Chapitre 15 - Sentiments

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Noé





Quelques temps auparavant, j'habitais encore dans la demeure de mon grand-père adoptif. Cette immense maison centenaire, cachée des regards par une montagne encore plus vieille, qui n'abritait néanmoins que cet homme et moi même. La gouvernante faisait tout de même sa petite visite chaque matin, aussi souriante que pendant mon enfance.

Je passais mon temps à vagabonder, passant de la grande bibliothèque à l'écurie où j'aimais me ressourcer en compagnie des chevaux. J'avais pris pour habitude de m'occuper d'eux, réduisant considérablement le temps de travail du palefrenier discret qui venait lui aussi chaque jours.

Nous recevions également la visite de Dominique fréquemment. Elle avait du déménager plus près de la ville pour ses études, mais tenait à venir nous voir au moins une fois par semaine. Elle ramenait toujours un peu de bonne humeur, réchauffant cet espace si vide. Par contre, les conversations de fin de journée ce terminait souvent sur une note bien plus sombre. Les ombres se dessinant sur les murs emmenait avec elles de mauvais souvenirs.

De façon beaucoup plus bienséante, nous recevions une fois par mois le reste de la famille De Sade. Les parents de Domi, ainsi que sa soeur ainée Véroniqua, venaient pour le temps d'un souper. Dans ces moments là tout le monde restait poli évidemment, mais je savais très bien que ces trois là ne m'avait jamais apprécié.

Aujourd'hui, ma routine quotidienne en solitaire avait nettement changée...

Jamais je n'aurais pensé un jour me retrouver à marchander de la drogue dans les rues de Paris. Encore moins avec l'intention de secouer un peu le dealer dans l'idée d'avoir des informations sur son fournisseur. Et que dire de la fréquentation qui m'avait emmené jusque là...

Cet élément perturbateur, et pourtant si précieux à mes yeux. Celui qui m'avait ouvert ces même yeux autant sur l'honnêteté, ironiquement, que sur certains de mes sentiments.

Je ne regrettais pas le moins du monde d'en être arrivé là.

Mais alors que je poursuivais notre cible à toutes jambes, j'eu un mauvais pressentiment. Un regard en arrière me confirma que Vanitas n'y était plus. L'utilité de rattraper ce malfrat passa soudainement au second plan, balayé sans vergogne par le besoin de retrouver mon ami.

Je freinais donc brusquement, puis repartis dans le sens inverse. Il me fallu quelques minutes pour retrouver l'endroit choisit pour notre piège, et dans un moment d'angoisse j'avais appelé Vanitas en criant malgré l'heure tardive.

Mon sang ne fit qu'un tour en arrivant à l'entrée de la ruelle. Vanitas était étendu sur le sol, une grande silhouette penchée sur lui le retenant.

Cette dernière portait un masque affreux, noir avec des cornes et une panoplie de yeux arrondit, lui donnant des airs d'insectes. L'homme se redressa légèrement en m'entendant arriver.

Alors que je m'élançais vers eux, je le vis avec horreur frapper la tête de sa victime contre le pavé avant de prendre la fuite.

Une rage brûlante m'envahit et si j'avais pu mettre la main sur cet mauviette je l'aurais réduit en pièces détachées à coup sûr. Jamais je ne m'étais sentis aussi violent de toute ma vie.

La vision de Vanitas restant immobile, face contre terre, prit néanmoins toute mon attention. La colère laissa place à la peur, mais elle ne disparue pas pour autant. Se logeant discrètement dans un recoin de mes pensées, elle était prête à rejaillir à tout moment...

Mon refletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant