Je reste interdit, ému, pris dans un flot d'émotions.
-Mais pourquoi personne ne m'en a parlé ? Camille sait tout ça ?
Je me frotte frénétiquement le visage des deux mains. Je ne sais plus quoi penser, quoi dire.
Devant moi Ramón sourit de toutes ses nouvelles belles dents.-Ils tenaient tous à te faire une surprise. Tout en me parlant il se dirige vers l'entrée de son appartement.
Je le suis du regard et à mon plus grand étonnement je vois plusieurs personnes dès qu'il ouvre la porte. Putain ils m'ont fait ça. Trois paires d'yeux en plus de celle de mon hôte m'observent. Plus un bruit. Je tente de me lever de la chaise sur laquelle j'étais assis durant toutes les révélations que je viens d'entendre. Peine perdue. Mes jambes ne répondent pas, mon corps est parcouru de spasmes et je me mets à pleurer comme une madeleine. Ce ne sont pas des larmes de tristesse bien au contraire. Ces larmes représentent ma joie, ma gratitude et tout ce que je ressens vis à vis de cette famille qui n'est pas la mienne mais qui est la seule a avoir toujours pris soin de moi.
Henri, Françoise et Camille se rapprochent doucement. Ramón reste en retrait mais ne perd pas une miette de la scène qui se déroule devant ses yeux, qui eux non plus ne peuvent contenir ses larmes.
Difficilement j'arrive à me lever et tous les trois me prendre dans leurs bras pour un câlin collectif. Henri me frotte le sommet de la tête dans un geste affectueux,
-Voilà ton œuvre Brice. Ça y est tes rêves prennent forme.
-C'est grâce à vous tout ça. C'est vous qui avez mis tout en route.
-Non non, mon chéri, me dit Françoise, nous n'avons fait que t'épauler. Sois fier de toi, c'est le résultat de ton travail.
Je cogne dans l'épaule de mon traître de meilleur ami.
-Tu m'as tout caché ! Si tu pouvais me cacher ton cul comme tu l'as fait pour cette surprise, je lui dis avec un sourire et des larmes.
Les parents de Camille se tournent soudainement vers lui avec les yeux grands ouverts. Celui-ci les regarde avec un sourire gêné tout en haussant les épaules. L'innocence parfaite.
Ramón nous a servi des boissons le temps que tout le monde se remette de ses émotions puis nous visitons l'immeuble. Les différents appartements sont bien définis, mais le travail à réaliser est encore colossal. Ça prendra plusieurs mois avant que ce soit fonctionnel mais déjà je trépigne d'impatience. J'imagine les familles que nous accueillerons ici. Ce sera juste un lieu de transition dans leur vie, le temps de les faire retomber sur leurs pieds et de quoi leur donner l'impulsion nécessaire à reprendre leur vie en mains.
C'est tout étourdi que je ressors de cette exploration. Je ne peux même plus décrocher un mot. Tant de choses m'ont été dites, tant d'émotions m'assaillent. Mes yeux vont et viennent dans ce chantier, mon cerveau carbure à plein régime réfléchissant à ce qui doit être entrepris dans l'urgence. Plus vite ce sera fait, plus vite nous pourrons sortir des personnes de la rue ou de situations précaires.
Je sens une main ferme sur mon épaule. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui en est le propriétaire. Henri. Oui Ramón a raison quand il dit que je vénère cet homme. Comment faire autrement ? Lui, parti de rien et maintenant à la tête d'un empire financier que certains pourraient trouver totalement indécent. Oui ça pourrait l'être s'il se comportait comme mon père, sauf que c'est son antithèse. L'un est aimant, ouvert d'esprit et généreux. L'autre est hermétique à tout ce qui ne concerne pas sa caste d'aristos, il n'aime rien ni personne sinon le pouvoir que lui confère son statut et son argent. Pour lui le couple Claudel représente les robins des bois des temps modernes et pour ça il les déteste au plus haut point.
Alors que moi je vénère Henri, j'admire la personne qu'il est. C'est mon modèle masculin et je ferai en sorte de lui ressembler le plus possible.
Quant à Françoise, j'aurais aimé que ma mère ait sa force de caractère, qu'elle soit aussi affectueuse, dynamique, imprévisible. J'adore cette femme.C'est un appel sur mon portable qui me fait sortir de mes pensées et prendre conscience du temps passé ici.
Je m'écarte un peu du groupe pour prendre la communication.
-Coucou. Je pensais passer chez toi ce soir si t'es d'accord.
-Évidemment. Tu restes cette nuit aussi ?
-C'était prévu, j'entends le sourire dans sa voix. Je suis chez mon frère. On se dit à dans une heure ?
-Parfait. Je commande à manger, tu veux quoi ?
-Peu importe. Ma faim ne se porte pas sur la nourriture ce soir.
-Ok, ok. Ça présage une belle nuit à venir. On éclate de rire en même temps et on raccroche.
Cette journée est carrément démente.
Françoise et Henri restent à Paris plusieurs jours et c'est tout naturellement que je leur dis de venir dormir chez moi.
-Nan ! Figures-toi que le petit ami de Camille nous a préparés une chambre chez lui. Et nous voulons te laisser un peu d'espace avec ta jolie miss. Françoise me dit ça tout naturellement avec son petit sourire en coin.
- D'accord, alors venez manger demain soir, je vous la présenterai.
-Je peux venir aussi ? Avec Vincent bien sûr.
-Pas de problème tant que je ne vois pas vos petits culs blancs.
Intérieurement je suis mort de rire devant son air déconfit. Ouais mine de rien je viens de balancer ça devant ses parents. Et des parents ben ça reste des parents.
Françoise fronce les sourcils,
-Va falloir nous expliquer ça jeune homme, dit-elle en fixant son fils qui n'en mène pas large.Je sais qu'il va se venger d'une manière ou d'une autre mais en attendant c'est jouissif.
-Bon, je ferais mieux de partir. Courage fuyons.
J'embrasse tout le monde et me prends une petite tape sur la tête de la part de Cam.
VOUS LISEZ
L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)
Roman d'amourCe troisième tome peut se lire indépendamment des autres mais des personnages étant récurrents ce serait mieux. Je suis issu d'une famille de la noblesse où tout est basé sur les apparences, les conventions. Je ne choisis pas mon destin, tout est dé...