Némésis

Chapitre 8-1

Finalement, ce sont ses cauchemars qui ont sauvés Thomas. En effet, ses rêves qui ne l'attaquaient plus que lorsqu'il dormait l'empêchaient complètement de s'assoupir plus d'une demi-heure. Grâce à cela, il était réveillé lorsque Newton se redressa vivement, le dos rond et les lèvres retroussées. Il s'empressa de réveiller son ami profondément endormi. 

   - Jeff, chuchota-t-il le plus fortement possible, Jeff, il y a un loup juste là bas. 

L'animal gris se tenait à la lisière de la forêt, les yeux brillants. Il était immobile mais tout dans son attitude semblait signaler une attaque prochaine. 

   - Qu'est ce qu'il fout là ? C'est pas en voie d'extinction ces bêtes ? S'exclama-t-il sur le même ton.

   - Bien sûr que non mais... Il ne devrait pas être si loin des montagnes. Il a du les quitter car il n'y avait plus personne pour l'en empêcher. 

   - Thomas, ça ne chasse pas en meute un loup ? 

Les jeunes adultes échangèrent un regard empli d'horreur. 

   - Par l'autoroute ? Demanda Thomas. 

   - On n'ira pas plus vite qu'eux s'ils nous suivent. Il faut partir tant qu'il n'y en a qu'un. Si ce n'est pas le cas... Il faudra faire plus de bruits qu'eux. Apparemment ça marche pour les ours. Ce n'est pas la même chose, mais ce sera toujours mieux que rien. 

   - D'accord, tu prends les sacs et moi Lizzie. 

D'un accord tacite, ils se précipitèrent chacun de leur côté, attrapèrent leur paquetage et partirent en courant et en hurlant sur la grande bande d'asphalte. Dès que Newton eut tourné les talons, le loup poussa un hurlement qui donna à Thomas la force de courir deux fois plus vite. Jeff cria lorsqu'il se retourna et qu'il vit une quinzaine d'autres canins sortir de la forêt en galopant à leurs trousses. 

Du coin de l'oeil, Thomas avisa une voiture au coffre ouvert sur la bande d'arrêt d'urgence. Il cria en la pointant du doigt pour que Jefferson se dirige aussi vers elle. Les deux bifurquèrent dix mètres avant le véhicule, Thomas jeta Lizzie dans le coffre sans ménagement, avant de l'enjamber pour passer sur la banquette arrière. Il ne s'autorisa à se calmer seulement lorsque son ami eut fermé le coffre sur eux, mais c'est à ce moment qu'il vit un pelage clair à la fenêtre, trop clair pour être celui d'un loup. 

   - Newton ! 

Il ne prit pas le temps de réfléchir, il ouvrit la portière de l'intérieur et attrapa la chienne par le cou lorsqu'elle passa devant. Elle était dedans, mais pas lui. Et les loups étaient là. 

Le premier bondit sur lui, mais il n'eut aucun mal à l'éviter et l'animal se prit la porte ouverte dans la gueule, lui arrachant un couinement de douleur et fermant la porte au passage. Un coup de pied bien placé dévia le second, mais il se redressa bien vite. 

   - THOMAS ! S'écria Jefferson qui venait de rouvrir la portière. 

Thomas se jeta aussitôt dans l'ouverture, mais un des loups profita qu'il lui tournait le dos pour lui mordre violemment au niveau des orteils. En secouant le pied, il parvint à faire reculer l'animal qui garda sa chaussure entre les dents. 

Ils n'étaient pas encore sortis d'affaire, mais au moins étaient-ils en sécurité. Les loups, qui commençaient à se calmer, s'installèrent en cercle autour du véhicule et de leurs proies. Ils n'avaient pas l'air d'avoir envie de partir.

En rationnant leurs quelques boites de conserve et les baies qu'ils avaient cueilli, Thomas estima qu'ils pourraient tenir une petite semaine. Le problème, c'était l'eau. Ils n'en avaient que deux gourdes aux trois quarts pleines. 

La première nuit fut finalement plutôt confortable, Thomas et Jefferson s'étaient installés sur le siège avant, Lizzie était derrière et Newton dans le coffre. La voix dans la tête de Thomas lorsqu'il dormait s'était calmée. Il ne savait pas s'il devait être soulagé de pouvoir dormir à peu près tranquillement, où si cela signifiait que sa soeur perdait des forces. Il préféra mettre cette option plus sur le manque d'eau que sur la maladie. 

Le lendemain, une agréable surprise les attendait lorsque Jefferson glissa une main sous son siège : 

   - Thomas ! J'ai trouvé les clés ! 

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