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Orlane

Je n'hésite pas une seconde, j'y vais. Il va m'écouter cette fois-ci.
J'ouvre le plus silencieusement possible la porte au cas où il dorme. La pièce est plongée dans la pénombre, la faible luminosité me permet néanmoins de le voir allongé sur le lit, les bras repliés sur les yeux. Je regarde attentivement son corps devenu maigre. Je ne sais pas s'il dort ou non puisqu'il ne bouge pas d'un pouce.
Je m'approche du lit,

-Brice.

Rien. Pas un geste.

-Brice, tu dors ?

Question stupide, s'il dort il y a peu de chance qu'il me réponde. Comme je n'obtiens toujours aucune réaction, je ne sais pas trop ce que je dois faire, attendre ici ou retourner au salon ? Et puis zut ! J'enlève mes pompes et m'allonge près de lui et là je sais. Il ne dort pas ce con ! Il ne veut simplement pas me parler. Alors je fais comme si je n'avais rien remarqué mais je dis tout ce que j'ai sur le cœur, toute la douleur qui m'imprègne, tout l'espoir qui m'anime.

-Tu te souviens comme nos débuts ont été chaotiques. On n'arrivait pas trop à se comprendre alors que l'on souhaitait la même chose. Comme quoi ça peut être difficile de passer un message. Ça doit dépendre de nos caractères, de notre éducation aussi, du fait de ne jamais vouloir trop se dévoiler pour ne pas souffrir. Puis tout est devenu évidence entre nous. Tout. L'amour que l'on avait l'un pour l'autre. La vie que l'on se voyait à deux alors que ça ne faisait pas bien longtemps que l'on s'était trouvés. Tu as tellement de bonté en toi, comment j'aurais pu ne pas craquer. Tu m'as fait découvrir ta vie, du moins une partie. Celle qui avait de l'importance pour toi. Comment j'aurais pu ne pas avoir d'admiration pour toi, ta grandeur d'âme, ton abnégation. Comment j'aurais pu ne pas détester ton père, cet être médiocre qui ne t'arrive pas à la cheville. Comment as-tu pu penser un seul instant que je t'avais remplacé. Comment peux-tu croire que je ne t'aime plus. C'est impossible, tu es l'homme de ma vie. Je le sais, ça se sent ces choses là. Notre instinct ne peut pas nous tromper.

Rien. J'ai l'impression de parler dans le vide mais je ne désespère pas. Je ne vais pas m'avouer vaincue.

-Je sais que je t'ai déçu. Je ne suis pas non plus la meilleure personne qui existe sur cette terre, faut pas exagérer. Évidemment je n'aurais pas dû lire tes cahiers, tes secrets. N'empêche que je crois que je t'aime encore plus depuis. Enfin je ne sais pas vraiment si c'est possible de t'aimer plus mais en tout cas, ce n'est pas possible pour moi de t'aimer moins. Tu vas m'en vouloir encore un peu plus quand je vais te dire la suite,

Il ne bouge toujours pas. Je suis certaine qu'il ne dort pas. Il ne respire pas de la même façon quand il est dans les bras de Morphée. Ça fait peut-être des mois que nous n'avons pas partagé le même lit, mais je n'ai rien oublié. Son odeur, ses lèvres sur les miennes, son sourire en coin et ses yeux étincelants quand il veut un peu plus que des baisers.

-Au réveillon, c'était Baptiste. C'est un de mes colocs. Il est super sympa, je suis sûre que tu vas l'aimer.

Bingo ! Crispation de la mâchoire. Je l'ai eu.

-Je ne sors pas avec lui. Comme m'a dit Yannis j'ai dû craquer mon cerveau ce soir là. Pourquoi je lui ai pris la main ? Pff c'est difficile à comprendre même pour moi, alors l'expliquer. J'ai probablement voulu te faire payer ces mois de silence. Ces mois que j'ai passés à pleurer quand j'étais seule dans mon lit. Ces mois pendant lesquels j'ai souri chaque fois que j'étais avec la bande. Ça évitait de parler de toi. Et puis il faut que je te dise que dans tout ça il y a aussi ma plus grande satisfaction ! Elle m'a value une main brûlante plusieurs heures tant j'y suis allée fort. J'ai giflé ton père ! Ça ne m'a pas rendu plus gaie mais au moins il a compris ce que je pensais de lui.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant