour chuchoter dans mon oreille.

- Vous avez toujours fait réagir mon corps, même quand je ne vous avais pas encore percée à jour...

Je frissonnai, sa voix rauque modulée par le désir qu'il ressentait faisait toujours réagir mon corps de la plus délicieuse des façons.

- Puis-je libérer votre chevelure de votre capuche ? M'interrogea-t-il.

- Mais si quelqu'un nous voit ?

- Il fait nuit, personne ne viendra ici et si vous craignez qu'on vous surprenne, verrouillez la porte de la chambre.

Quittant à contre cœur le refuge de ses bras, je me levai pour fermer la porte avec le verrou. Devant le lit, j'ôtai ma capuche et me débarrassai de mon manteau par la même occasion. Avant que je n'ai eu le temps d'enlever le chapeau de feutre, Tristan me tira à nouveau à lui. Je me laissai tomber sur le bord du matelas à ses côtés tandis qu'il tendait la main vers ma tête pour libérer lui-même la tresse de sa cachette. Il glissa ensuite les doigts dans mes mèches avec un soupir de satisfaction.

- Je suis navré si j'ai pu vous faire peur, s'excusa-t-il après un instant de calme et de silence.

- Adélaïde, une domestique du Duc d'Orléans qui attendait dans le couloir en même temps que moi, m'a rassurée en m'expliquant que le médecin était l'un des meilleurs, répondis-je en évitant de repenser à l'angoisse qui m'avait étreint le cœur à l'annonce de sa blessure.

Tristan parut un peu gêné.

- Je ne parlais pas de ma blessure, bien que je vous doives aussi des excuses pour la frayeur qu'elle a pu vous provoquer.

- Oh. De quoi parliez-vous ?

Je redressai le visage vers le sien, cherchant à comprendre où il voulait en venir, pour quelle autre raison que sa blessure il pouvait vouloir me présenter ses excuses.

- De vous qui avez été confrontée aux conséquences du désir que j'éprouve pour vous. Je ne pourrais le nier, et même si je le voulais, mon corps me trahirait. Je peux comprendre que vous souhaitiez prendre de la distance pour préserver votre honneur, et si vous voulez retourner à votre chambre maintenant que mon état s'est amélioré, je ne vous en tiendrais pas rigueur.

J'avais la désagréable impression d'être congédiée.

- Vous souhaitez que je parte ? Demandai-je d'une petite voix en redoutant sa réponse.

- Non pas du tout, mais je peux comprendre que vous ayez envie de le faire, répondit-il en continuant à passer sa main dans mes cheveux.

- Me promettez-vous que ma vertu ne risque rien si je reste ?

- Oui, je ne suis pas un animal.

- Alors je vous fais confiance, et je n'ai aucune raison de partir, annonçai-je. D'ailleurs, je dois m'occuper de votre plaie, il faut que je la bande si vous comptez vous lever et marcher demain.

- Je ne suis pas sûr que ce soit très prudent de vous laisser me toucher maintenant...

- Vous avez dit vous-même que vous n'étiez pas un animal, vous allez vous tenir le temps que je m'occupe de la blessure. Et si votre volonté faiblit, souvenez-vous que j'ai toujours ma dague dans ma botte, rappelai-je en me levant.

J'attrapai un linge propre, le récipient d'eau froide et les onguents du médecin avant de retourner m'asseoir sur la chaise. Je poussai le drap pour mettre à l'air la plaie en tentant d'ignorer la légère bosse à quelques pouces de ma main. Tristan frissonnait à chaque fois que mes doigts effleuraient sa peau tandis que j'étalais le baume de plantes et enserrais sa cuisse avec un tissu blanc. J'entendais sa respiration se retenir par moment quand mes doigts s'aventuraient sur le haut de sa cuisse.

Héloïse ou Le double jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant