Anissa - Sublimes Cicatrices (Tome 1)

Début de journée

~~Anissa~~

Le jour s'est levé sur Daossi.
Le ciel est d'un bleu éclatant, les oiseaux chantent.
A cette heure, il est facile de se leurrer au sujet de l'ambiance qui siège dans cette ville.
Tout est si calme...

Presque aussi petite qu'un village, ici tout le monde connaît tout le monde. Et c'est ce qui avait plu à maman : cette convivialité et fraternité qui caractérisait les habitants. 
Face à son insistance pour que nous venions habiter ici, papa n'avait pu protesté. D'ailleurs, ce n'est pas comme s'il en avait envie : il aimait tant son épouse qu'il l'aurait suivie jusqu'au bout du monde s'il le fallait.

Si seulement il avait su...

Un sourire triste vient étirer mes lèvres lorsque je repense à elle, à cette femme qui m'a donnée la vie : si belle et svelte, les yeux d'un noir troublant et une voix aussi douce que le flot de la mer.
Maman était une femme très habile, jonglant à la perfection entre son poste d'infirmière et sa famille.
Nous étions si proches et complices...

Parfois, je me demande ce qu'elle aurait pensé de moi. Si elle était encore là aujourd'hui, que m'aurait-elle dit en voyant le monstre que je suis devenue ?
Elle aurait certainement eu honte de moi...
Mais je me plais à penser qu'elle aurait continué d'être fière de moi ; elle m'aurait encouragé, répété que je suis sa fille et que grâce à elle et aux gênes qu'elle m'a transmis, je suis et resterais sans nul doute quelqu'un de génial. Oui, elle aurait certainement continué de m'encourager. Et ça m'aurait fait un bien fou. La regarder dans les yeux et réaliser que rien n'avait changé, que j'étais et suis toujours Anissa LEBOMA, le plus beau cadeau que Dieu lui ai offert, malgré sa prétendue stérilité.

Dieu...
Mine de rien, je m'en suis sacrément éloignée.
Peut-être par culpabilité ou par peur d'être rejetée, mais le fait est que cela aurait sûrement été la seule chose qui aurait mécontenté maman.

Doucement, la porte de ma chambre grince, alors que Tante Arlines passe sa tête dans l'entrebaillement.

-Bonjour ! __murmure-t-elle, hésitante__

Je me redresse, bien que difficilement, et affiche un sourire furtif.

-Bonjour Tata !

Elle sourit à son tour et entre, la trousse de secours dans les mains.

-Comment vas-tu ? __elle s'installe près de moi sur le lit__ Tu as bien dormi ?

-Aussi bien que possible !

-D'accord ! Euh... J'ai entendu le médecin dire qu'il fallait changer ton pansement et nettoyer ta plaie tous les deux jours, alors je suis là pour ça.

Je fronce les sourcils et la dévisage avant de lâcher :

-Je peux le faire toute seule, ne te dérange pas pour moi !

La lumière dans ses yeux semble s'éteindre. Elle détourne le regard, soupire et hoche la tête, avant de se lever et marcher vers la sortie.

-Le petit-déjeuner sera bientôt prêt. __elle se retourne__ Tu... n'es pas obligée mais... j'aimerais que tu vienne le prendre avec nous.