Anissa - Sublimes Cicatrices (Tome 1)

Cinq heures du matin

~~Samia~~

Il est un peu plus de vingt heures lorsque le repas touche à sa fin.
Papa et Yohann filent s'assoir dans le salon, visionnant un match de foot, tandis que maman, elle, monte dans le bureau, pour son moment quotidien d'intimité avec le Seigneur.

Anissa et moi nous occupons alors de débarrasser la table, et j'y vois l'opportunité de lui présenter mes excuses pour ce qui s'est passé plus tôt.
Pourtant, vingt minutes plus tard et la vaisselle complètement nettoyée, je n'ai toujours rien dit.

Je pense qu'elle doit certainement m'en vouloir, et avec ce qui s'est passé ensuite, je me doute qu'elle m'en veuille encore plus d'avoir osé penser que tante Arlines avait véritablement changé.
Je crois que je vais lui laisser le temps de digérer les derniers événements.

Elle s'essuie les mains, se dirige vers le réfrigérateur et se sert un verre d'eau, alors que je m'apprête à sortir de la kitchenette.

-Sam ? __je m'arrête net__ On peut discuter ?

Une folle envie de lui crier que je n'attends que ça s'empare de moi, mais je me retiens, lui répondant d'un simple hochement de tête.

Nous nous installons autour de l'îlot central.

-Depuis mon arrivée, nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de parler, mais je tiens à m'excuser pour ma réaction de ce matin.

Je fronce les sourcils.
C'est elle qui s'excuse ?

-Tout ce qui m'est arrivé n'est absolument pas de ta faute, __elle baisse les yeux__ mais j'ai très mal pris tout ce que tu as dit et me suis défoulée sur toi de toute ma frustration. Je suis désolée !

-Mais non, __répliqué-je__ c'est plutôt à moi de m'excuser. Je n'aurais pas dû te parler de la sorte et juger ta manière de prendre les choses. Il n'y a que toi pour savoir ce qu'il est préférable de faire, et je ne devrais jamais te faire culpabiliser. Je te demande pardon, Anissa !

Elle sourit.

-Je ne t'en veux pas. D'autant plus que j'habite chez toi, alors j'ai plutôt intérêt à ce que tu m'aies à la bonne.

Je rigole.

-Par contre, j'aimerais que tu comprennes une chose : tout ce que je fais, c'est uniquement pour ton bien. Alors, non, tu ne seras pas toujours d'accord avec mes mots ou mes actes envers toi, mais mon vœu le plus cher est que tu sois heureuse, et tout que j'essaie de faire c'est t'aider à te sortir de ce mauvais pas. Tu n'as pas besoin de te renfermer sur toi-même, d'accord ? __lui pris-je les mains__ Je suis ton amie, et je veux être là pour toi.

Elle me sourit, les larmes aux yeux, avant de se lever de sa chaise et venir me prendre dans ses bras.

-Merci !

          Le lendemain à l'aube, nous sommes réveillés par les grands coups infligés à la porte d'entrée et le bruit incessant de la sonnette.

Encore en pyjama, papa, maman et Yohann descendent en premier, suivis de près par moi.

-Oh ! __rugit Yohann, une fois la porte ouverte__ Ça ne va pas de frapper comme ça de si bonne heure ? On est pas sourds vous savez ?

-Yohann, arrêtes ! __papa le tient par le bras, le forçant à reculer__ Bonjour messieurs, en quoi puis-je vous aider ?

-C'est la police, monsieur !

A l'entente de ces quelques mots, je m'avance et me poste aux côtés de mon père, le cœur battant la chamade.

-Oui, j'ai vu. Par contre, ce que je ne comprends pas c'est ce que vous faites chez moi un Lundi à cinq heures du matin.

-Une plainte a été déposée ce matin contre madame Diane KUNLÉ, pour enlèvement et violence à domicile.

-Pardon ? __je m'écris__

-Ma mère n'a kidnappé personne, __intervient Yohann__ qu'est-ce que vous racontez ?

Maman me prend par le bras et me garde contre elle, pendant que l'officier en face de nous édicte les chefs d'accusation déposés contre elle.

-Les choses ne se sont absolument pas passées comme ça !__rejoint-elle son époux__ Mon Dieu, cette femme est une menteuse compulsive.

-Vous vous expliquerez au commissariat, madame. Pour l'heure, nous avons reçu pour odre de vous emmener.

Apeurée, maman se tourne vers son époux, qui s'empresse de la rassurer :

-Ne stresse pas, d'accord ? __il prend son visage en coupe dans ses mains__ Toi et moi savons que tu n'as rien fait. Alors tu vas les suivre, mais tu n'ouvre pas la bouche tant que je ne suis pas arrivé. Je suis ton avocat Diane, et tu ne parleras qu'en ma présence. __pose-t-il ensuite les yeux sur les officiers de police__ S'ils osent toucher à un seul de tes cheveux, je porterais plainte pour abus de pouvoir.

Ils approchent, lui passent les menottes et l'emmènent, alors que papa court déjà en direction de sa chambre.
En ce qui me concerne, je restée postée là, debout dans l'embrasure de la porte, les yeux rivés sur la voiture de police qui embarque ma mère.

-Hey, __Yohann me prend dans ses bras__ maman n'a rien fait, et on va le prouver, ok ?

-Elle a osé porter plainte, Yohann. __des perles salées roulent sur mes joues__  Après tout ce qu'elle a fait à Anissa, elle a osé porter plainte, comme si c'était elle la victime.

-C'est comme ça que le monde fonctionne, Sam. __ancre-t-il son regard dans le mien__ Mais papa ne va pas laisser faire ça, ok ? Pour l'instant, maman a besoin de nous. Alors monte et prépare toi !

Je hoche la tête, sèche mes larmes et monte les escaliers, deux à deux.
Mais alors que je m'apprête à pénétrer dans le couloir menant à ma chambre, une voix m'interpelle.

-Sam, __Anissa sort de sa chambre, encore un peu endormie__ qu'est-ce qui se passe ? J'ai entendu du bruit.

-Tante Arlines a porté plainte contre maman.