Héloïse
- Alors, qu'avez-vous prévu de plus intéressant que cette réception avec la Cour ? Interrogeai-je Tristan dès que nous l'eûmes rejoint.
Il me sourit.
- Je pensais avoir gagné le tutoiement...
Je balayai sa remarque d'un geste de la main en attendant qu'il me livrât le contenu de son programme pour le reste de la soirée.
- Tu as déjà visité les jardins depuis que tu es arrivée ?
Je grimaçai.
- Non, il y avait trop de monde pour épier mes moindres faits et gestes. Je suis restée enfermée dans ma chambre.
Tristan esquissa un sourire avant de me tendre sa main. Je la saisis et comme je m'en doutais après sa question, nous quittâmes le château pour gagner l'extérieur, laissant Frédéric seul. Des torches avaient été installées le long des allées du jardin, surement pour aider les patrouilles de gardes à avoir une meilleure visibilité.
Nous marchâmes un long moment, profitant du silence et du calme de l'extérieur, loin des festivités. Les jardiniers du domaine royal d'Amboise faisaient un travail considérable avec les plantes, les parterres, les buissons ; tout était taillé à la perfection. Tristan m'entraina vers un lieu qu'il devait connaître, son pas se faisait plus rapide sur les graviers de l'allée bordée de fleurs. Mon arrêt brusque fit se figer aussi Tristan.
- C'est magnifique !
Mon murmure brisa le silence et j'aurais juré que le sourire de Tristan contenait une touche de satisfaction. Devant nous se dressait un magnolia rose en fleur. Tristan me guida jusqu'à ses branches basses.
- Qui est le Duc pour toi ? Que représente-t-il ?
Je me doutais que Tristan n'avait peut-être pas encore compris la nature de notre lien, le Duc d'Orléans avait pris garde à ne pas me revendiquer comme sa progéniture devant la cour, ses mots avaient été choisis avec soin dans ce but. Je ne savais pas si je pouvais lui en parler mais il avait ma confiance. Et cela le détromperait sur un intérêt particulier que me porterait le Duc.
- Tu n'es pas sans savoir que j'ai été accueillie par la famille de Frédéric. Mon père m'a laissée au couvent quelques mois après ma naissance, leur donnant la responsabilité de mon éducation et de ma vie. D'après ses dires, je n'aurais jamais du en sortir, sauf que je me suis retrouvée vivant dans une famille à Lectoure. Puis le Vicomte est devenu mon tuteur, cela aussi n'aurait jamais du se produire sans l'approbation de mon père. C'est à cette période que j'ai découvert qui était mon père.
Je tirai sur la chaîne que j'avais toujours autour du cou pour faire sortir la bague de mon corset. Je la tendis à Tristan.
- C'est à mon père, expliquai-je.
Tristan la détailla un instant dans la semi obscurité de la nuit avant qu'un réel air d'étonnement ne se peignît sur son visage.
- Ton père est un membre de la famille royale si je comprends bien ?
- C'est le Duc d'Orléans.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?
Je soupirai.
- Tu penses vraiment que je comptais dire à tout le monde que je suis la fille de l'actuel héritier du trône ? Qui plus est, n'a pas d'enfants avec son épouse ?
Tristan rigola doucement.
- Il est certain que tu n'es pas faite pour la vie à la cour, tu t'y ennuierais ferme. Donc il est évident que tu ne feras rien qui te pousserait à t'y retrouver.
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Héloïse ou Le double jeu
Historical FictionAutant vous prévenir de suite, il y aura bien une demoiselle en détresse mais pas de dragon, pas de marraine la bonne fée ni de chevalier servant. Quant au noble qui doit épouser la demoiselle en détresse à la fin de l'histoire... c'est un Vicomte m...