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Héloïse

Je fus réveillée au petit matin par le bruit des sabots sur les pavés de la cour du château. J'avais passé la nuit à attendre le retour de mon père, Tristan et tous les hommes partis avec eux à la fin du banquet. Je me levai, encore fatiguée, pour descendre les rejoindre à l'extérieur. J'avais quitté ma robe depuis longtemps et étais en quelque sorte redevenue Elliot. Je croisai Edwin et d'autres hommes de Tristan qui me saluèrent tout en amenant des hommes apparemment aux cachots. Il devait s'agir des pilleurs qu'ils avaient réussi à attraper et qu'ils n'avaient pas tué pendant l'affrontement. Je cherchai mon père et Tristan du regard et, d'eux deux, ce fut le Duc d'Orléans que je trouvai en premier. Il se portait bien et passait en revue son équipement et l'état des chevaux au milieu de la cour pavées où les autres hommes s'activaient aussi. Mon inquiétude monta en ne trouvant pas de trace de Tristan.

- Ah Elliot, m'interpella Gauthier, ça tombe bien que tu sois remis de ta blessure et que tu aies pu quitter ta chambre, je vais avoir besoin de ton aide pour ramener les montures aux écuries.

- Bien sûr. Tristan n'est pas là ? Je ne l'ai pas vu rentrer.

- Tu as du arriver trop tard, il a été blessé et deux serviteurs du Duc l'ont monté à sa chambre pour qu'il soit soigné.

Je crus que mon cœur allait s'arrêter de battre.

- Blessé ? Demandai-je d'une petite voix. Est-ce grave ?

J'attrapai la bride de deux chevaux devant moi et suivis Gauthier pour écouter ses explications alors que je mourrais d'envie de courir jusqu'à la chambre de Tristan.

- Un coup de dague dans la cuisse, il a surtout perdu du sang mais il avait l'air de tenir le choc. Il a eu de la chance, il a pu dévier le coup, sinon c'était son ventre qui était transpercé.

Je me hâtai de finir ma tâche avec Gauthier, l'angoisse me nouant le ventre, avant de me présenter devant la porte en bois de la chambre du fils du Comte d'Armagnac. Une servante attendait devant avec des linges propres, elle me regarda approcher avec une lueur d'intérêt au fond des yeux.

- Le médecin est encore à l'intérieur, personne ne peut entrer pour l'instant, m'informa-t-elle.

Je hochai la tête et me laissai glisser le long du mur, face à la porte.

- Vous êtes à son service ? Me demanda la jeune fille.

- Oui, je suis son valet.

- Enchanté valet de Messire d'Armagnac, je suis Adélaïde. Je travaille ici depuis que suis en âge d'effectuer des tâches pour le Duc et je peux vous affirmer que le médecin qui s'occupe de Messire d'Armagnac est extrêmement doué. Il a déjà sauvé le Duc d'une tentative d'empoisonnement.

- Elliot, je m'appelle Elliot. Merci pour ces informations.

- Cela se voit bien que vous êtes angoissé ! Vous voulez peut-être que je vous raconte comment la vieille Berthe a encore confondu un poulet avec un lapin en cuisine pour vous détendre ? Elle n'est plus toute jeune et elle perd un peu la tête en plus de la vue mais elle a bon fond... Sinon je peux aussi vous parler du banquet d'hier soir ? Vous y étiez ?

Je hochai la tête et Adélaïde sautilla sur place. Elle était bavarde et sa voix avait le mérite de distraire mes pensées.

- Vous avez vu la belle Dame avec qui Messire d'Armagnac a dansé ? Constance de Nemours ne pourra jamais rivaliser avec elle, elle irradiait de beauté sans toutes ces fioritures que porte la fille du Duc. Entre ses colliers de perle, ses boucles en pierres précieuses et ses bracelets en argent, elle fait dépenser une fortune à son père. J'espère que Tristan d'Armagnac n'acceptera pas de l'épouser, ça le ruinerait... Et je ne parle même pas de son honneur ! Constance est... assez volage, chuchota Adélaïde après avoir vérifié que nous étions seules dans le couloir.

Héloïse ou Le double jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant