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Orlane a emménagé avec moi le week-end suivant ma sortie d'hôpital. Ses colocs et nos potes l'ont aidée à apporter ses affaires. Je n'avais pas les forces suffisantes pour porter quoique ce soit. Elle avait raison, je m'entends super bien avec Baptiste.

En deux mois j'ai récupéré mon poids de forme et retrouvé mon allant. Pendant ce laps de temps Orlane était aux petits soins pour moi. Déformation professionnelle me disait-elle. Aujourd'hui je vais formidablement bien et vivre avec ma fiker est facile, évident. Elle est impulsive, je suis calme. Camille nous rabâche que notre couple ressemble à celui de ses parents. C'est plutôt sympa comme comparaison, Françoise et Henri s'aiment comme au premier jour. La première fois que mon meilleur ami nous l'a dit Orlane a tiqué. Elle nous a bien fait rire. Elle nous a demandés si elle parlait autant que Françoise, et comment dire...

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Les anciens employés du Baron ont tous retrouvé du travail. Certains membres du club les ont embauchés après qu'ils aient su le traitement que le Baron leur infligeait. Aucun respect, des heures à n'en plus finir non payées il va s'en dire.
Le Baron a disparu des radars, plus personne ne souhaitant le fréquenter. Il a un temps été harcelé par les journalistes en recherche de scoop. Il n'a jamais donné suite. Aujourd'hui il est seul dans son château.
Harry lui était à quelques mois de la retraite. Après quelques semaines de repos, il a demandé à me rencontrer. Je l'ai invité à venir chez moi. Il a beau être en fin de carrière, il souhaite se rendre utile et me demande s'il peut m'aider d'une manière quelconque dans mon projet. Comme il me prend de court, je n'ai pas d'idée mais je vais réfléchir à une tâche à lui proposer tout en lui indiquant que pour l'instant nous envisageons seulement quelques salariés, nous ne serions pas en capacité de rémunérer tout le monde. Il m'a rassuré, il veut faire du bénévolat ni plus ni moins. Il m'avoue qu'il était très bien payé par le Baron. Je suis incrédule et devant mon air stupéfait il croit bon de me préciser qu'étant tout le temps auprès du Baron, que ce soit au château ou à l'extérieur, il avait été le témoin de beaucoup de choses, « de petits arrangements entre amis » et que c'était une manière d'acheter son silence. D'ailleurs son contrat de travail stipulait qu'il avait une obligation de confidentialité.

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-Orlane, ce n'est pas le moment. On ne peut pas être en retard alors que c'est nous qui organisons cette soirée.

-Tu diras que tu as eu un imprévu. Les gens seront compréhensifs.

Elle m'embrasse dans le cou, sur la mâchoire, se frotte à moi. Elle aura ma peau. Le pire c'est que je n'arrive pas à lui refuser quoique ce soit, mais ce soir tant pis ce sera une première.

-Non, partons, nous sommes habillés, tu ne comptes pas aller avec une tenue froissée devant tout le monde, si ?

-Pff, ouais pour une fois t'as raison.

Je lève les yeux au ciel, ma fiker est parfois d'une mauvaise foi que ç'en est risible. Mais ce n'est pas le moment de le lui dire. Elle ferait tout pour nous retarder intentionnellement.

L'inauguration va débuter dans une heure. Je suis partagé entre stress et excitation. Camille se tient à mes côtés. Nous sommes dans le hall d'entrée face aux deux lettres entremêlées. B et C.

-Si on m'avait dit qu'on en serait là quand on s'est rencontrés. Camille je ne serai jamais devenu celui que je suis sans toi.

-Oh non non. Ne fais pas ça. Tu vas me faire chialer et là c'est clairement non.

Un bras se pose sur mes épaules et un autre sur les épaules de Camille.

-Les garçons je suis si fier de vous. C'est d'une voix émue que nous parle Henri. Je vous aime tous les deux.

Camille et moi on se retrouve à regarder nos pieds pour éviter de montrer à quel point ces mots nous touchent. J'ai l'impression d'avoir une grosse boule qui grossit dans ma gorge, je me demande si je serais en capacité de faire un petit discours, trop d'émotions tout ça.

Ça y est, c'est le moment. Les bénévoles, les quelques salariés, les premières personnes accueillies et ma bande de potes sont là au milieu des quelques donateurs, bien plus nombreux que je ne le pensais et à mon grand étonnement. Ils font partie de la classe sociale dont le Baron se targuait être. Quelques-uns ont été tellement choqués par ses actions, qu'ils ont souhaité me rencontrer comme pour s'excuser d'avoir été en relation avec lui. Dans nos échanges il s'interrogeait sur mon futur et certains ont tenu à soutenir ce projet.

Je fais un petit discours par politesse mais si je pouvais je partirais en courant. Ce n'est pas mon truc ça mais je ne peux m'y soustraire. Je remercie toutes les personnes qui sont intervenues pour mener à bien ce projet d'ampleur. De faire que ce lieu soir synonyme de renouveau pour ceux qui feront un passage par ici. Et plus que tout je témoigne ma reconnaissance, mon profond respect et mon amour à Françoise Henri et Camille qui m'ont aidés tout au long de ma vie. Ce qui devait arriver arriva, je me trouve submergé par l'émotion. Davantage encore quand on dévoile le nom de ce lieu d'accueil,

Un Nid Pour Tous

Camille me prend dans ses bras et nous restons un long moment à nous étreindre. Il a une si grande place dans ma vie, lui et ses parents. Orlane vient nous dire qu'il est temps que nous portions un toast et que tout le monde se dirige vers le buffet. Je me sépare de Camille pour la prendre dans mes bras et l'embrasser chastement sur la bouche.

La soirée se déroule paisiblement, le stress est bien retombé. Néanmoins je suis assailli par les émotions. J'ai réussi à accomplir un rêve. Pas seul bien entendu, mais Un Nid Pour Tous est en capacité de venir en aide aux gens en difficulté, d'être un tremplin pour leur nouvel envol. Tout se met en place. L'immeuble est immense, nous y avons établi une classe pour enseigner notre langue aux migrants, une garderie pour permettre aux parents d'être disponibles pour aller chercher du travail, des logements pour les familles SDF, des logements pour les gamins jetés à la rue par leurs parents parce que différents.
Au fur et à mesure, selon les demandes, les besoins nous ajusterons. Peut-être sommes nous trop ambitieux ? Peut-être que mélanger toute cette population générera des problèmes. Étapes par étapes nous aviserons, nous nous tromperons et recommencerons autrement.
Et puis j'ai mes amis, ma famille de cœur et Orlane, la femme de ma vie. Plus jamais je ne laisserai quelqu'un interférer dans notre relation. En fait en cet instant je suis pleinement heureux.

Tous les invités sont partis, seule reste la bande. Tous pour un, un pour tous. Ça nous correspond bien.

On s'assoit et nous prenons le temps de discuter entre nous. Orlane est sur mes genoux, tout comme Fauve sur ceux de Jehann. Nous buvons -pas d'alcool pour moi- rigolons. Yannis est en grande discussion avec Vincent et Camille. Adam avec Laura et Capucine.

Amandine est particulièrement silencieuse ce qui n'échappe à aucun d'entre nous. Elle est très pâle aussi, tellement qu'on ne voit plus que ses tâches de rousseurs. Hugo s'inquiète et lui demande

-Amandine, tu ne te sens pas très bien ? Tu veux que je te ramène ?

Elle lève bien la tête et nous regarde tous avec les larmes aux yeux

-Je suis enceinte répond-elle d'une toute petite voix.

QUOI QUI QUAND ??????

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C'est dans une certaine cacophonie que se termine ce tome.
Bientôt, une nouvelle histoire MXM et sans aucun doute de courtes histoires sur Amandine, les foldingues, Hugo...
Je remercie DomiManzocco pour m'avoir soufflée le nom Un Nid Pour Tous et indiquée quand je me trompais entre certains prénoms. 🤪

J'espère que vous serez présents pour la suite de mes aventures.

A bientôt

L'habit ne fait pas le moine (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant