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Augustine a dû arriver, j'entends du bruit provenant de la cuisine. Je dois me lever et surtout passer quelque chose sur moi, elle n'aime pas me voir juste en caleçon. Ça me fait sourire, mon père a sûrement raté son casting sur ce coup là. Il n'aurait jamais embauché une personne si adorable autrement.

Quand j'arrive auprès d'elle je lui claque une bise sur la joue, je sais qu'elle adore.
Et puis faut dire que je suis de bonne humeur ce matin, j'ai bien dormi cette nuit rasséréné par le fait que Bérénice et moi soyons sur la même longueur d'onde.

Je vais appeler le Baron tout à l'heure pour lui apprendre que son projet tombe à l'eau, ou alors je vais jusqu'au château pour voir sa mine déconfite à cette annonce.

Je rêvasse en prenant mon petit-déjeuner quand quelqu'un sonne à la porte. Je vais ouvrir et quelle n'est pas ma surprise de voir Capucine et Laura si tôt et avec la tête des mauvais jours.

-Salut. Ça n'a pas l'air d'aller ? Qu'est-ce qu'il vous arrive ? Euh entrez, vous allez tout me raconter.

-Tu n'as pas su ? me demande Capucine

Un frisson me parcourt l'échine. Su quoi ? Avant même que je puisse poser la question la sonnette résonne à nouveau. C'est quoi ce bordel ?

-Hugo ? Mais qu'est-ce ce que tu fais là ?

Il n'a pas meilleure tête que les filles. J'ai un très mauvais pressentiment.

-Dites-moi que ce n'est pas Yannis ?

Laura se précipite pour me dire que ça n'a rien à voir.

-Bon dites-moi ce qu'il y'a parce que vous m'angoissez avec vos mines taciturnes.

-Hugo t'es là pour quoi toi ?

-Sûrement pour la même chose que vous, répond-il à Laura.

-Bon c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Je commence à m'impatienter car je comprends qu'ils vont me dire un truc énorme et peu réjouissant.

-Euh, passe nous ton ordi, ce sera plus parlant.

-Putain vous me faites peur là sans déconner.

Ils se lancent des regards et soupirent. Je me hâte de récupérer mon ordi portable dans la chambre. Les filles l'allument dès que je le dépose devant elles. Augustine s'approche et me demande doucement ce qu'il se passe. Je hausse les épaules pour lui signifier que je n'en ai pas la moindre idée.

Elle tournent enfin l'écran vers moi et mon sang quitte instantanément mon corps. Pas ça ! Pitié non. Ils n'ont pas osé !

-Comment... comment vous savez que c'est moi ? Ma voix n'est pas assurée, limite chevrotante. C'est un cataclysme qui s'abat sur ma vie. C'est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer.

-On le sait depuis toujours Brice, me répond Capucine en posant sa main sur la mienne.

Ce même geste je l'ai fait hier soir pour réconforter l'autre garce et aujourd'hui je me retrouve avec elle à la une des journaux avec un titre pourri :

« Les jeunes tourtereaux avance la date de leur mariage ! »
tous les détails ci-dessous.

Je déglutis avec difficulté. Augustine a posé ses mains sur mes épaules et lit en même temps que moi. Je la sens se raidir à mesure de la lecture.

« Hier soir, le couple phare du moment a dîné au Carlton où ils ont été surpris par nos journalistes. Lors de cette soirée en amoureux ils ont décidé de changer la date de leur union. Ils l'avancent ! Faut-il y voir une autre bonne nouvelle pour dans quelques mois ?
Plus tard dans la soirée nous avons réussi à joindre Bérénice de Fougerolle au téléphone. Elle nous a confiés que le mariage aurait lieu le 24 octobre et que les cartons d'invitation partaient aujourd'hui. Tout le gratin sera certainement de la partie. D'ores et déjà nous souhaitons tous nos vœux de bonheur aux futurs mariés. »

Que je suis naïf ! Bête à bouffer du foin. Moi qui pensais mettre un terme à tout ça. Dans un accès de rage je balaie la table où nous sommes installés et mon ordi valse. Il n'aura sans doute pas résisté au choc, tout comme moi.

Mon téléphone en main j'appelle cette salope faite du même tonneau que le Baron.

-T'es contente ? A quoi ça te sert tout ça ?

-Oh Enguerand je te sens contrarié. Il fallait bien s'assurer que ta relation avec ... comment s'appelait-elle déjà ? Enfin aucune importance, que cette liaison soit définitivement morte et enterrée. Quel meilleur moyen. Mon chéri, nous allons bientôt nous marier !! Je suis pressée d'y être si tu savais.

Mais elle est complètement tarée cette nana !

-Mais t'es une grande malade en fait. Faut t'interner ! Tu ne crois tout de même pas que je vais me marier avec une cinglée !

-Attention à ce que tu me dis, ta petite pétasse pourrait en payer le prix.

-Pas la peine de te donner du mal. On a déjà payé vos saloperies. Tu sais bien que nous sommes séparés.

-Si tu veux, mais n'oublie pas que toute la presse parle de notre mariage et comme je l'ai dit les invitations sont lancées.

Elle est folle, folle à lier. Je raccroche parce que ça ne mènera nulle part. Putain dans quelle merde je suis. Et Orlane que va-t-elle penser quand elle va voir les journaux. Elle va y croire ducon, c'est bien pour ça que tu l'as larguée non ?!

Il n'y a pas un bruit autour de moi et pourtant ils sont encore là. Aucun d'entre eux n'ose bouger ou parler.

-Sympa les nouvelles du matin. Je ne sais pas si je dois rire, pleurer, hurler ou me rouler parterre.

-Brice qu'est-ce qu'on peut faire pour t'aider ?

-Au fait comment vous avez su que...

-Que tu es Enguerand ? Laura et moi le savons depuis que l'on t'a vu la première fois. On a eu un petit doute, mais comme tu sais on regarde ces magazines à la con. Quand on te parlait de Enguerand on attendait que tu sautes sur l'occasion pour nous l'avouer. Mais ça ne s'est pas produit.

-Et toi Hugo ? Ne me dis que tu lis ces torchons ?

-Bien sûr que non. C'est assez récent en fait. J'ai eu du mal à passer en cinquième année. Je suis allé me renseigner pour savoir si j'allais perdre mes bourses auquel cas j'aurais dû terminer mes études. Figure-toi que je n'ai jamais eu de bourses vu mon statut de... tu sais quoi. C'est Enguerand de Carron la Carrière qui finance mes études, mon logement. Comme c'est grâce à toi que j'ai pu m'inscrire... ça allait de soi.

-Humhum. Vous savez cette histoire de mariage c'est du n'importe quoi. J'la connais même pas cette fille. On a dû se voir deux, trois fois à tout casser. Elle et mon père ont comploté pour qu'on en arrive là. Je ne comprends juste pas pourquoi. Pourquoi elle ? Pourquoi il cherche à me détruire.

-Et tu comptes faire quoi maintenant ? Et Orlane ?

-Faut que je réfléchisse calmement. Je les regarde bien pour faire passer le message.

-Ok, on va te laisser. On est là alors si tu as besoin tu sais que tu peux compter sur nous.

Ils sortent de l'appartement. Je suis seul avec Augustine. Elle s'assoit près de moi.

-Trouve un moyen, n'importe quoi mais fait en sorte que plus jamais il ne te fasse de mal.

Je retourne dans ma chambre et m'effondre sur le lit. Bordel de merde.

Deux jours plus tard, je suis à Londres. J'ai rejoint les seules personnes qui pourront m'aider. J'ai décidé de ne pas poursuivre mes études. Je suis ici pour un temps. Je suis tellement démoralisé que Camille a préféré m'accompagner. Il va rester quelques jours et repartir pour la rentrée.

Malgré mon vague à l'âme je dois trouver un plan d'action. Je suis bien décidé à mettre à mal le Baron, à l'abattre au sens figuré bien entendu.

*****

Au même instant une jeune fille se tient sur le perron du château. Elle et le Baron se font face. La demoiselle aux yeux émeraude vient de cracher toute la haine et la rancoeur qu'elle ressent envers cette personne des plus abjectes. Pour mettre un point final à cette confrontation une main vient s'écraser sur une joue.

Orlane quitte les lieux un sourire triste sur le visage et une main brûlante.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant