Héloïse
- Attendez.
La voix de mon père m'arrêta alors que j'avais déjà une main sur la poignée de la porte.
- Revenez vous asseoir.
Je lui fis face, il n'avait pas l'air en colère, ce qui était une bonne chose avec la façon dont je m'étais adressée à lui. Je me laissai tomber dans le fauteuil plus que je m'y assis.
- Ce n'est pas parce que nous sommes à une époque où les femmes ne peuvent choisir leur mari que je suis en accord avec ce concept. De plus, le couvent a failli en prenant cette décision sans me consulter, ce n'est pas parce que je vous ai confiée à eux peu de temps après votre naissance que cela leur donnait le droit de vous marier au premier venu sans rien me dire.
Le soulagement m'envahit mais je n'en montrai rien devant le Duc. Il retourna à son bureau et commença à rédiger un document avec sa plume. Je l'observai en silence accomplir sa tâche en me demandant le contenu précis du papier. Le Duc reposa la plume dans l'encrier et scella le document avec de la cire et son sceau.
- Ce document vous rend votre indépendance. Vous n'avez qu'à le donner au Vicomte devant témoin. Je vais vous faire raccompagner chez lui.
- Il n'est plus chez lui, votre Altesse Royale. Il est parti rejoindre la cour du Roi pour lui demander une audience pour notre mariage.
Le Duc grimaça et se cala un peu plus dans son siège.
- Si le Roi valide votre union, mon papier sera caduc. Depuis quand est-il parti de son domaine ?
- Quelques jours mais Tristan d'Armagnac est parti ce matin y rejoindre son père aussi impliqué dans cette affaire.
- Je ne comprends pas tout, expliquez-moi depuis le début mon enfant.
Il me fallut une dizaine de minutes pour résumer toute l'histoire à mon père. À la fin, il était silencieux et immobile, le menton posé dans sa main alors qu'il réfléchissait. Je ne savais ce qu'il allait décider. Il pouvait très bien m'abandonner aux mains du Vicomte de Marsan pour éviter de devoir intervenir publiquement dans cette affaire. Il repoussa son siège et se leva.
- Nous partons à la cour du Roi.
Je le regardai, étonnée qu'il ait mis tant de force dans sa déclaration.
- Levez-vous ma fille, nous y allons maintenant.
Je m'exécutai et le suivis hors de la pièce. On remonta le couloir pour atteindre la grande salle où seulement quelques personnes se trouvaient.
- Ulrich, allez sceller nos montures, nous partons à la cour du Roi. Faîtes prévenir les hommes de Tristan d'Armagnac pour qu'ils nous accompagnent aussi.
Je me crispai, il ne fallait pas que quelqu'un se rendît compte que Elliot avait disparu.
- Vous savez monter ?
- Oui père... votre Altesse Royale. Excusez-moi.
Je me sentis mortifiée d'avoir échappé ce "père", cela n'aurait pas du arriver. J'observai le Duc pour mesurer sa réaction. Il disparut dans les écuries en donnant des ordres, ne semblant pas me tenir rigueur de mon écart. Il était bien tolérant envers les égarements que j'avais eu dans le respect du protocole.
Le Duc ressortit des écuries en tirant les brides de deux chevaux, l'un devait être sa monture et l'autre était celle avec laquelle Frédéric était arrivé le matin même. Il me tendit les rênes de celle-ci en donnant des ordres à ses hommes pour organiser le départ. Je vis les hommes de Tristan arriver au fur et à mesure et tentai de me faire petite. Certains me regardaient mais sûrement plus parce qu'ils reconnaissaient la demoiselle du bal que parce que je pouvais ressembler à Elliot.
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Héloïse ou Le double jeu
أدب تاريخيAutant vous prévenir de suite, il y aura bien une demoiselle en détresse mais pas de dragon, pas de marraine la bonne fée ni de chevalier servant. Quant au noble qui doit épouser la demoiselle en détresse à la fin de l'histoire... c'est un Vicomte m...