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J'ai emprunté la salle de bain de Ramón de bonne heure. Le pauvre je l'ai sorti du lit. Il a eu la gentillesse de me préparer un café pendant que je prenais ma douche.

Assit face à moi, une tasse de café devant lui il m'observe du coin de l'œil. Il est embarrassé. Comment on a pu en arriver là. Ou plutôt moi, puisque ce problème vient uniquement de moi. Je mets tout le monde mal à l'aise et je ne fais rien pour que ça change.

-Merci Ramón. Euh si on me cherche...

-Oui je ne t'ai pas vu, c'est ça ? J'approuve d'un hochement de tête. Et tu fais quoi des gens qui s'inquiètent pour toi ? Je hausse les épaules, me lève et quitte l'appartement.

Je rejoins mon lieu de rendez-vous à pied. Ça va me prendre un peu de temps mais j'ai besoin de m'aérer la tête et surtout de réfléchir à la suite des événements. Si ça se trouve je m'apprête à faire la plus grosse connerie de ma vie. Réflexion faite, la plus grosse erreur de ma vie je l'ai déjà faire, celle qui me coûte ma joie de vivre, celle qui fait qu'une douleur indicible a élu domicile dans mon corps dans mon cœur. Cette douleur qui ne s'amenuise pas, au contraire je l'entretiens. Je ne veux pas oublier Orlane, ce que j'ai vécu avec elle.

On m'installe dans un salon privé de l'hôtel. Comme au casino, je vais jeter les dés de mon destin, les jeux sont faits. Je gagne ou je perds. Je suis tendu, très. Je me passe les mains vigoureusement sur le visage. Allez c'est parti.

-Monsieur Enguerand de Caron la Carrière, nous sommes surpris, mais plus que ravis que vous nous ayez contactés pour votre toute première interview.

-Première et unique. Je n'en ferai pas d'autres.

-Celle-ci doit être particulièrement importante alors. Nous sommes toutes ouïes et pressés de connaître l'objet de l'article que vous souhaitez faire publier.

-C'est très simple. Je viens vous parler de moi. De ma vie.

Déjà plus de deux heures sont passées. En toute franchise je n'ai pas vu le temps défiler, entre mes confidences, les questions des deux journalistes de magazines peoples que j'ai sélectionnés parce que ce sont les plus lus. Je me suis livré à de parfaits inconnus et demain ma vie s'étalera au vu et au su de tous.

Nous en sommes à la fin de notre entretien et les journalistes s'apprêtent à s'en aller que la porte s'ouvre avec fracas. Le Baron fait son entrée, le regard fou ! Comment a-t-il su ? Il a des antennes partout, quelqu'un l'aura certainement prévenu de ma présence ici en compagnie de journalistes.

-Sortez ! Hurle-t-il à l'intention de ceux-ci.

-Nous sommes là sur invitation. Vous n'avez rien à exiger de notre part, la seule personne qui peut nous demander de partir est assise en face de nous, lui répond insolemment un journaliste.

-Vous sortez, je dois impérativement parler à mon fils. C'est une personne vulnérable, ne le voyez-vous pas ? Je dois le protéger des ramasses merdes comme vous.

L'un des journalistes m'informe qu'ils viendront récupérer leurs affaires après que mon père et moi ayons discuté.
Une fois seuls, j'attends. Après un bref instant, le Baron passe à l'attaque

-Que leur avez-vous dit ? Si toute cette comédie est pour me nuire, n'y songez pas un instant. Vous perdez d'avance. Vous allez rencontrer un médecin expert dans les prochains jours. Il confirmera que vous êtes fragile et vulnérable et que vous n'avez pas toutes vos facultés intellectuelles. Vous serez mis sous ma protection et si un article venait à paraître une plainte serait portée à l'encontre des journaux. Ils seraient poursuivis pour avoir abusez de la crédulité d'une personne déficiente. Je compte sur vous pour le leur signifier.

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant