Chapitre 10 - 4 : Passage Floriane (Edward)

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J'entamai ma progression le long du toit, un peu en contrebas du faîte, hors de portée de vue de ma cible, la galerie Floriane à ma droite, le vide donnant sur une cour arborée à ma gauche. Pendant quelques mètres, je profitai du jeu laissé par les câbles, mais bien vite, ils se retrouvèrent tendus et je dus défaire les larges boucles qui pesaient sur mes épaules au fur et à mesure que j'avançais, ce qui m'obligeait à m'asseoir sur les tuiles du toit pour éviter de perdre l'équilibre, ralentissant énormément ma progression.

Depuis mon perchoir, j'entendis la discussion au mégaphone entre le Colonel et les terroristes.

- Ici le Colonel Mustang, vous vouliez traiter avec moi ! Identifiez-vous et dites-nous vos intentions !

- Ici Bratt ! Nous sommes du Front de Libération de l'Est, nous avons quarante-huit personnes en otage, nous demandons la libération de Bald et ses associés, sans conditions et sans poursuites.

- Bald est jugé pour ses crimes, vous vous doutez qu'on ne va pas le laisser partir aussi facilement.

- Si vous parlez de l'attaque du train, vous n'avez encore rien vu ! Libérez-les ou nous exécuterons les otages un par un !

- Vous ne ferez qu'aggraver votre cas si vous faites ça !

- Vous nous traitez par le mépris depuis des années et niez notre existence... Aujourd'hui nous sommes là pour vous montrer de quoi le Front de libération de l'Est est capable ! Libérez Bald et son équipe et nous relâcherons les otages. Vous avez deux heures !

L'échange s'arrêta là, me laissant blême. A quoi jouaient-ils, alors qu'ils n'avaient aucun moyen d'être assurés que Bald soit libéré ? À moins que... qu'ils aient un système de communication particulièrement efficace. A moins qu'ils aient un contact dans l'armée. Reprenant mon avancée, je me dis qu'il avait été sage de choisir un système impossible à capter comme celui-ci, même s'il pesait sur mes épaules... Enfin, il pesait de moins en moins au fur et à mesure que j'avançais.

- Fuery, tu as prévu assez de câbles tu penses ? Parce que j'ai l'impression que je vais vite être à court.

- Oui, je me suis basée sur les plans à l'échelle, donc ça devrait être bon. Au pire, tu me diras, je crois que Havoc a transmis de ramener des rallonges, on devrait pouvoir s'en tirer.

- Ok. Pour l'instant ça va, mais je voulais quand même prévenir. J'arrive à l'angle de l'immeuble, je pense que je vais passer de l'autre côté et me rapprocher. La boutique est bien à l'endroit où la galerie fait un angle à 45 degrés ?

- Oui, c'est ça. Il faut que tu repères la colonne sèche du bâtiment.

- La colonne sèche... marmonnai-je d'un ton désabusé.

- Une sorte de tuyau d'aération qui traverse tous les étages et permet de renouveler l'air dans les appartements et la boutique.

Je poussai un soupir blasé. La dernière fois que je m'étais faufilée dans les conduits d'aération, c'était au cinquième laboratoire, et ça ne s'était pas très bien fini. Je me faufilai, escaladant le toit à quatre pattes en me tenant aussi bas que possible, et jetai un coup d'œil entre les faîteaux formant des arabesques de zinc pour vérifier que je ne risquais rien.

Il n'y avait personne en vue, ce qui était relativement logique. Le deuxième pan du toit plongeait vers la verrière de la galerie marchande, légèrement en contrebas. Si je ne voulais pas être vu, j'allais devoir progresser à quatre pattes, peut-être même à plat ventre. Ils ne semblaient pas avoir prévu qu'on pourrait les attaquer par le dessus, et ne s'étaient absolument pas préparés à ce risque.

Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-cityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant