Chapitre 11 - 3 : Témoin (Alphonse)

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Après cette dispute, je ressortis dans le couloir pour retrouver Gracia et Elysia et les rassurer sur le sort d'Edward.

- Il est couvert d'estafilades parce qu'il est passé à travers une vitre, mais mis à part ça, il est en pleine forme. Mon frère est vraiment d'une résistance hors du commun.

Rassurées, mère et fille hochèrent la tête et prirent congé pour rentrer chez elles, puisque je leur avais annoncé mon intention de rester à proximité. Une fois qu'elles furent parties, je lançai un regard larmoyant au docteur Ross, qui, pour nous avoir pris en charge juste après l'incident du cinquième laboratoire et soigneusement gardé notre secret, puis avoir été complice de l'évasion de Hugues, était devenu le médecin officiel d'Edward, avec tous les rebondissements qui allaient avec.

En désespoir de cause, il accepta que je passe la nuit au chevet de mon frère. Il avait manifestement compris que l'arrivée du Fullmetal Alchemist dans ses services était synonyme de complications.

Nous passâmes la soirée à discuter avant de finir par nous endormir, lui au fond de son oreiller, moi, à moitié sur la chaise, à moitié sur son lit, dans une position qui allait faire grincer mon dos le lendemain. Dans ce service ou nous étions déjà restés plusieurs jours, nous nous sentions en sécurité.

Je fus réveillé par l'arrivée d'une infirmière qui ouvrit la porte, amenant dans la pièce la lumière du matin qui éclaboussa le mur d'une tache éblouissante. En me redressant, je sentis une couverture glisser et tomber au pied de la chaise. Edward ou une infirmière avait dû me couvrir les épaules dans la nuit.

- Bonjour ! Oh ! Encore là, vous deux ?! fit-elle en nous reconnaissant.

- Oh, bonjour, Joyce ! marmonnai-je, souriant tout en me frottant les yeux.

Joyce, c'était une des infirmières du service, qui avait pris soin d'Edward quand il était au plus mal, et qui avait gardé un œil sur moi tandis que j'errais dans les couloirs en quête d'attention. Une grande brune aussi affectueuse qu'autoritaire pour qui j'avais une certaine affection.

- Bon, alors, qu'est-ce qu'il a encore fait, ton âne de frère ?

- Il est passé à travers une vitre, mais je n'ai pas trop compris pourquoi, répondis-je en constatant que malgré l'arrivée de Joyce, il dormait encore comme une brique.

- Il était au passage Floriane, c'est ça ? demanda-t-elle en s'affairant à préparer le matériel pour les examens du matin. J'ai entendu les nouvelles ce matin, c'est quand même incroyable ce qui est arrivé ! Je n'ai pas eu tous les détails, mais apparemment, grâce à l'équipe du Colonel Mustang, on a vraiment évité le pire... J'ai entendu dire qu'il y avait assez d'explosifs pour raser les bâtiments à 700 mètres à la ronde !

- Sérieusement ?! fis-je, estomaqué, avant de baisser les yeux vers mon frère, réalisant à quel point il avait été exposé au danger.

- C'est ce qui est dit aux infos, en tout cas. Bon, on va commencer par une petite piqûre !

- Non, pas de piqûre ! s'exclama Edward, se réveillant en sursaut.

- Ahaha, ça marche toujours aussi bien ! fit l'infirmière d'un ton taquin en lui ébouriffant les cheveux.

- Oh. Bonjour, Joyce ! fit-il en la reconnaissant. ...C'était une blague, la piqûre, hein ? ajouta-t-il d'un ton vaguement inquiet. J'en ai pas besoin, hein ?

- Non non, ça va. C'est juste la méthode la plus efficace que je connaisse pour te réveiller. Alors comme ça tu ne peux tellement pas te passer de nous que tu traverses toute la ville pour être soigné ici ?

- J'aime autant que le secret de mon corps ne soit pas connu par tout le corps médical de Central-City.

- Ça, c'est un bon argument, admit-elle tout en prenant sa tension.

Malgré son air fatigué, les examens étaient très bons, et elle s'étonna même qu'il soit en aussi bonne forme après les événements, lui annonçant que cette fois encore, il cicatrisait très vite et semblait n'avoir aucune séquelle de sa chute. Elle chahuta un peu avec nous, puis repartit, nous laissant seuls tous les deux.

Edward tint sa promesse de tout me dire, et me raconta par le détail les événements de la veille, depuis son arrivée au quartier général, jusqu'à nos retrouvailles à l'hôpital Quand il me raconta comment Mustang l'avait tiré en arrière pour le protéger des balles, je me sentis irrité. Edward était rouge, un peu penaud, et m'avoua avec inquiétude qu'il avait peur que son supérieur ait senti que quelque chose clochait, ou même l'ait démasqué.

- C'est grave qu'il le sache ? Je veux dire, Ross, Hawkeye et Havoc sont déjà au courant...

- Oui mais... Je n'ai pas envie qu'il y en ait d'autres. Surtout pas lui.

- Pourquoi lui particulièrement ?

- Comment dire... Tu l'as vu me faire tourner en bourrique. S'il apprenait un truc pareil, il serait bien capable de s'en servir pour se foutre de moi. Et honnêtement, je n'ai pas envie de découvrir comment il réagirait s'il apprenait que j'ai un corps de fille.

Il avait dit ça d'un ton léger, mais la manière dont il s'était machinalement mordu la lèvre inférieure avant de répondre me donna le sentiment qu'il ne disait pas toute la vérité.

- Comment tu fais pour côtoyer quelqu'un que tu détestes comme ça ? demandai-je avec perplexité.

- Je ne sais pas si je le déteste vraiment... Tu vois, Winry nous balance des clés à molette dans la tête quand elle est de mauvaise humeur, on ne peut pas dire que j'aime ça... mais je ne la déteste pas pour autant. Les gens ont des défauts, ils sont comme ça.

- Mhmm... je crois que je vois ce que tu veux dire... répondis-je d'un ton songeur.

Il y eut un silence, et je le sentit un peu fébrile, avant qu'il ne reprenne son récit. Il évoqua les plans, Fuery, l'escalade sur les toits, puis l'assaut, et enfin, le moment où il avait sauté pour empêcher l'homme d'actionner le détonateur.

- Mais, le coupai-je sans pouvoir dissimuler son étonnement, pourquoi tu ne l'as pas arrêté avec une transmutation plutôt que de sauter ?

A ces mots, Edward ouvrit grand la bouche pour répondre et resta bloqué quelques secondes. Je compris que l'idée ne lui avait pas effleuré l'esprit un instant, et en le voyant avec cette mine stupide, je ne pus m'empêcher de rire malgré la gravité de la situation. Il se masqua le visage d'une main affligée et marmonna en rougissant.

- Tu as raison, il vaudrait mieux pour tout le monde que tu sois à mes côtés.

Sa phrase me fit sourire malgré moi dans une bouffée de fierté, et sur ces entrefaites, le repas de midi arriva sur un plateau porté par Daisy, une autre infirmière qui s'était occupée de nous la dernière fois. Elle nous accueillit avec un grand sourire, contente de nous revoir, mais nous souffla quand même de ne pas en faire une habitude.

Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-cityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant