~~Anissa~~
Trop souvent, j'ai été spectatrice de ces films et séries dans lesquelles les méchants arrivaient à s'en sortir sans trop de dommages.
Ces séries dans lesquelles les belles personnes se contentaient de savoir qui elles étaient, laissant aux méchantes le luxe de se pavaner en se croyant meilleur que qui que ce soit.
Et ça m'a toujours exaspéré.Pourquoi les personnes au bon cœur devraient-elles s'arrêter au fait que leur entourage et Dieu les approuve ? Pourquoi les personnes gentilles se laissaient-elles toujours piétiner par les brutes qui leur faisaient face ?
C'est injuste.C'est injuste, et je crains que cette scène se produise, encore.
Jamais je n'aurais pensé que Tata Arlines en arriverait à cet extrême.
Je savais qu'elle ne laisserait pas tomber aussi facilement, mais je pensais plus à un scandale devant le domicile des KUNLÉ, du tapage nocturne, des menaces ou peut-être même de la violence ; mais sûrement pas à ça.
Comment ose-t-elle ?Cette famille a jusqu'ici été ma seule source de réconfort.
Tante Diane m'a défendu comme jamais personne ne l'avait fait après la mort de mes parents. Tonton Maurice m'a accueilli chez lui et pris sous son aile, en se foutant complètement que je sois sa fille ou non ; il a été d'un soutien sans faille pendant mon hospitalisation et a payé tous mes frais de traitement.
Samia, ma chère Samia, a tant fait pour moi qu'il me serait impossible de les énumérer ; elle a été cette sœur que j'ai tant rêvé d'avoir, cette compagne de route, cette épaule sur laquelle je pouvais me reposer, cette meilleure amie qui, au fond, m'a toujours porté dans son cœur.Et je m'en veux de leur faire vivre ça.
Samia a toujours été très attachée à sa mère.
Toujours collée à elle et contant ses mérites et qualités de mère de famille, je me suis très souvent surprise à l'admirer et souhaiter être comme elle, plus tard.
Alors je ne peux qu'imaginer à quel point elle se sent mal, sachant sa mère dans cette situation inextricable.-Hey ! __une main se pose sur mon épaule. Yohann apparaît face à moi et s'accroupit__ Qu'est-ce que tu fais toute seule ici ?
D'une main douce et rassurante, il sèche mes larmes, me fixant de ses grands yeux noirs.
-Je... __me redressé-je, cherchant le moyen de m'enfuir, gênée qu'il m'ait surprise à pleurnicher__ Je... Je ne sais pas... Je suis désolée !
Je hâte le pas et tente de le contourner mais il me saisit d'une main ferme, bien décidé à ne pas me laisser partir.
-Pourquoi tu panique ? Ce n'est que moi Ani... Qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien, je... Je dois y aller ! Encore désolée.
-Mais pourquoi t'excuses-tu comme ça ? __il prend mon visage en coupe dans ses mains, me forçant à garder les yeux rivés sur lui__
A bout de forces, je laisse mes yeux s'embuer et baisse le regard, tentant de prononcer de manière audible :
-Je suis désolée, je ne vous apporte que des problèmes. __à la fin de ma phrase, il m'entoure de ses bras et me serre fort contre lui__ Je n'aurais jamais dû venir ici, je détruis tout ce que je touche.
-Arrête. __il chuchote__ Ne dis pas n'importe quoi. Ce n'est pas de ta faute.
-Mais si, __éclaté-je en sanglots, usant de toute mon énergie pour me détacher de lui. Il ne résiste pas.__ tu ne vois pas ? Tu ne vois pas que tout ça ne serait pas arrivé si je n'étais pas venue ? Si j'avais gardé mes problèmes pour moi, tante Diane serait là, avec vous.
-Mais si tu avais fait ça, tu serais sûrement morte à l'heure qu'il est, ressaisis-toi Anissa ! __il me tient fermement par les épaules__
Encore sonnée par la force de sa voix, je cligne plusieurs fois des yeux, alors qu'il poursuit sur le même ton :
-Toi, tu ne vois pas qu'ici il n'y a qu'une seule responsable ? Tu ne vois pas que c'est à cause de ta belle-mère que nous en sommes là ? Arrête de te blâmer pour toutes les merdes qui arrivent au monde, bon sang ! Tu.N'es.Pas.Responsable. Et maman va vite revenir à la maison, alors calme toi !
Ses mots parviennent à me rassurer, alors qu'il me reprend dans ses bras, posant ses lèvres contre mon front.
-Ce n'est pas de ta faute ! __il répète__ Tu n'es responsable de rien. La victime ici c'est toi, toi, et toi seule.
Je m'accroche à lui de toutes mes forces, pleurant toutes les larmes de mon corps.
C'est tout Yohann, ça.
Cette facilité à me parler et me convaincre de choses incroyables, ce côté rassurant et protecteur, et ces mots si tendres et sages.
Même après toutes ces années, rien n'a changé. Il est toujours le même.Tout doucement, il s'éloigne de moi et pose sa main droite sur ma joue. Je ferme les yeux et profite de la chaleur de sa paume contre ma peau, rugueuse et froide.
-Nous on va y aller, puis rentrer, avec maman ! __dit-il, une fois mon attention reportée sur lui__ Toi, tu vas rester bien sagement ici, fermer la porte derrière nous, n'ouvrir à personne et sous aucun prétexte, et me cuisiner ce bouillon de poisson dont tu te vantais tant hier soir. Tu n'as pas intérêt à me décevoir.
Je lâche un rictus et hoche la tête, pendant qu'à l'aide de ses pouces, il évince les quelques larmes encore présentes sur mon visage.
-Merci !
Il sourit.
-C'est gratuit ! __me fait-il un clin d'œil__
Ses yeux restent cependant fixés sur moi, tandis que les miens non plus, ne parviennent à se détourner de lui.
-Tu es très belle quand tu souris. Tu devrais le faire plus souvent !
J'étais sur le point de lui répondre que je n'en croyais pas un traître mot, lorsque Samia fit irruption dans le couloir, habillée d'un t-shirt blanc rentré dans jeans slim bleu clair, une veste bomber en pagne posé sur sa petite sacoche.
-Je suis prête. __elle s'avance vers nous, menant un hardent combat contre la fermeture de son sac__ On y va ?
Yohann et moi nous eloignons l'un de l'autre, ne remarquant que maintenant le peu de distance qu'il y avait entre nous.
-Ouais ! __répond son frère, avec un soupçon de nonchalance__
Elle lève enfin les yeux vers moi et m'adresse un large sourire, avant de venir me prendre les mains.
-Tu n'as pas à avoir peur, ok ? Le Seigneur est là, avec nous, et il sait ce qu'il fait. Ne promène pas de regards inquiets car notre Dieu nous soutient de sa droite triomphante.
Je lui rends son sourire puis répond chaleureusement à son étreinte.
Ils descendent ensemble les escaliers, suivis par moi.
Yohann me donne quelques autres recommandations puis m'embrasse la joue, avant de monter dans une de leur voiture et rouler à toute allure vers la grande avenue.
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Anissa - Sublimes Cicatrices (Tome 1)
AcakTrois ans. Voilà désormais trois années que mes pieds n'ont pas foulé le sol de cette ville. Trois ans que je n'ai pas revu ce ciel, ces immeubles, ces routes, ces personnes, ce quartier. Daossi a toujours beaucoup compté à mes yeux, car elle a ét...