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Camille m'a interdit de dormir au centre ce soir. Il viendra me chercher avec Vincent après ma rencontre avec Orlane. Je pense qu'il redoute qu'à l'issue de celle-ci je sois dans un état pitoyable. À dire vrai il a probablement raison. Qu'en bien même elle me dirait qu'on a eu une belle histoire, courte mais belle, ça n'empêchera pas cette douleur lancinante de rester dans mon cœur et dans ma tête.

Je fais tout pour retarder le moment fatidique. J'ai l'impression d'aller à l'échafaud, j'en ai des suées. Je ne vais pas pour autant me défiler, je lui dois bien ça après l'avoir quittée comme un lâche. Mais je me sens dans un état cotonneux, je suis si fatigué. Si fatigué.

Comme j'ai fait traîner les choses, elle est déjà là, installée à une table de l'éden. Je n'ai pas eu le courage non plus de lui dire de choisir un autre endroit, c'est quand même notre repère à la bande. La preuve Amandine et Mélissa lui tiennent compagnie. Je vais vers elles, nerveux comme jamais. Jehann me fait un signe de tête et un clin d'œil. Je tente un petit sourire pour lui répondre. Je ne pense pas être convainquant dans le rôle du mec qui va bien. Surtout que je me sens fébrile.

A peine ai-je le temps de saluer les filles qu'elles nous laissent Orlane et moi. Ma fiker... je secoue la tête, il faut que j'arrête de penser à elle comme ça. Nous ne sommes plus ensemble. Putain ce que c'est difficile de me trouver en face d'elle. Elle est aussi nerveuse que moi, je le vois à la façon dont elle triture ses mains.

-Bonjour Brice. Je ...

-Salut

Un simple mot dit d'un ton sec, agressif bien malgré moi, ce n'est pas ce que je voudrais. C'est sans doute mon moyen de défense. Je dois me protéger à tout prix. Mais il y a une chose que je ne veux pas, je ne veux pas me montrer désagréable. C'est plutôt mal engagé.

-Excuse-moi, je ne voulais pas te parler sur ce ton.

-Je ne t'en veux pas, je peux comprendre. Cette situation n'est facile ni pour toi ni pour moi. Il faut que je te dise. J'ai été en dessous de tout.

Ses yeux sont larmoyants, pitié qu'elle ne pleure pas devant moi. Je ne le supporterais pas.

-Ne pleure pas je t'en prie. Pas pour moi. Tout est de ma faute, j'aurais dû t'expliquer. Le Baron, ce qu'il attendait de moi. Je ne pouvais pas le laisser te faire ça. Il t'aurait détruit toi aussi tout comme il l'a toujours fait pour moi.

Elle ne doit rien piger dans mes propos puisque je n'ai parlé du chantage que ce connard m'avait fait qu'à la famille Claudel.

-Je sais. Je sais déjà tout ça. J'ai les clés de ton appartement et... s'il te plaît pardonne moi d'avance.

-De quoi tu parles ? Comment tu sais ?

-J'ai été chez toi après ton départ pour l'Angleterre. J'avais besoin de savoir tu comprends !

Des larmes commencent à s'échapper de ses yeux alors je baisse la tête pour éviter de m'y mettre.

-J'ai tout lu. Je n'aurais pas dû c'est vrai mais c'était la seule façon vu que tu n'avais rien voulu me dire.

Je relève brusquement la tête, j'ai sûrement pâli d'un coup. Elle a lu, elle les a lus. Mes cahiers. Ma vie y est inscrite, le moindre de mes sentiments, mes peurs, mes envies, mes bonheurs. Elles les a lus. C'est comme si je me retrouvais nu devant elle sans l'avoir voulu.

-T'as pas fait ça ! C'est pas vrai ! Dis-moi que j'ai mal compris !

Elle se pince les lèvres, remue sur son siège comme si quelque chose lui piquait le cul ! Je ne le crois pas elle a osé. Comment a-t-elle pu me faire ça.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant