Chapitre 30 - Folie

391 37 48
                                    



Vanitas




Assis sur la chaise froide de la salle d'interrogation, je fais glisser mes mains contre la table pour m'étirer, faisant cliqueter la chaîne de mes menottes contre l'anneau qui les retient.

Le rugissement d'une alarme résonne brièvement au moment où l'unique porte de la salle s'ouvre pour laisser passer un homme. Il s'avance pour venir s'installer en face de moi, laissant tomber un gros dossier sur le meuble qui nous sépare.



-  Je te le dis tout de suite, je ne vais pas y aller par quatre chemin. Parce que je sens que tu n'es pas un débutant dans le domaine. Donc, plus tu réponds honnêtement aux questions, mieux ce sera pour toi, compris ?

-  Je pourrais avoir un verre d'eau avant ? Vous seriez vraiment gentil, je meurs de soif.



Je lui offre un sourire mielleux, cachant du mieux que je peux mon envie de lui rire au nez, mais il ne semble pas dupe.



-  Tu peux cesser immédiatement de me baratiner, tu auras à boire après avoir répondu aux questions.

-  C'est que j'ai vraiment la gorge desséchée... Et il fait plutôt frisquet dans cette chambre, non ?

-  La température est très bien, et ça ne prendra que quelques minutes si tu réponds rapidement. Tu auras ton eau juste après.

-  C'est vrai ? Par contre, il me semble que j'ai droit à un avocat avant de commencer.



Je vois la colère se dessiner instantanément sur son visage. L'espace d'une seconde, je me demande si mon petit jeu ne va pas m'attirer des ennuies, puis je me rappelle que même avec la meilleure volonté du monde, je ne sortirais pas d'ici sans aide extérieur. Cet interrogatoire n'est qu'une mise en scène. Donc autant m'amuser un peu et gagner du temps.



-  Pourquoi ne pas l'avoir demandé quand on te l'a proposé au départ ?

-  Parce que j'ignorais que celui qui m'interrogerait serait aussi agressif. Je veux éviter d'être accusé à tord, vous comprenez ?

-  Bien sûr.. Va falloir attendre dans ce cas.



Il se relève pour quitter la pièce précipitamment, abandonnant le dossier sans surveillance, mais malheureusement hors de porté.



-  J'ai tout mon temps, inspecteur.



Je me retrouve de nouveau seul et j'en profite pour tenter de trouver une position plus confortable pour mes poignets. L'irritation commence à ce faire sentir en dessous des menottes, et même si je sais très bien qu'un avocat me sera inutile, il pourra au moins m'en libérer le temps des questions.

Mes pensées dérives ensuite vers Noé, comme elles n'arrêtent pas de le faire dès que j'en ai l'occasion. L'angoisse me noue la gorge. Si le mouvement n'avait pas été aussi douloureux, j'aurais sans doute porté mes doigts à ma bouche pour en gruger les ongles.

J'ai beau lui faire confiance malgré son étourderie, la peurs qu'il lui arrive quelque chose ne me quitte pas. Je donnerais n'importe quoi pour être avec lui, dehors, au lieu d'attendre ici. Je me sens complètement inutile, assis à me ronger les sang alors que lui se retrouve obligé de régler mes problèmes, seul.

Mon apitoiement est interrompu par le bruit agressant du système d'ouverture de la porte. Cette dernière laisse entrer un jeune homme châtain, une liasse de papier sous le bras, ainsi que l'officier venu plus tôt. Celui-ci récupère ses dossiers resté sur la table, avant de s'adresser à l'autre d'un ton sec.


Mon refletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant