Octobre 1497, Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais, Lectoure
Tristan
Les épaules tendues, je me tenais face au prêtre au bout de l'allée centrale devant la foule d'invités. Le témoin à ma droite, Frédéric, nouveau Comte de Nevers, attendait également l'arrivée de la mariée. Nous étions tous deux parés de nos plus belles tuniques pour ce jour si particulier. Tunique dont je rêvais personnellement de défaire un des boutons au col tant j'avais la sensation d'étouffer en attendant. Les minutes qui s'égrainaient me semblaient interminables. Et pourtant nous étions si proches d'un instant attendu des mois. Nous avions décidé d'attendre que Frédéric fût Comte de Nevers avant d'organiser notre mariage, ce qui nous avait amené à de longs mois d'attente. Cette attente avait été d'autant plus longue que la mère d'Héloïse avait fortement insisté pour que sa fille restât chez elle jusqu'au mariage. En fait, elle ne nous avait pas vraiment laissé le choix et mon père n'avait été d'aucun soutien.
La porte de la cathédrale s'ouvrit en grand, laissant la lumière extérieure tracer le début du chemin jusqu'à l'autel où je me tenais. Une silhouette s'avança rapidement et je fus surpris de voir mon père venir s'installer au premier rang. Seul. C'est lui qui devait conduire ma fiancée jusqu'à moi. Je me tournai vers l'entrée, suivant le mouvement de toutes les têtes présentes sous la voûte de pierre.
Deux silhouettes se découpaient à l'entrée, s'avançant lentement sous l'air joué par l'orgue. La femme était sans nul doute Héloïse. Je ne mis guère plus de temps à reconnaître le Duc d'Orléans à qui elle tenait le bras. Son père semblait avoir tenu à être présent en ce jour. Mon attention se détourna du Dauphin pour se concentrer sur celle qui serait bientôt mon épouse. Le tissu de sa robe était flamboyant, rendant Héloïse plus lumineuse que jamais et totalement en adéquation avec son caractère. Tandis qu'elle s'avançait vers moi, j'observai les plis de sa robe onduler à chacun de ses pas, le balancement de ses hanches, le rythme de sa respiration visible à sa poitrine qui heurtait légèrement son corset à chaque inspiration. Ses cheveux étaient laissés libres dans son dos et sur ses épaules en dehors des quelques tresses qui formaient une couronne autour de sa tête. Elle était belle.
Puis elle se retrouva face à moi, devant le prêtre, ses mains dans les miennes. Son regard vert-gris n'avait pas quitté le mien depuis que nos yeux s'étaient croisés après son entrée. J'écoutais à peine le prêtre s'exprimer, j'étais simplement concentré à admirer les traits du visage de la femme qui me faisait face. Celle qui s'apprêtait à devenir mon épouse.
Nos vœux furent prononcés devant l’assemblée qui se tenait silencieuse, attentive aux mots que nous échangions. Je sentais mes mains moites retenir celles d'Héloïse à chaque mot prononcé. Haut et fort sous la voûte de pierre de la Cathédrale, le prêtre nous déclara mariés.Les convives présents dans la cathédrale applaudirent poliment l’annonce. Héloïse me fixait toujours, le regard étincelant et un sourire radieux aux lèvres. Pour la forme devant tout le monde, je l’embrassai brièvement et chastement. Si cela n’avait tenu qu’à nous, notre premier baiser en tant que mari et femme n’aurait pas été aussi rapide. Les invités quittèrent progressivement le lieu pour se rassembler sur le parvis devant la sortie que nous allions à notre tour emprunter. Frédéric s’approcha de moi pour me donner une tape amicale.
— Maintenant, nous sommes liés. C’est presque comme si je suis ton frère.
Pendant qu’il m’exprimait ses félicitations, mon père s’approcha d’Héloïse pour engager la conversation, également avec le Duc d’Orléans qui nous avait rejoint. Il ne resta plus que nous à l’intérieur. Frédéric ouvrit la marche, suivi des deux pères, juste devant nous. Nous débouchâmes à l’extérieur sous le soleil, devant la foule qui nous attendait impatiemment. Les cris de joie s’élevèrent dans l’air tandis que nous prenions tous la direction du château où se déroulait le banquet de notre mariage.
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Héloïse ou Le double jeu
Ficción históricaAutant vous prévenir de suite, il y aura bien une demoiselle en détresse mais pas de dragon, pas de marraine la bonne fée ni de chevalier servant. Quant au noble qui doit épouser la demoiselle en détresse à la fin de l'histoire... c'est un Vicomte m...