Anissa - Sublimes Cicatrices (Tome 1)

Destination inconnue

~~Anissa~~

A notre retour à la maison, tante Diane, Yohann et moi nous somme occupés du déjeuner pendant que Samia rattrapait quelques cours.
Tonton Maurice, lui, s'en était allé vers ce qui me semblait être une partie de golf avec Dieu Sait Qui.

Les rires et blaguent fusaient dans la cuisine, Yohann et sa mère se disputaient et Dieu sait combien de fois j'ai cru m'étouffer en écoutant les âneries de ce premier.

Aux environs de quatorze heures et après le repas, je décide de monter dans ma chambre et entreprends de faire mes devoirs pour demain.
Mais alors que j'étais assise dans le lit à écouter du soaking, le nez plongé dans mes cahiers, quelqu'un frappe à la porte avant que celle-ci ne s'ouvre, légèrement.

-Je peux entrer ? __Yohann passe sa tête dans l'entrebaillement__

-La partie la plus importante de ton corps est déjà à l'intérieur, alors laisse le reste suivre !

Il pouffe de rire et pénètre dans la pièce, avant de fermer la porte derrière lui.
Je reporte donc mon attention sur mes exercices, ne remarquant que plus tard que mon interlocuteur n'a pas bougé d'un iota.

-Tu te joue les plantes vertes ou quoi ?

Il se gratte la tête, l'air nerveux, avant de dévoiler sa main droite - jusqu'ici cachée dans son dos, tenant fermement un magnifique bouquet de fleurs.

-Je voulais te le donner ce matin mais, le livreur a pris son temps. __il s'approche__ Joyeux anniversaire !

Je le regarde, lui, puis le bouquet, puis lui, totalement surprise.

-Il... __je me lève et m'approche à mon tour de lui__ Il est pour moi ?

-Non, c'est pour le pape !

Sa réplique m'arrache un rictus tandis qu'il me donne une tape derrière la tête.
J'en fais abstraction et saisis le bouquet avant de humer la délicieuse odeur de ces tulipes blanches.

-Comment as-tu su que ce sont mes fleurs préférées ? __lui sourié-je__

-Disons que j'ai discuté avec une petite souris qui te connait très bien ! Elles te plaisent ?

Je hoche vigoureusement la tête et l'étreins, comme pour le remercier. Il ne se fait pas prier et m'entoure de ses bras, laissant à la chaleur de son corps le loisir de se propager dans le mien.
Je ferme donc les yeux, profitant au maximum de ce câlin.

Nous finissons cependant par nous lâcher et, alors que je me dirige vers la sortie - espérant trouver quelque part dans cette maison un vase de libre où mettre mon cadeau, Yohann me rattrape.

-Attends, attends ! __il me prend les fleurs des mains__ Je vais moi-même aller chercher un vase pour toi, et je vais te le monter. Pendant ce temps, j'aimerais que tu te prépare, parce qu'on va sortir.

-Et où est-ce qu'on va ? __croisé-je les bras en desous de ma poitrine, le sourcil arqué__

-Si je te le disais, ce ne serait plus une surprise.

Je le considère le temps de quelques secondes, mais finis par abdiquer.
Il claque la porte et s'en va, pendant que je me dirige vers mon armoire, à la recherche d'une tenue adéquate.

Il ne me faut pas plus de cinq minutes pour porter mon choix sur une combi-pantalon en jeans - offerte par tante Diane, que j'assemble avec une simple paire de sandales argentées.
Je remets de l'ordre dans ma coiffure et m'asperge d'un peu de parfum, avant de descendre et rejoindre Yohann dans le salon.

-Yohann je te connais, tu es quelqu'un de désinvolte. __la maman de Samia, qui est dos à moi, indexe son fils__ Je te le demande, sois prudent. Je te confie Anissa pour la journée, mais fais attention à elle, s'il te plaît !

-Maman... __il souffle__Tu dramatise, franchement. Je te l'ai déjà dit, on rentre avant vingt heures, cesse de t'inquiéter.

A peine a-t-il terminé sa phrase que son regard se porte sur moi.
Le temps d'un court instant, il me fixe, avant de se reprendre et poursuive la discussion avec sa mère.
Je m'approche d'eux.

Elle nous donne les dernières consignes, tend les clés de voiture à son fils et me prend dans ses bras avant de chuchoter :

-S'il se passe quoi que ce soit, tu m'appelle !

J'acquiesce, lui adresse un sourire qui se veut rassurant et suis Yohann à l'extérieur.

          Après près d'une heure de route qui s'est déroulée dans un quasi silence, mon compagnon de route prend un virage un peu bizarre, et s'arrête près d'une sorte de pente.
Puis, il se gare, coupe le contact et se tourne vers moi.

-D'ici il nous reste environ vingt minutes de marche, avant d'arriver à destination. Tu verras, ce n'est pas très loin.

-J'aurais dû mettre autre chose que ces chaussures alors ! __songé-je__

Il baisse le regard et fixe mes pieds, avant de me sourire :

-Je te porterais sur mon dos si tu es fatiguée !

Je glousse, décline sa proposition et sors de l'habitacle.
Il me rejoint tout de suite après et me prend la main, très fermement.
A son contact, mon cœur s'emballe et mes mains deviennent moites. Je le fixe un instant, me demandant sérieusement ce qui est en train de se passer.

Comme promis, après plus d'une quinzaine de minutes de marche à travers un petit chemin assez incliné - sur lequel j'ai plusieurs fois failli trébucher, nous arrivons au sommet d'une petite colline, depuis laquelle nous pouvons apercevoir la moitié de la ville.

Le spectacle est envoûtant.
Il est bientôt dix-sept heures, le soleil est en train de se coucher et une légère brise vient agrémenter le tout.

-C'est magnifique ! __pensé-je à voix haute__

-Je savais que ça te plairait.

Je ne me donne même pas la peine de lui adresser un regard, bien trop captivée par cette vue imprenable.
Je m'installe sur un petit rocher et admire en silence ce superbe endroit, dont j'ignorais jusqu'ici l'existence.

-Je sais que la journée de demain va être très dure à vivre pour toi. __il s'assoit à mes côtés__ Tu vas devoir affronter ta belle-mère et tous ces vieux démons...

Je baisse les yeux, triture mes doigts et me mord l'intérieur de la lèvre avant de murmurer :

-J'ai peur !

-Je sais ! __il prend mes mains dans les siennes__ Je serais tétanisé à ta place. Et je ne pense pas que moi j'aurais eu le courage de tenir bon aussi longtemps. Tu es tellement vaillante et forte, Anissa.

Je sèche une larme qui glisse le long de ma joue.

-Regarde moi !

Je me donne quelques secondes afin de me calmer, et m'exécute.

-Tu vas y arriver, ok ? __il pose sa paume contre ma joue__ Rappelle-toi que rien n'est impossible à celui qui croit. Et tu auras beau me dire le contraire, je suis convaincu que tu n'as perdu ta foi. Disons simplement que tu l'as bien cachée.

Je lâche un rictus et hoche la tête, avant de rediriger mon regard vers l'énorme sphère jaune qui rentre chez elle.

-Et je voulais aussi te parler d'un truc.

Je me tourne alors complètement vers lui, de sorte à lui faire face, et l'incite à se lancer.

-Euh... __il se gratte de nouveau la nuque__ Je me doute bien que ce n'est pas forcément le moment. Tu as certainement d'autres choses plus importantes à penser. Et peut-être que je suis en train de commette la pire erreur de ma vie. Mais je sens que si je ne te le dis pas maintenant, jamais plus je n'en aurais le courage.

-Vas-y alors, je t'écoute !

Il prend une longue inspiration, détourne le regard et parle dans sa barbe, avant de lâcher d'une traite :

-Je suis amoureux de toi !