48

55 9 4
                                    


Je me demandais encore combien de temps on allait rester là à se regarder dans le blanc des yeux. Je n'étais plus certaine qu'il ait entendu ce que je lui avais dit la nuit précédente. Il pourrait faire le premier pas alors, ouais sauf s'il n'a rien capté. Bon ben je me lance

-Tu te sens mieux ?

Quelle tarte ! Je n'ai qu'une envie, être lovée dans ses bras et je lui pose une question tout ce qu'il y a de plus banale. Ceci étant, ça amorcera peut-être un début de conversation.

-Je... est-ce que... oh purée, je ne sais pas par où commencer ou pour être exacte recommencer mon petit discours. Je t'ai parlé hier soir. Est-ce que tu...

Un rire discret, faible, une main tendue et me voilà allongée sur le lit étroit de l'hôpital.

-Putain ce que tu m'as manquée. C'était une torture. Viens dans mes bras, j'en ai besoin. C'est vital.

Vital, ce mot me glace le sang. Vu son état actuel je pense que oui c'est vital.
On peut difficilement être plus collés. Il enfouit sa main libre de perfusion dans mes cheveux. La tension de mon corps disparaît à mesure du temps qui passe. Nous nous endormons dans un profond sommeil récupérateur.

**********

Monsieur Le Baron s'installe à table afin d'y prendre son petit-déjeuner. Tout est déjà disposé, ne manque plus que le café. Il manipule une petite cloche, comme au temps des rois, pour qu'une de ses gouvernantes vienne lui apporter sa boisson chaude. Harry a déposé plusieurs journaux que le Baron a pour habitude de lire avant de commencer réellement sa journée. Son café servi, il prend le premier magazine à portée de main et lit les gros titres tout en buvant son breuvage. Il recrache illico sa première gorgée.

Nom d'un chien il a osé ce merdeux.
Le Baron de Carron la Carrière : L'homme aux deux visages

Fébrilement il prend connaissance de l'article ce qui le fait pâlir au fil de sa lecture. Une rage monte en lui, puissante et dévastatrice. Cette fois-ci il va mettre son pseudo fils à terre, il s'est permis de jeter l'opprobre sur sa famille, sur le Baron. Il va le payer, cher.

Il regarde l'autre journal où évidemment il est incriminé de toutes les infamies. Que vont penser ses fréquentations quand elles apprendront ?

Dissimulés derrière une porte entrouverte, Harry et plusieurs autres employés du Baron se réjouissent du spectacle. Tous le détestent mais ils ont besoin de travailler, raison pour laquelle ils sont jusqu'à aujourd'hui restés à son service.

Le Baron sonne la cloche et hurle

-Harry ! Harry !

Ce dernier prend un petit moment avant d'arriver afin que le Baron ne le soupçonne pas de l'avoir observé.

-Monsieur.

-Préparez la voiture, nous partons d'ici une dizaine de minutes.

-Puis-je savoir où nous allons ?

-Au club.

*************

-Eh bien, il était temps. Je croyais que j'allais être obligée de parler aux murs.

J'émerge tout doucement, enfin pas si doucement que ça puisque Françoise, qui a dû me voir bouger un pouce, part dans des palabres sans fin. Je ne l'écoute que d'une oreille.
Je relève un peu la tête, Brice dort toujours et les deux autres gars ne sont pas dans la chambre.

-Quelle heure il est ?

-17 heures.

OMG, j'ai dormi quasiment toute l'après-midi. Waouh la vache. Je m'extirpe doucement des bras de mon chéri, de mon amour retrouvé. Je sais que j'ai un sourire d'une oreille à l'autre. Je me sens complète. Il ne m'a pas rejetée.
Je passe par la salle d'eau de la chambre et viens m'installer près de Françoise pour que l'on puisse discuter à voix basses.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant