Chapitre 8 - 5 : La traque (Edward)

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- Je l'ai tué, putain, je l'ai tué

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- Je l'ai tué, putain, je l'ai tué...murmurai-je en errant sous la pluie battante.

La nuit était grise et sale, la pluie battait les pavés et le bitume qui reflétait de manière chaotique la lumière des réverbères et des néons. L'eau avait trempé mes vêtements qui se collaient à ma peau quand ils ne claquaient pas au vent. Je ne savais plus combien d'heures j'avais passé sous ce torrent. Je marchais vite, les jambes en coton, les poumons écrasés par un sentiment de peur irrationnelle qui m'empêchait de respirer correctement. Je passai la main sur mon visage trempé, chassant les gouttes qui roulaient dans mes yeux et gouttaient de mon nez. Sans doute étais-je en train de pleurer ; je n'étais pas en état d'y faire attention.

Je n'arrivais plus réfléchir. J'étais sous le choc que ce que Barry le Boucher m'avait dit, et de ce que j'avais fait. Je l'avais tué. Oui, son esprit occupait une armure vide ; oui, c'était un psychopathe que personne n'allait regretter ; mais je l'avais tué de mes mains, et je savais parfaitement que j'avais pris la mauvaise décision. Je n'étais pas en danger de mort, j'avais le dessus sur lui. Mon but était de l'attraper, de l'emprisonner et de le faire parler, de lui faire dire tout ce qu'il savait, dans les moindres détails, sur l'armée et le cinquième laboratoire. Le bâtiment était détruit, mais il restait quelques cobayes, et il en faisait partie.

Au moment même où, dans un accès de rage, j'avais abattu ma lame sur son plastron, tranchant le métal sur lequel était dessiné le sceau de sang qui le maintenait dans notre monde, j'avais su que j'avais fait une erreur.

Ce n'était pas tant que de devoir affronter le regard plein de reproche de Falman, qui était arrivé dans le bâtiment quelques minutes après à peine, accompagné d'une escouade de militaires armés jusqu'aux dents, pour me trouver face à mon jugement expéditif et à la carcasse d'acier de notre ennemi. Miraculeusement, j'avais capturé toutes les ressources qui me restaient pour refuser de ressentir quoi que ce soit, et répondre presque mécaniquement aux questions de Falman, lui répondant que s'il m'avait retrouvé, il avait déjà en main toutes les informations que j'avais rassemblées. J'avais prétexté la légitime défense, et face au monstre qu'il avait été, personne n'y avait rien trouvé à redire. J'étais resté présent au prix d'efforts quasi-insurmontables, me tenant très droit, répliquant à Falman en priant juste pour pouvoir me retrouver seul au plus vite.

Après avoir noté mon témoignage et fait avec moi l'état des lieux, Falman m'avait jeté un dernier coup d'œil et m'avait dit de partir.

- Tu manques trop de sommeil pour être bon à quoi que ce soit, dors et on en reparlera demain.

J'avais acquiescé d'un hochement de tête sans trouver la force de répondre, et j'avais descendu les marches du bâtiment abandonné d'un pas titubant.

J'étais résolu et préparé à un combat éprouvant, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il parle de mon frère ; je n'étais pas prêt à supporter qu'il sous-entende que la voix en armure qui m'avait accompagné et soutenu pendant quatre ans n'était qu'un ersatz que j'avais créé de toutes pièces. Il avait semé le doute dans l'esprit de mon frère, sur sa réalité, et c'était l'un des derniers souvenirs qu'il avait emporté avant que sa mémoire ne disparaisse. Ces idées m'étaient insupportables. Et, pire que tout, elles avaient réussi à ébranler mes convictions.

Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-cityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant