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Quand je dis que je les déteste, c'est encore plus vrai maintenant. Vincent avait pourtant dit qu'il avait besoin de sommeil. Je n'ai pas inventé. Ben l'envie de dormir l'a quitté. Mon appartement n'est pas immense comme celui de Camille et seul le couloir sépare les deux chambres.
Je rêverais d'avoir des boules quies. Ils gémissent à n'en plus finir. Et ça dure des plombes. C'est horrible pour moi de devoir supporter ces bruits d'extases surtout qu'évidemment je bande. J'étais certain que ça m'arriverait. Comment je pourrais rester de marbre sachant qu'à quelques centimètres de moi se trouve l'objet de tous mes fantasmes. Fort heureusement mon lit est un 160 de largeur et je suis à la limite de me retrouver le cul parterre. Je suis à l'extrémité de mon pieu. Si jamais je la touche par inadvertance je ne suis pas sûr de pouvoir empêcher mes mains de la caresser, de la découvrir intimement, d'explorer chaque centimètre de son corps. C'est une torture. Elle est dans mon lit et je ne peux rien faire, rien tenter. Je ne voudrais pas l'effrayer, me faire passer pour un obsédé. Pourtant mon cerveau lui se fait des scénarios et c'est chaud. Carrément chaud. J'ai une trique d'enfer. Je ne vais pas survivre à cette nuit, ce n'est pas possible. L'univers s'est ligué contre moi.Rrhhaaaa.

-Brice ? Pssii. Tu dors ? Me demande d'une toute petite voix la demoiselle qui partage mon lit.

-Orlane, avec le bordel qu'ils font c'est compliqué de trouver le sommeil.

Bien évidemment je ne lui dis pas que sa présence, proche tout en étant éloignée, ne peut me permettre de m'endormir.

-Heureusement qu'ils nous ont dit vouloir dormir.

La chambre est plongée dans le noir mais dans sa phrase j'entends tout de même son sourire. Celui-ci est contagieux puisque mes lèvres s'étirent également vers le haut.

-Ouais. Ils nous ont bien eus sur ce coup-là. De vrais lapins tous les deux.

On rigole le plus discrètement possible. Quand je sens Orlane se rapprocher. Là je ne rigole plus du tout. Je passe en mode stress.

-Il vaut mieux que j'aille dormir sur le canapé.

-Quoi ?! Mais pourquoi ?

-Pff. Tu ne t'imagines pas les efforts que ça me demande de ne pas me coller à toi. Les efforts pour ne pas te toucher, t'embrasser. Non sans déconner, je ne peux pas rester comme ça. Avec une gaule que je vais garder toute la nuit. Je suis un mec et mon cerveau et ma queue ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes.

Je suis complètement fou de lui sortir un truc pareil, mais la fatigue, les efforts que je fais pour garder une certaine distance ont raison de moi et je n'ai plus de filtres. Mes paroles sortent sans que je les contrôle. Après m'avoir entendu débiter toutes ces conneries il y a de grands risques qu'elle se casse et clairement je ne saurais quoi faire pour la retenir.
Plutôt que de la voir partir en courant, je l'entends glousser. J'allume les petites lumières au dessus du lit et je la découvre la tête enfouie dans l'oreiller à se cacher pour rire. Cette fille est un ovni. Je lui parle de mes pulsions sexuelles et elle rit. Enfin disons plutôt qu'elle se fout de moi.

-Je peux savoir ce qui te fait marrer ?

-Toi ! Toi évidemment. Mon pauvre, tu dois être hyper frustré sexuellement en ce moment pour penser que tu vas bander toute la nuit.

-Non je ne suis pas frustré. Ou plutôt si. Ce que je veux dire c'est que je ne suis pas en manque. C'est toi qui me mets dans cet état. Oui j'aime le sexe mais je suis capable de rester un bon moment sans relation.

Pendant mon petit discours, Orlane s'est encore approché de moi et à présent nos corps se touchent. Elle va m'achever.

Je préfère fermer les yeux. La sentir si proche est déjà un supplice pour mon corps, surtout pour mon bas ventre, alors je refuse de la regarder. Je fais tout mon possible pour rester immobile tandis que de son côté elle fait tout son possible pour que je perde le contrôle.

-Tu penses que tu pourrais être fidèle ?

Putain mais c'est quoi cette question ? Qu'est ce que je peux répondre à ça ? Je ne suis jamais sorti avec quelqu'un. J'imagine que oui si c'était le cas. C'est ce que je me suis toujours dit au cas où ça m'arriverait. Quelle question de merde.

-Tu n'as pas la réponse ?

-Orlane je n'ai jamais été en couple. Je ne me suis jamais vraiment posé ce genre de question et tu es la première à me la poser.

-Et donc ?

-Et donc, si j'étais en couple c'est que j'aimerais la personne avec qui je suis. Je m'imagine mal tromper cette personne. Pour moi une relation doit être basée sur le respect, la confiance et l'amour bien évidemment.

-Pourquoi t'as jamais été en couple ?

-Tu me poses de ces questions. En plein milieu de la nuit en plus. Que veux-tu que je te dise ?

-Comme on ne peut pas dormir avec nos deux voisins de chambre. Je m'étais dit qu'on pourrait parler. Mes questions t'embarrassent ?

-Pas vraiment mais parler de moi n'est pas ce que je préfère. Pour tout te dire, je n'ai jamais été en couple parce que je n'ai jamais été amoureux.

-Ah. Ok

-Jusqu'à récemment. Et... je me racle la gorge... je ne sais pas trop comment agir avec cette personne qui m'a retournée le cerveau.

-Tu lui as dit ?

-Dis quoi ?

-Qu'elle t'a retourné le cerveau.

-...

J'ouvre les yeux et découvre son visage juste au dessus du mien. Bon sang ce qu'elle est belle. Son nez vient frotter doucement le mien jusqu'à ce que nos lèvres se collent les unes aux autres. Ses lèvres s'entrouvrent et laisse ma langue s'immiscer dans sa bouche à la découverte de la sienne. Notre baiser au départ doux se transforme rapidement en quelque chose de beaucoup plus fiévreux. Son corps à présent sur le mien, nos mains partent à la découverte du corps de l'autre avec des gestes malhabiles, comme si nous agissions dans l'urgence. Plus rien n'existe. Est-ce que Cam et Vincent font toujours des galipettes ? Maintenant on s'en fout. Seuls nous deux comptons en cet instant. Rien d'autre.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant