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CHAOS. Que dire de plus ? C'était un cauchemar, on allait se réveiller pas vrai ? Juste un putain de cauchemar.

Je ne sais pas si les autres sont dans le même état d'esprit que moi. Mais je ne comprends rien. Je ne parviens pas à intégrer ce que j'ai entendu, ce que Yannis a relaté aux flics. Notre rebelle, celui qui mourrait pour nous, embarqué. Je ne sais pas ce qu'il a bien pu faire par le passé mais s'il y a bien une chose dont je suis certain c'est que jamais au grand jamais il ne ferait de mal à Fauve. Ouais il nous a caché un passé apparemment peu reluisant mais qui s'enorgueillirait d'avoir fait de la prison ? Putain ma tête va éclater. Larmes, sanglots. Orlane qui s'écroule complètement. Qu'est-ce que l'on est sensés faire ? Quoi dire ?

Une simple question, une bouteille qui explose et nous voilà englués dans l'horreur. Fauve, qu'est-ce qu'elle subit pendant que nous sommes dans ce salon à tenter de se consoler ? Cette soirée devait être une fête. Alors pourquoi ?

Plusieurs heures sont passées. Yannis, Adam et Jehann sont de retour du commissariat. Le rebelle nous jette un bref regard et part dans sa chambre -Ouais j'avais oublié qu'il vivait ici depuis peu- S'il est sorti des griffes de la police c'est qu'il n'a rien à voir dans ce foutoir hein ?

Nous restons à la coloc, les yeux gonflés, cernés. Il est très tôt ce matin et Vincent est sorti nous prendre des viennoiseries. Après une nuit sans sommeil, on s'octroie le droit de manger parce que malgré tout il faut qu'on mange un minimum.
Yannis nous rejoint dans la cuisine accompagné de Jehann. Le meilleur ami de Fauve a décidé d'aller à sa recherche et il force le rebelle à le suivre dans cette folie pure. Pour autant personne ne s'oppose à lui et puis qu'elle meilleure façon de prouver à Jehann qu'il n'a pas perdu notre confiance.

Ils l'ont retrouvée !!!! Les larmes continuent de tomber mais elles ont une autre saveur. Nous sommes soulagés, inquiets mais soulagés. Elle est vivante, ça nous semble être l'essentiel.

Les semaines qui suivent nous démontre que malheureusement l'on peut être vivant, tenir debout tout en étant mort à l'intérieur. C'est exactement notre Fauve, une morte vivante. Quand elle se «réveille» c'est la folie qui prend le pas dans son esprit. On l'entend hurler. Personne ne peut l'approcher.
On a pensé que l'on pouvait l'aider. Nous sommes allés en Bretagne, là où elle s'est réfugiée. Elle est avec les parents de Yannis. Qu'est-ce qu'on a été cons. Notre présence a empiré son état. Elle a hurlé après Jehann, l'a frappé et depuis il a disparu. Il nous a dit avoir juste besoin de prendre l'air pour surmonter cet accueil. Il n'est pas revenu. Sa sœur est là. On ne savait pas qu'il avait une frangine, muette. Cette histoire aura révélé des choses, aucune joyeuse.
C'est dépités que nous repartons. On ne veut surtout pas que Fauve sombre un peu plus dans la folie par notre faute. Parce que oui, elle est folle, hystérique. Son comportement nous fait peur.

Le temps défile. La vie reprend son cours. Nous étions des gamins, faisions les cons avec trois fois rien quand nous étions tous ensemble. Tout ça est maintenant derrière nous. On aimerait bien retrouver un peu de cette insouciance mais rien n'y fait. Quelque chose en nous est détruit, mort.

Le rebelle est de retour. Marqué, plus taciturne encore, son regard plus sombre que jamais. Les parents de Yannis donnent des nouvelles de Fauve. Elle se force à bouger. Elle est forte cette fille. On ne peut être qu'admiratifs.

C'est la fin août, nous sommes tous de retour à Paris. J'ai pris une grande décision. J'invite l'amour de ma vie dans une petite pizzeria, elle adore ça.
Vincent m'a prêté sa voiture, je vais chercher Orlane au bas de son immeuble et nous voilà vite rendus dans cet endroit tranquille. C'est pas de l'étoilé au guide Michelin mais tellement plus sympa. Ce ne sont pas des coincés du cul qui fréquentent ce lieu, ça c'est sûr.

Aujourd'hui, c'est le grand jour. Je vais tout lui dire. Qui je suis, ça elle le sait, mais je vais lui apprendre mon nom, mon appartenance à la grande aristocratie Française. Elle a le droit de savoir. J'avoue avoir un peu les pétoches. Je ne sais pas trop comment elle va prendre le fait que pendant des mois je me suis tu. Peut-être va-t-elle m'en vouloir ?

On nous conduit à une table dans le fond de la salle. Nous sommes en retrait et ça me va très bien. Elle se tient face à moi, silencieuse, des étoiles plein les yeux. Son regard si vivant, si pétillant résume à lui seul ce qu'elle est.

Je suis raide dingue de cette fille et je n'ai qu'une envie, partager le reste de ma vie avec elle, être jour après jour aussi amoureux d'elle que je le suis aujourd'hui. Peut-être même davantage.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant