Chapitre 10 - 2 : Passage Floriane (Edward)

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Je me dégageai brutalement, paniquant à cette idée, et reculai d'un pas un peu titubant pour me retrouver dos au mur, devinant la silhouette du Colonel sans être capable de lever les yeux vers lui, trop taraudé par la honte et la peur de ce que je pourrai y découvrir. Mon pouls tapait dans ma gorge, trop fort et trop vite, comme si lui aussi martelait cette angoisse. Il sait, Il sait, Il sait...

- PETIT CON ! ! hurla-t-il à plein poumons. QU'EST-CE QUE TU NE COMPRENDS PAS DANS LA PHRASE « LA ZONE N'EST PAS SECURISEE » ? TU VEUX MOURIR AVANT D'ÊTRE MAJEUR OU QUOI ? !

D'habitude, j'aurais réagi au quart de tour à l'insulte, mais jamais je n'avais entendu le Colonel me parler comme ça, et j'étais trop désarçonné pour réagir ; accessoirement, il venait sans doute de me sauver la vie, râler aurait sans doute été déplacé. L'opération n'avait même pas commencé, et il était déjà furieux contre moi. Débordé par cette idée en plus de la peur d'être découvert, je me sentis tout à coup très mal.

- On sait qu'ils sont lourdement armés, on vient d'en avoir la preuve avec l'imbécile qui me sert de subordonné, continua-t-il en me tournant le dos, s'adressant d'une voix plus normale aux autres personnes présentes. Je compte sur vous pour interroger les témoins, on a besoin de se faire une idée plus précise de ce qui se passe là-dedans ! Prenez les mains courantes, comparez les versions, et occupez-vous de ces gens, ils doivent être en état de choc.

Les gendarmes firent un salut presque servile au Colonel avant de se diriger vers le bout de la rue, manifestement heureux de s'éloigner de la zone de crise. Me tournant le dos comme si je n'existais plus, Mustang continua à donner des instructions aux uns et aux autres, dominant la situation pendant que je le regardais faire, encore adossé au mur, un peu hébété, le coeur ralentissent en même temps que la boucle de mes pensées.

Qu'est-ce qui m'avait pris d'être aussi con ?

Il m'avait protégé.

Il m'avait touché.

J'avais tellement peu l'habitude des contacts physiques, si on excluait Winry réparant mes automails et les combats, que ce simple fait, plus encore que d'avoir échappé aux balles, me faisait l'effet d'un séisme. Sans vraiment m'en rendre compte, j'avais croisé mes bras et mes mains les enserraient comme pour m'empêcher de trembler. S'il ne jetait pas un coup d'œil dans ma direction, les autres militaires me coulaient des regards curieux, et je ne voulais pas montrer de signe de faiblesse, malgré mon état intérieur.

S'il avait remarqué ma poitrine, s'il s'en était rendu compte ? S'il avait compris ce que je lui cachai depuis des jours ? Si c'était la raison de sa colère ? Je l'épiai de manière peu discrète tandis qu'il dictait des ordres à Fuery, lui demandant de bricoler une ligne d'écoute pour pouvoir en savoir plus sur leurs intentions, et me dis qu'il aurait quand même eu l'air un minimum surpris s'il avait remarqué quelque chose de suspect.

Après tout, il suffisait de me souvenir de la tête qu'avait fait Havoc quand il avait découvert la vérité pour être convaincu qu'une chose pareille ne passait pas comme une lettre à la poste. D'un autre côté, j'étais bien placé pour connaître les talents d'acteur de Mustang, lui qui était dans la confidence de l'évasion de Hugues, pour quand même avoir des doutes. Impossible de le demander sans me trahir. Enfin, de toute façon, il avait d'autres chats à fouetter pour le moment.

Au moment où je me fis cette réflexion, me raffermissant un peu, Mustang tourna la tête vers moi et m'apostropha sans douceur.

- Toi ! fit-il d'une voix forte et sévère en me montrant du doigt, m'extirpant de ma confusion. Je t'interdis de mourir sous ma juridiction, ça fait trop de paperasses à remplir. Compris ?

Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-cityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant