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Un marteau piqueur. Voilà ce qui se passe au niveau de mon crâne. Putain c'est horrible, cette douleur était aux abonnés absents depuis des lustres. Malheureusement ce n'est pas la seule que je ressens. Mon cœur est en charpie. Que des petits bouts et un grand vide.
Je sens quelque chose bouger dans mon lit. Je n'ose pas ouvrir les yeux de peur de voir qui je pourrais y trouver. Putain, dites-moi que je n'ai pas fait une nouvelle connerie, je me dégoûterais totalement. Pourtant va bien falloir que j'assume mes actes. Je ne suis qu'un pauvre naze. Malgré le brouillard et le mal qui y ont élu domicile, dans ma tête je me repasse ma journée d'hier. Oui je me fais du mal, à croire que j'aime ça. Ressasser sans cesse sa souffrance c'est de l'ordre du masochisme mais je ne peux y échapper, du moins je n'y arrive pas.
Donc je reprends le cours de mes pensées et reviens à la nuit précédente, les nuisances des voisins de chambre, la découverte charnelle d'Orlane... et merde, rien que d'y penser j'ai une érection. Cette nuit là j'ai exploré son corps tout comme elle a exploré le mien. C'était divin. Nous nous sommes arrêtés là. Ouais malgré une réputation de dandy queutard, je voulais autre chose que du sexe pour du sexe, je voulais que l'on prenne notre temps. Le temps de la découverte. Maintenant c'est mort.
Puis ensuite elle s'est levée, tout allait bien. Elle a petit-déjeuner, tout allait bien. On est sortis de l'appartement et tout a changé. La grande inconnue c'est pourquoi.
L'après-midi est passé doucement, toute la bande était présente, non il manquait Amandine. Bref j'étais totalement déconnecté et les jumelles ont balancé un missile en plein milieu du salon sans imaginer les dégâts que ça allait provoquer en moi. Cette Bérénice commence vraiment à me courir. Elle est complètement tarée. Alors j'ai bu. Quel con ! Heureusement que Henri et Françoise n'en savent rien. Je ne veux pas les décevoir. Le regard de Camille m'a suffit. Merde, mes yeux me piquent. Il ne faut pas que je me laisse aller.

Je prends mon courage à deux mains, j'ouvre les yeux et tourne la tête en direction de la personne qui est installée dans mon lit. Une masse de cheveux en pagaille blond platine. Ouf, quel soulagement !!!

-Ça y est, tu sors de ta léthargie ? T'as bien mal au crâne j'espère ?

-Cam, s'il te plaît... je suis désolé, sincèrement désolé.

-Je sais, je sais.

Il parle tout bas et c'est tout juste si je l'entends. Mon comportement minable l'a affecté. Il n'aime pas me voir boire et si j'étais à sa place je réagirais sans doute de la même manière.

-Je suis trop con, c'est clair. Mais ça ne m'explique pas ta présence dans mon lit ?

-Alors tu vas éviter de dire que t'es con parce que c'est complètement faux. Bon c'est sûr des fois je te trouve con mais pas dans le sens où tu l'entends. Mais je sais pourquoi tu as agi comme ça. Et si je me retrouve à dormir près de toi plutôt que d'être près d'un autre corps beaucoup plus bandant,

-Non ne m'en dis pas plus. Dis-moi simplement ce que tu fous ici.

J'ai beau l'avoir coupé, il continu comme si de rien n'était

-je disais donc près d'un corps bandant -je lève les yeux au ciel, oups ça fait mal- je suis dans ce lit parce que tu as fait n'importe quoi, je voulais m'assurer que tu ne serais pas malade cette nuit.

Comment j'ai fait pour mériter un pote comme lui. Il se sacrifierait pour moi et mes yeux qui me piquaient sont à présent très très humides. Cam se rapproche et me prend dans ses bras.

-Brice, je t'en prie arrête de pleurer, je ne le supporte pas. T'as pleuré toute la nuit déjà. Arrête s'il te plaît -il prend une inspiration- hier quand t'as bu... -il a les yeux qui s'embuent- je... je ne veux pas que ça se reproduise, je ne veux pas revivre ça. T'es pas mon meilleur ami, t'es mon frère de cœur.

Et c'est lui qui craque complètement. Il voulait me consoler en me prenant dans ses bras et les rôles s'inversent. Je m'en veux parce que s'il est dans cet état c'est de ma faute. Il pleure à chaudes larmes sur mon épaule. Quand il dit ne pas vouloir revivre ça, je sais à quoi il fait référence et je prends encore de plein fouet la réalité de la situation, la réalité de ce que je lui ai fait vivre au moment où j'ai sombré et que je m'étais réfugié dans l'alcool et autres substances. Ma souffrance, lui aussi l'a subie. On voit bien comment on est mal par rapport à Yannis, combien on aimerait le soulager. Alors je m'en veux encore plus. Je ne veux pas en rajouter. Mon Cam mérite le meilleur parce que c'est une personne merveilleuse. Je ne veux pas non plus gâcher le bonheur qu'il a trouvé auprès de Vincent. Je vais le laisser loin de mes tourments. Il faut que je le fasse pour lui.

Pour essayer de détendre l'atmosphère, je lui sors ce à quoi j'ai pensé en me réveillant.

-T'imagine pas la frayeur que j'ai eu tout à l'heure quand j'ai senti quelqu'un bouger dans mon lit. J'ai cru que c'était Laura et Capucine.

-Ben d'habitude ça ne te dérange pas. Tu les aimes bien, non ?

-Évidemment que je les aime bien. Elles sont géniales mais bon il faut que je te dise que... ben tu vois, l'autre nuit avec Orlane, disons que

-Je le savais ! Vous avez fait des petites cochonneries. Il a retrouvé instantanément le sourire et je suis soulagé de le voir comme ça.

-Non non. Disons que, Rhooo t'es chiant. Non on a juste. Bon nous avons fait un peu plus connaissance. Voilà maintenant ta curiosité est satisfaite.

-C'est bien ce que j'ai dit. Des petites cochonneries

-Ouais enfin, pour le résultat que ça a donné.

-T'as sûrement dû lui dire un truc, c'est pas possible.

-Je te promets que non. J'ai beau tourner et retourner ça dans ma tête je ne vois pas. J'ai pas eu le temps de dire quoique ce soit, dès qu'on est sortis de l'appartement elle a changé d'humeur. Bon, de toute façon j'ai compris le message.

-Ah bon ?! Tu vas lâcher l'affaire comme ça ?!

-Tu veux que je fasse quoi ? Je ne l'intéresse pas. Point barre.

-Nan nan. Tu ne vas pas baisser les bras. Tu vas lui demander pourquoi. Y a un truc. En plus je ne t'ai jamais vu comme ça avec une fille. Non mais réalise, t'avais une fille dans ton pieu et tu ne l'as pas baisée. Rien que ça c'est quelque chose d'incroyable ! Je vois bien cette étincelle dans tes yeux quand tu parles d'elle, quand tu la regardes. Elle t'a envoûté.

-Ouais t'as raison, j'avais l'impression d'avoir atteint mon bonheur.

-Si c'est vraiment ce que tu ressens, alors ne le laisse pas t'échapper.

Nous finissons pas nous lever. Aujourd'hui encore je vais sécher les cours, je ne peux pas sortir de chez moi avec la tête que j'ai. Non seulement elle est comme dans un étau et de surcroît on ne voit plus mes yeux. A priori j'ai beaucoup pleuré et mes paupières sont gonflées de larmes. Depuis combien de temps ça ne m'était pas arrivé ? Ça remonte à loin.

Camille a décidé de rester avec moi. Lui aussi sèche. Lui qui est très studieux habituellement, à se préoccuper de Yannis et moi, il en aura manqué des cours. Je lui dis que c'est bon, que je vais bien mais borné comme il est je n'insiste pas parce qu'à la vérité je suis bien content qu'il soit là.

En fin de journée je vais jusque chez Orlane en espérant qu'elle ne soit pas à son lieu de stage.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant