- Qu'est-ce que tu as encore faiiiit ?! m'exclamai-je en arrivant au chevet de mon frère, toujours incapable d'arrêter de pleurer depuis l'annonce d'Havoc, une bonne demi-heure auparavant.
Le Docteur Ross avait été inflexible à mon arrivée, et nous a annoncé qu'il ne pouvait y avoir qu'un visiteur. C'était sans doute une fausse règle qu'il avait inventée pour préserver le secret de mon frère... et en effet, sa poitrine était bien présente à travers sa chemise de pyjama d'hôpital. Il était littéralement couvert de pansements et de bandages, mais assis dans son lit, les yeux ouverts, bien conscient, et apparemment, pas plus inquiet que ça. Enfin, jusqu'à ce qu'il me voie arriver en larmes, en tout cas. J'entendis le médecin sortir en fermant la porte derrière lui tandis que je me précipitais à son chevet.
- Al, ça va, regarde, je bouge, j'ai rien de cassé, me rassura-t-il en bougeant les bras et les jambes comme un petit robot.
- Mais tu as des pansements partout ! sanglotai-je.
- Non mais ça, c'est juste les écorchures de quand je suis passé à travers la verrière, c'est pas grave, répondit-il d'un ton presque joyeux.
- Et tu as des traces bleues sur le cou, en plus, murmurai-je, tandis que les sanglots se tarissaient un peu, comme si j'arrivais enfin à assimiler qu'il allait bien.
- Non mais ça, c'est juste quand un terroriste a essayé de m'étrangler, fit-il, dans un decrescendo, se rendant sans doute compte en prononçant ses mots qu'ils n'étaient en rien rassurant. Mais HEY ! Regarde, je vais bien ! ajouta-t-il en ouvrant grand les bras, ayant plus le ton du boute-en-train que celui du blessé alité.
- Tu dis ça comme si c'était banal, m'indignai-je entre deux reniflements. Ed, tu es un imbécile ! ! J'ai eu peur pour toi toute l'après-midi, je me suis même demandé si tu étais mort, et toi tu fais l'idiot sur ton lit d'hôpital ! Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Le sourire sur le visage de mon frère s'évanouit, laissant place à une mine contrite.
- Pardon, Al... je comprends que tu m'en veuilles. J'avais dit que je serais revenu vite, et tu as dû te faire un sang d'encre.
- Pourquoi tu n'es pas revenu ?
- J'ai croisé Mustang et son équipe en arrivant au QG, il m'a ordonné de venir.
- Et s'il te demandait de sauter par la fenêtre, tu le ferais ?
Edward ouvrit la bouche, visiblement choqué que je lâche cette phrase stupide dans un accès de colère.
- Al, c'est mon supérieur hiérarchique, rappela fermement mon frère. Et même si ça n'était pas mon supérieur hiérarchique, il y avait plusieurs dizaines de civils qui étaient menacés de mort... Je n'avais pas le choix, je devais y aller.
- Alors toi tu vas à la guerre, et moi je dois rester t'attendre bien sagement à l'abri ? Pourquoi est-ce que tu dois toujours prendre tous les risques tout seul ? Je suis revenu à Central-city pour t'aider et te soutenir, et finalement, je me rends compte qu'une fois encore, je ne sers à rien.
- Je n'ai jamais dit que tu ne servais à rien ! s'indigna-t-il.
- Et qu'est-ce que je dois comprendre de ta manie de prendre des risques tout seul, alors ? Tu ne te rends pas compte que je préfère être avec toi face au difficultés plutôt que de rester à l'écart ?
- C'est bien ça le problème, Al... Moi, je n'ai pas envie de te mettre en danger, murmura-t-il.
- Ça, c'est parce que tu ne me vois plus que comme un gosse ! Mais quand tu avais mon âge, tu étais déjà casse-cou, tu avais déjà vécu des choses difficiles, tu avais déjà pris des risques avec moi ! On a passé un mois tous les deux sur une île déserte à bouffer des poissons en fuyant un psychopathe, et est-ce que j'avais l'air de vouloir renoncer à être à tes côtés ?
Edward se pinça les lèvres en m'écoutant, manifestement honteux du savon que je lui passais.
- Je vois bien que je suis laissé de côté par Winry, par toi, par tout le monde, parce que je suis un enfant, parce que ne me souviens pas, parce que je suis faible et inexpérimenté à côté de toi... mais je ne suis pas revenu pour te traîner dans les pattes, je suis revenu pour t'aider ! Je suis prêt à m'acharner, à travailler dur pour te rattraper le plus vite possible, alors fais-moi un peu confiance, MERDE !
Je repris mon souffle après ma tirade, dans un silence gêné. Edward me regardait en déglutissant, ne sachant manifestement pas trop quoi dire. Je respirai profondément, me calmant peu à peu, découvrant à quel point ça pouvait faire du bien de vider son sac. J'avais lâché ce que j'avais à dire, je ne savais pas trop si j'en étais soulagé ou si je redoutais la réponse de mon frère. Comme il restait muet, je me sentis de plus en plus embarrassé.
- Alors, euh... voilà... arrête de me laisser en plan s'il te plaît, finis-je par dire d'un ton presque penaud.
- Pardon, murmura-t-il. Je suis désolé... J'essaierai de ne plus le faire.
Le silence retomba de nouveau. Nous étions tous les deux gênés.
- Tu me pardonnes ? souffla-t-il, contrit et vaguement inquiet.
- Oui, bien sûr, bredouillai-je. Tu me connais, je n'arriverais jamais à te détester. Et puis, c'est plutôt moi qui devrais me faire pardonner de te crier dessus comme ça...
- Tu rigoles, j'espère ? Tu as raison de me dire mes quatre vérités, répondis-je avec un pauvre sourire.
Il m'ouvrit les bras et je me penchai pour le serrer contre moi dans une embrassade réconciliatrice. Il avait toujours la douceur et les courbes d'un corps féminin, mais ça ne me gênait plus vraiment. Peut-être parce que je savais que c'était vraiment mon frère.
Mon imbécile de frère.
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Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-city
FanfictionAprès sa tumultueuse mission à Lacosta, Edward est de retour à Central ou il espère pouvoir prendre un peu de repos avant de retrouver son frère. Seulement, entre la curiosité de l'équipe de Roy Mustang, les ennemis sortant de l'ombre et les secrets...