Chapitre 22 - Route nébuleuse

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Vanitas


En reculant je quitte Roland des yeux, laissant ma porte reprendre son rôle de barrière opaque. J'ignore se que cet énergumène veut à Noé, mais il arrive à point nommé. Il me suffit d'ouvrir pour être débarrassé d'une situation extrêmement gênante.

Je n'ose pas me retourner, ayant peurs de croiser le regard du responsable, mais surtout d'être incapable de détacher mon attention de ses lèvres...

Je serre les poings fortement, espérant retrouver un peu de courage. J'essaie de me rappeler toutes les bonnes raisons de sortir cet homme de ma vie en me les répétant en boucle.



Il est bavard et bruyant !
Il ne comprend jamais rien !
Il se met toujours dans des situations impossible à gérer !
Il me mets en danger !
...
Il est en danger...
Mais il s'acharne à rester...
Il ne me laisse jamais tomber...
Il est toujours là...
Toujours...



Raison de plus pour l'éloigner. Il doit partir, non seulement pour ma sécurité, mais aussi pour la sienne.

Allez. Mettre en place mon masque de mépris, dont j'abuse beaucoup trop. Lui lancer une insulte complètement débile du genre "Pédé" et lui dire que son "ami" l'attend dehors. C'est facile. Je n'aurai pas de meilleurs moments. Je dois utiliser son anxiété à mon avantage, sinon il ne me croira pas...

Il ne me croira pas parce que c'est totalement faux.

Comment pourrais-je le penser alors que je rêve de lui sauter dessus depuis si longtemps. Je le réalise maintenant, et ce baiser qu'il m'a offert quelques minutes plus tôt était une véritable torture. Une torture qui a grugée férocement toute ma détermination à le repousser. Si bien que je me retrouve totalement impuissant.

Je me prends une claque en le réalisant. Il est évident que je n'y arriverais pas. J'aurai beau y mettre toute ma volonté, ça ne passera pas cette fois.



Mon masque est définitivement devenu désuet avec lui...



Sans ce masque je ne sais plus comment agir. Je ne supporte pas ce sentiment de faiblesse, cette impression qu'il peut lire en moi comme dans un livre ouvert.



Je dois reprendre le contrôle.



Et si ce n'est pas en le repoussant, ce sera d'une autre façon.

Je me retourne dans un geste rapide, gonflé d'une détermination grandissante. Mes yeux se plante sur ma proie, et j'amorce un mouvement pour m'approcher tout en lui faisant signe de se taire.

Il semble totalement paralysé par la gêne, se qui me fais sourire intérieurement. Son visage déjà bien coloré devient écarlate au moment où je me penche sur lui pour lui chuchoter à l'oreille. Je laisse les mots glisser lentement jusqu'à lui, avec une sonorité hypnotique, content de ressentir son désarroi.

Je recule juste assez pour pouvoir le regarder, et ma main vient le bloquer fermement contre le dossier du canapé au moment où il fait signe de vouloir se lever. Reprenant plus ou moins les mots qu'il avait lui même utilisé avant de m'embrasser, je m'amuse comme un fou.

Au moment de venir m'installer à califourchon sur ses hanches, je considère avoir repris ce contrôle qui me manquais, mais réalise devoir faire bien attention si je veux garder celui me concernant.

Mon refletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant