Héloïse
Les jours suivant la demande en fiançailles, j'eus l'impression de vivre un rêve éveillé : je partageais mon temps entre Tristan, Frédéric et mon père. Ce dernier ne m'avait d'ailleurs toujours pas parlé du fait qu'il avait autorisé Tristan à me faire la cour et nos moments en tête à tête alimentaient toujours un peu plus les rumeurs nous concernant.
Mais je commençais à trouver le temps long à la Cour et j'attendais que mon père m'autorisât à retourner chez moi. Cela faisait déjà plus d'une semaine que nous étions au château d'Amboise.
Le Vicomte de Marsan se faisait discret depuis la décision prise par mon père lors de l'audience devant la Cour avec le Roi et je ne pouvais qu'en être satisfaite. Il courrait à présent derrière d'autres dames de la Cour et ce n'était pas pour me déplaire, même s'il semblait que ces femmes ne savaient pas à qui elles avaient réellement affaire.
J'avais finalement rapidement sympathisé avec les deux domestiques que m'avait attribuée mon père. Le Duc les avait d'ailleurs mises dans la confidence pour la nature de notre lien, elles étaient rentrées dans le cercle très privé de ceux qui savaient qu'il était mon père. Je préférais de loin discuter avec Charlotte et Marguerite que passer plus de cinq minutes dans un salon avec d'autres dames de la Cour qui ne songeaient qu'à époustoufler la galerie. Peut-être que c'était parce que je me retrouvais en elles : la simple domestique. J'avais plus plaisir à écouter les anecdotes sur les cuisines que les ragots sur tel ou tel noble.
Après plus d'une semaine passée au château d'Amboise, ce fut par Charlotte et Marguerite que j'appris par hasard ce qui allait me décider à négocier un départ pour Lectoure avec mon père. Les deux domestiques étaient venues pour m'aider à m'apprêter après mon réveil, ce qui était devenu une habitude au fil des jours même si je parvenais à me débrouiller seule, mais Charlotte avait l'air particulièrement fatiguée.
- Si vous le souhaitez, vous pouvez vous reposer Charlotte, vous semblez épuisée.
- Je suis désolée Héloïse de mon état mais je me reposerai plus tard, pour l'instant je dois m'occuper de vous.
- Qu'est ce qui vous fatigue à ce point ?
Charlotte baissa le regard et ce fut Marguerite qui me répondit.
- Il y a de nouveaux invités qui sont arrivés à la cour hier et ils se montrent pour le moins exigeants. C'est le mari de Charlotte qui en a fait les frais, il n'a cessé de se lever toute la nuit et cela a impacté le sommeil de Charlotte.
Je grimaçai en comprenant que la nuit d'une de mes deux domestiques avait été assez désagréable.
- Ces invités vont-ils demeurer longtemps à la cour ?
Charlotte soupira.
- Je n'en sais rien mais je ne l'espère pas. Tant que Constance de Nemours sera là, mes nuits seront épouvantables.
Je me figeai.
- Constance de Nemours est ici ?
Marguerite confirma les dires de Charlotte alors que je me décomposais. Il était temps de rentrer à Lectoure, je ne voulais pas prolonger mon séjour en présence de celle dont la main avait été proposée à Tristan par son père.
- Il faut que je sorte voir le fils du Comte d'Armagnac.
- Ce n'est pas possible mademoiselle. Les hommes sont actuellement dans les jardins Est pour faire un tournoi d'escrime et les femmes ne peuvent pas y aller, annonça Charlotte.
- Pourriez vous aller chercher des vêtements de mon frère ?
Je n'allais pas renoncer pour une simple histoire de virilité. Si Héloïse ne pouvait pas rejoindre Tristan, Elliot le pouvait. Charlotte me ramena des affaires de Frédéric sans savoir ce que je souhaitais en faire. Mais quand elle me vit commencer à me déshabiller, elle palit.
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Héloïse ou Le double jeu
Historical FictionAutant vous prévenir de suite, il y aura bien une demoiselle en détresse mais pas de dragon, pas de marraine la bonne fée ni de chevalier servant. Quant au noble qui doit épouser la demoiselle en détresse à la fin de l'histoire... c'est un Vicomte m...