After Chronique 31

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Je prends la route direction Gare du Nord pour récupérer Maya, avec la hâte de tout lui raconter...

Moi : je t'envoie ma position

Maya : j'arrive

On a passé 2 jours de folie à base de resto, sorties, visites... C'était un nouvel an pas comme les autres. Le premier que je « fêtais » depuis le décès de mon père. Jusqu'à là, je n'arrivais plus à fêter quoi que ce soit, j'avais l'impression de le trahir, que je ne pouvais pas profiter sans lui... Mais avec le temps, avec la « rupture » avec la famille, j'allais mieux, j'avais réussi à faire mon deuil.

Avec Khalid, ce petit séjour ensemble m'avait fait prendre conscience de mon potentiel entre guillemet. Je m'étais mise trop de barrières tout ce temps, je prenais trop de précautions pour des choses qui étaient au final futiles, j'avais été éteinte pendant tellement de temps. Je m'en rendais compte à l'époque, mais j'avais l'impression que c'était normal, que la vie que j'avais souhaité tout ce temps était hors d'atteinte, que j'en demandais trop. Younès me disait que j'étais une ingrate, une insatisfaite, mais rencontrer Khalid m'avait montré que ce que je demandais existé.

J'aimais le fait que Khalid soit patient, posé, surprenant, plein d'ambition. J'avais l'impression qu'il me comprenait, qu'il était le héros d'un roman et que j'étais l'âme en peine. Il m'aidait à devenir meilleure, à me reconstruire, sans jamais me pousser, sans jamais me heurter. Il y avait eu ce bisous à la gare, en guise de « tu me plais », et depuis il respectait mes choix, il respectait ma volonté de ne pas réitérer. Ce n'était pas forcément le manque d'envie, j'aurai voulu lui montrer qu'il me plaisait mais j'avais besoin d'être au clair. Je voulais terminer ce que j'avais à clôturer afin de me lancer. Je me sentais déjà assez mal comme ça.

(...)

Quelques semaines plus tard, Younès respectait notre arrangement de ne pas se parler pendant 1 mois, je n'avais aucun sms, aucun appel. Mais tous les 2-3 jours, il mettait des photos sur instagram, un fond noir avec l'heure... 4h du matin... 5h du matin... « insomnie »... Une façon de me montrer qu'il était malheureux, qu'il se rendait malade. Je repensais à la fois où il s'était mit à pleurer au mariage de ma mère. Ça m'énervait. Il envoyait souvent des messages à ma mère, pour lui dire qu'il n'était pas bien, qu'il pleurait, ne mangeait plus... Alors ma mère m'insultait sans relâche. Finalement, c'était pire que lorsque j'étais en contact avec lui.

J'en revenais pas. Je passais pour la méchante. Il déballait notre linge sale à tout le monde. J'avais toujours tout gardé pour moi, je n'avais jamais rien dis, pour mon image et pour la sienne, j'avais toujours pensé à lui malgré sa façon de me traiter, sa façon de me négligé. Et aujourd'hui, alors que je baissais les bras, alors que je découvrais enfin le bonheur, il me le gâchait.

Maman : t'as envoyé un message à Younès ?

Moi : non

Maman : pourquoi ?

Moi : parce que, on a dit on se laissait de l'espace maman

Maman : t'as aucune pitié

Moi : oui j'ai aucune pitié

Maman : y'a vraiment quelque chose qui tourne pas rond chez toi

Moi : oui maman

Maman : espèce de folle

Moi : sors de ma chambre s'il te plait

Maman : et c'est pas la peine d'appeler Maya prends tes distances avec elle je suis sur que c'est elle qui te monte la tête

Moi : je reste avec elle parce que je me sens bien avec elle t'as rien compris c'est tout l'inverse

Maman : c'est pas elle ton mari, y'a quelqu'un d'autre ? T'as rencontré quelqu'un à Manchester ?

Chronique au cœur de mes histoires impossiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant