Chapitre 11 - 1 : Témoin (Al)

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Gracia rentra à dix-neuf heures moins cinq, respectant à la lettre l'horaire qu'elle avait annoncé. Elle arriva dans la cuisine, le visage un peu défait, mais sourit en voyant Elysia s'approcher et lui enlacer les genoux à défaut de pouvoir lui sauter au cou.

- Maman ! Maman ! Maman Maman Maman Maman !

- Ça va, ça s'est bien passé ? demanda-t-elle, visiblement soulagée de nous voir.

- Ça va, elle a été sage, je n'ai pas eu de problème.

- Où est Edward ? demanda-t-elle en tournant la tête, cherchant dans quel coin de la pièce il s'était glissé.

Ses sept heures d'absence s'abattirent sur moi avec une telle force qu'avant même que je dise quoi que ce soit, elle comprit à l'expression de mon visage que quelque chose n'allait pas.

- Elysia, tu vas aux toilettes et te laver les mains ? Je pense qu'on ne va pas tarder à s'occuper du repas du soir.

- D'accord Maman ! s'exclama joyeusement la fillette, avant de partir de son pas trottinant.

- Alors, qu'est-ce qu'il y a ?

- Il est parti en début d'après-midi pour rendre un rapport à son supérieur et n'est toujours pas revenu, murmurai-je, au bord des larmes. Je ne voulais pas inquiéter Elysia alors j'ai tâché de ne rien en montrer, mais...

- Son supérieur, c'est... Roy Mustang ? demanda-t-elle d'une voix blanche.

- Oui.

Elle blêmit et pinça les lèvres, et mon cœur se glaça en sentant que ce qu'elle avait à dire risquait de me déplaire.

- Il y a eu une prise d'otages au passage Floriane cette après midi, et c'est l'équipe du Colonel Mustang qui était sur les lieux.

- QUOI ? ! m'exclamai-je, horrifié.

- L'assaut est terminé, les otages ont été libérés, mais...

Je ne voulais même pas qu'elle termine sa phrase. Je le devinais assez bien. La terreur me vrillait le ventre.

- Regarde Maman, elles sont bien propres ! annonça fièrement Elysia en montrant ses mains encore humides, devant et dos.

- Elysia, tu n'as pas trop faim ? demanda Gracia, qui s'était agenouillée pour être à sa hauteur.

- Non, ça va Maman, pourquoi ? fit la fillette dont le sourire s'évanouissait en voyant nos expressions inquiètes.

- Il faut que j'emmène Alphonse retrouver son frère. Mais je ne vais pas te laisser toute seule ici... Tu vas venir dans la voiture avec nous, d'accord ?

- D'accord, Maman ! s'exclama-t-elle d'un air sérieux.

- On y va, alors, répondit Gracia.

- Mais... je... bafouillais-je, désarçonné par la tournure des événements et embarrassé à l'idée qu'elle reprenne la route après la longue journée qu'elle avait dû avoir.

- Tu t'es occupée d'Elysia pour moi, c'est la moindre des choses que je te rende ce service. A cette heure-ci, tu mettrais plus d'une heure à rejoindre le centre-ville avec les transports en commun. Allez, viens, fit-elle d'un ton doux mais inflexible.

Je n'eus pas d'autre choix que d'obéir. Je me retrouvai donc sur le siège passager de la voiture, regardant le boulevard défiler sous mes yeux. J'avais tellement peur que j'étais figé, les mains serrées sur mes genoux, regardant la route devant moi sans la voir. Mon cerveau hurlait à l'idée que mon frère puisse être... être... La radio tournait, et la musique laissa la place à un flash d'information sur l'attaque. Le présentateur résuma en quelques mots les derniers événements, avant de laisser la place au communiqué officiel de l'armée.

Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-cityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant